Chapitre 15 — Le tambour

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Chapitre 1 – L’Attente
Chapitre 2 – Le Retour à la Basse Ville
Chapitre 3 – Ce que dissimule le sol
Chapitre 4 – L’ombre ne meurt jamais
Chapitre 5 – Le feu de La Garde
Chapitre 6 – Trois types biens
Chapitre 7 – Déconstructions
Chapitre 8 — L’envers du décor
Chapitre 9 — Les eaux troubles de Saint-Mandrier
Chapitre 00 – La boutique et la rencontre
Chapitre 10 – Je m’occupe de tout
Chapitre 11 — Derrière le Sourire de Delphine
Chapitre 12 — L’épouse de M. Louis
Chapitre 13 — La chute de Mathieu
Chapitre 14 — Partie remise
Chapitre 15 — Le tambour
Chapitre 16 — Les ombres du matin
Chapitre 17 — De Font-Pré à Saint-Musse
Chapitre 18 — Les rubalises jaunes
Chapitre 19 — La rivière des Amoureux

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Trois mois avaient passé depuis la fuite de Mathieu et la dernière visite du capitaine Oriol. Trois mois pendant lesquels Delphine avait reconstruit, morceau par morceau, ce qu’il restait de sa vie.

Son nouvel appartement, au-dessus du tabac du cours Lafayette, sentait le café chaud et la peinture fraîche. Les murs blancs, presque trop propres, contrastaient avec le chaos intérieur qu’elle avait trimé à remettre en ordre. Sur le miroir de la chambre, des post-it colorés rappelaient ses mantras du matin : Bouge. Respire. Tiens bon.

Ce matin-là, Delphine se tenait devant son reflet.
Le corps qu’elle voyait n’était plus tout à fait le sien. Les heures passées à la salle de sport, la sueur, les courbatures, les entraînements de krav maga… tout cela avait sculpté une autre version d’elle-même. Plus dure. Plus solide. Plus vivante, aussi.

Elle serra les poings, fit mine d’enchaîner un coup direct, un crochet. Le geste était fluide, précis, presque élégant.
Un sourire se dessina sur son visage.

— Tu es une licorne, murmura-t-elle à voix basse.
Puis, plus fort, en fixant son regard dans la glace :
— Tu es belle. Tu es forte. Tu es extraordinaire.

Elle éclata de rire.
— Oui, c’est ça, une licorne. Et le prochain qui s’avise de me mentir, il aura droit à un coup de boule magique. Et le coup de boule d’une licorne… finit en brochette.

Elle attrapa son sac, passa un jean, un blouson en cuir, et s’apprêta à descendre pour remplacer Barbara, qui avait ouvert le tabac tôt ce matin.

Les marches grinçaient sous ses pas, un son familier et rassurant. En bas, le brouhaha du cours Lafayette filtrait à travers la porte d’entrée : les conversations, les moteurs, l’odeur du pain chaud et du tabac froid.

Mademoiselle Rey !

La voix de Monsieur Louis monta de la cage d’escalier.
Delphine s’arrêta net, une main sur la rambarde.

— Oui, Monsieur Louis ?

— Vous avez de la visite, lança-t-il d’un ton étonné. Un jeune marin… en uniforme. Il dit vouloir vous parler.

Un bref silence suivit, juste assez pour que Delphine sente son pouls s’accélérer.
Un marin.
En uniforme.

Elle inspira lentement.
Peut-être un client. Peut-être pas.

faite le monter!

Monsieur Louis leva les yeux au ciel en entendant la requête de Delphine.
— Faire monter le marin ? répéta-t-il, d’un ton traînant où se mêlait l’incrédulité et la lassitude.
Il posa son chiffon sur le comptoir, les doigts encore tachés de nicotine et d’encre.
— Et vous, vous comptez descendre travailler ce matin ou c’est un jour de parade ?

Delphine, déjà accoudée à la rambarde de l’escalier, esquissa un sourire en coin.
— Vous comptez me payer mes heures supplémentaires, Monsieur Louis ?

Il la fixa un instant, le regard mi-amusé, mi-exaspéré, puis souffla longuement par le nez.
— Très bien, marmonna-t-il. Je vous attends pour quatorze heures. Et… je vais faire monter un café à votre visiteur.

Il s’éloigna en grommelant, plus pour lui-même que pour elle :
— Cette fille me fait de plus en plus peur…

Quelques minutes plus tard, c’est Barbara qui monta les deux tasses fumantes. Elle poussa la porte sans un mot et déposa le plateau sur la table basse. Le parfum du café se mêla aussitôt à l’odeur brute du cuir : celle du grand pouf marocain sur lequel Delphine s’était installée, en tailleur, les mains croisées sur ses genoux.

Face à elle, le jeune marin hésitait, droit comme une baïonnette, la casquette à la main. Son uniforme impeccable contrastait avec la chaleur feutrée de la pièce.

Delphine brisa le silence la première :
— Vous venez d’arriver à Toulon. D’où vous n’êtes pas originaire. Vous êtes arrivé par le Charles de Gaulle, pour la cérémonie d’investiture du nouveau général de l’OTAN. Vous jouez du tambour… et vous avez perdu quelque chose.

Le jeune homme resta bouche bée.
— Je… Je m’appelle Cédric Stern, balbutia-t-il. Ce que vous venez de décrire est totalement vrai. C’est le capitaine Oriol qui m’envoie vers vous. J’imagine qu’il vous a débriefée ?

Delphine secoua lentement la tête.
— Je n’ai pas vu Oriol depuis plusieurs mois. Mes déductions sont basées sur… l’observation.

— Mais comment…? s’étonna Stern, sincèrement décontenancé.

Elle posa son regard sur lui, précis comme un scalpel.
— C’est simple. Vous n’êtes pas en civil, ce qui est une priorité pour tout jeune marin en permission. Donc vous n’avez pas de tenue de rechange. La coupe de votre uniforme indique qu’il est porté régulièrement, et les marques sur votre épaule gauche sont celles d’une sangle de tambour. Un instrument rare, réservé aux unités cérémonielles. Or, le seul bâtiment à avoir accueilli un tel événement cette semaine, c’est le Charles de Gaulle, pour la cérémonie du Commandement suprême des forces alliées en Europe.

Elle marqua une pause, avala une gorgée de café, puis planta son regard dans celui du marin.
— Allons directement au fait, Cédric. Qu’avez-vous perdu ?

Stern cligna des yeux, pris entre le trouble et la méfiance.
Il déglutit, puis répondit d’une voix basse, presque honteuse :
— Un objet… que je n’aurais jamais dû avoir.

Delphine haussa légèrement un sourcil.
— Et pourquoi Oriol vous envoie-t-il vers moi ?

Le marin baissa les yeux sur sa tasse.
— Parce qu’il m’a dit que vous saviez… retrouver les choses perdues.

Un silence épais s’installa, seulement troublé par le cliquetis des cuillères dans le plateau.
Delphine pencha la tête, l’observant avec ce mélange d’ironie et de gravité qui lui venait naturellement quand le danger commençait à rôder.

— Très bien, dit-elle enfin. Alors racontez-moi tout, Cédric. Et ne me cachez rien.
Elle posa sa tasse.
— Parce que, si Oriol vous envoie ici… c’est que ce que vous avez perdu ne tient pas seulement dans votre poche.

Le jeune marin hésita avant de parler. Son regard fuyait, oscillant entre la tasse encore fumante et le cuir craquelé du pouf où Delphine s’était installée, immobile, les yeux mi-clos.

— Je ne suis pas seulement musicien, finit-il par dire. Sur le Charles de Gaulle, j’ai aussi une autre fonction. Officiellement, je suis “porte-serviette” du colonel Delmas, celui qui fait le lien entre le ministère des Armées et le commandement de l’OTAN.

Delphine entrouvrit un œil, intriguée.
— Et officieusement ?

— Officieusement, répondit Cédric, c’est moi qui garde certains dossiers de travail quand il voyage. Des documents confidentiels, classifiés “Secret OTAN”. Des projets d’opérations conjointes en Méditerranée… Je ne les consulte pas, je ne les comprends même pas toujours. Je les garde, c’est tout. Dans un étui à tambour spécialement modifié, avec un compartiment intérieur sécurisé.

Il inspira profondément avant d’ajouter, d’une voix plus basse :
— Hier, lors du débarquement à Toulon, un autre tambour a pris par erreur mon étui. Enfin… supposément par erreur.

Delphine ne broncha pas. Elle gardait les yeux clos, les mains jointes sur ses genoux, comme si elle priait.

— D’après mes collègues du bord, poursuivit Cédric, ce type s’appelait Louvet. Il était de la même unité musicale. Ça faisait trois mois qu’il était en mission, et d’après tout le monde, il n’avait qu’une idée en tête : faire la fête en arrivant à Toulon, d’où il est originaire.

Il sortit un carnet froissé de sa poche et lut quelques notes griffonnées.
— J’ai contacté sa famille hier soir. Ils disent l’avoir vu passer en coup de vent, à peine quelques minutes. Apparemment, il avait emporté son tambour pour participer à des bœufs avec des amis musiciens, comme il le fait souvent.

Cédric leva les yeux, le visage tiré.
— J’ai cherché toute la nuit. Ce matin aussi. Mais ses amis habituels ne l’ont pas vu. J’ai peur qu’il soit tombé sur quelqu’un de mal intentionné… et que ces documents ne soient plus entre de bonnes mains.

Le silence retomba. On n’entendait plus que le tic-tac d’une horloge ancienne, quelque part dans la pièce.

Delphine, les paupières encore closes, se balançait légèrement, concentrée.
— Pouvez-vous faire quelque chose pour moi ? demanda enfin Cédric, la voix presque suppliante.

Elle releva lentement la tête, ouvrit les yeux et planta son regard dans celui du jeune marin. Un éclat froid, précis.
— Passez ce soir, à dix-neuf heures douze, dit-elle. Vous aurez votre étui. Et peut-être… les documents.

Cédric resta interdit.
— Mais comment pouvez-vous être sûre…?

Delphine esquissa un sourire énigmatique, celui qu’Oriol commençait à connaître.
— Parce qu’il y a des choses, Cédric, qu’on n’apprend pas dans la Marine.

Elle se leva, prit sa veste, et ouvrit la fenêtre. Le bruit du marché du cours Lafayette monta jusqu’à elle, bruissant de vie et d’agitation.
— Allez vous reposer, dit-elle calmement. Et ne dites à personne que vous êtes venu ici.

Alors qu’il quittait l’appartement, elle ajouta d’une voix plus basse, presque pour elle-même :
— Dix-neuf heures douze… il ne me reste beaucoup de temps.

Barbara était restée dans l’ombre près de la porte, à regarder la scène comme on observe un petit miracle discret. Elle avait l’œil vif, l’habitude des détails inutiles et précieux. Delphine, étonnamment calme pour quelqu’un qui venait de promettre la restitution d’un étui contenant des documents secrets, lui renvoyait un masque de sang-froid qui aurait pu passer pour de l’indifférence si on ne connaissait pas l’histoire.

— Comment tu vas t’y prendre ? demanda Barbara d’une voix basse, presque inquiète.

Delphine haussa les épaules, sans lever les yeux du carnet où elle griffonnait déjà des notes, des noms, des lieux.

— En faisant mon travail, répondit-elle simplement.

Cette phrase pouvait sonner prétentieuse. Chez Delphine, elle n’était qu’un mécanisme : observation, croisement d’informations, décisions rapides. Pas de bravoure, juste une méthode.

Elle se leva, ramassa son sac et, d’un geste presque protecteur, posa la main sur l’épaule de Barbara.

— Rentre chez toi, dit-elle. Retrouve Alex.

Barbara cligna des yeux, surprise par la sollicitude, puis secoua la tête comme pour chasser une question plus intime.

— Tu me remplaces au comptoir ? demanda-t-elle, pratique et directe.

— Évidemment, répondit Delphine. C’est mon travail.

Un sourire bref passa sur le visage de Barbara, qui sembla décider de ne plus creuser la façon dont Delphine opérait. La curiosité avait des limites, surtout quand l’autre partie paraissait déjà occupée à dénouer un nœud que l’on ne voyait pas.

— Et votre projet d’avoir un garçon ? lança Delphine en passant près d’elle, comme pour détendre l’atmosphère. On en est où dans vos essais ?

Barbara se permit un rire, franc, qui allégea la pièce.

— On essaie des positions réputées optimales, dit-elle. On lit, on teste. On s’entraîne, quoi.

— Et ça marche ? demanda Delphine, mi-moqueuse, mi-sérieuse.

— C’est surtout dangereux, répliqua Barbara en faisant mine d’être affligée. Alex est tombé hier soir, quatre fois. Deux fois sur le dos, deux fois sur la face. On a fini par arrêter de faire ça sur le lit — trop glissant — maintenant on pratique par terre, c’est moins risqué.

Delphine éclata d’un petit rire, surpris par l’aveu grivois qui sonnait étrangement domestique. L’image d’Alex, maladroit et tenace, complétait le tableau : un couple qui répare sa vie à force d’espoir et de chutes invraisemblables.

Delphine posa le plateau des cafés sur la table et attrapa son sac.

— Bon, alors je vais voir si le cafetier du coin n’a pas besoin d’un extra, dit-elle en se dirigeant vers la porte. Et toi, fais attention ce soir. Ne prends pas de risques inutiles.

Delphine passa la journée derrière le comptoir du tabac sans lever le nez plus haut que le bruit de la caisse. Les clients se succédaient avec leur lot d’habitudes : les mêmes cigarettes, les mêmes tickets à gratter, les mêmes « merci bonne journée ». Elle servait machinalement, l’esprit ailleurs, les gestes précis comme ceux d’une pianiste qui rejoue une partition qu’elle connaît par cœur.

Les heures glissèrent sans heurt, et avant même qu’elle ne s’en rende compte, l’aiguille de l’horloge murale mordait déjà sur dix-neuf heures.

— Mine de rien, dit M. Louis en remontant ses lunettes, vous avez encore fait des heures en trop, Delphine. Et moi, j’vous préviens, j’ai pas les moyens de vous les payer.

Elle leva la tête, un sourire en coin.
— Ne vous inquiétez pas, M. Louis. On s’arrangera comme d’habitude.

Il grogna, amusé malgré lui, pendant qu’elle raccrochait son tablier et quittait le comptoir.

Lorsqu’elle rentra chez elle, l’odeur du café du matin flottait encore dans la pièce. Celle qu’elle avait partagée avec Cédric. Le souvenir se glissa dans la pièce avant elle, mêlé au parfum du sucre froid et du tabac blond. Delphine ouvrit la fenêtre. Un souffle tiède entra, chargé du sel du port et du bruit assourdi des conversations de terrasse.

Elle enfila une tenue plus souple, un vieux jean et une chemise blanche roulée aux manches. Quand elle passa devant le miroir, elle aperçut son propre reflet — ce mélange de calme et de tension qui précède les moments où tout peut basculer.

On frappa à la porte.

Elle regarda sa montre.
— Dix-neuf heures huit, déjà…

Elle ouvrit.

Cédric se tenait là, toujours en uniforme, la casquette à la main, le visage tendu comme un fil prêt à rompre. Ses yeux cherchaient la réponse avant même qu’elle ne parle.

— Asseyez-vous, ordonna Delphine d’un ton calme, presque doux.

Il s’exécuta aussitôt, raide, comme un soldat devant un supérieur invisible.

— Vous avez les papiers ? demanda-t-il, la voix sèche d’inquiétude.

— Non, répondit-elle. Je vous ai dit dix-neuf heures douze. Il reste trois minutes. Patientez.

Il se figea, crispant ses mains sur ses genoux. Le silence s’installa, rythmé seulement par le tic-tac discret de l’horloge murale. Trois longues minutes suspendues, d’une lenteur presque cérémonielle.

Puis, on frappa à la porte.

Delphine se leva sans un mot, alla ouvrir. Une silhouette resta un instant dans l’ombre du couloir, un bref échange, quelques mots à peine audibles. Quand elle se retourna, elle tenait dans ses mains l’étui de tambour.

Cédric se redressa d’un bond. Son visage se vida de toute couleur, puis retrouva la vie d’un seul coup, comme si l’air venait de lui être rendu.

Delphine posa l’étui sur la table, entre eux.
— Vérifiez.

Il obéit. L’ouvrit avec des gestes tremblants. Le cuir usé, l’odeur du métal, les papiers scellés — tout y était.

Il leva les yeux vers elle, bouleversé.
— Vous… vous m’avez sauvé la vie.

Delphine haussa légèrement les épaules, le regard déjà ailleurs.
— Non, Cédric. Je vous ai juste rendu votre tambour. À vous de jouer maintenant.

Il resta un instant sans voix, les doigts posés sur l’étui, conscient que derrière la simplicité de ses mots se cachait tout autre chose — une force tranquille, un mystère.

Delphine, elle, referma la fenêtre. L’air du soir s’éteignit doucement dans la pièce.

Dix-neuf heures douze. Mission accomplie.

À peine Delphine eut-elle ouvert la porte à Cédric que Barbara fit irruption dans l’appartement, un sourire mi-curieux, mi-intrigué sur le visage.

— Tu l’as retrouvé ? demanda-t-elle sans attendre de préambule.

— Oui, répondit Delphine simplement.

Cédric, déjà prêt à repartir, ajusta son uniforme et lança un dernier regard reconnaissant.
— Merci encore, Delphine. Je vais rentrer, me reposer et continuer à servir notre pays en veillant sur mes affaires.

Elle l’accompagna jusqu’à la porte, échangea une poignée de main ferme et sentit le poids de sa gratitude. Une fois le jeune marin parti, elle remonta à l’étage, où Barbara l’attendait, les bras croisés, visiblement perplexe.

— Mais comment tu as fait sans quitter le Tabac de toute la journée ?

— C’est M. Louis qui me l’a expliqué, répondit Delphine avec un sourire énigmatique. C’est simple. Mais d’abord, prends place. Je te sers un petit verre de rosé ?

Barbara secoua la tête.
— Non, Alex n’apprécierait pas que je remette en cause touts nos efforts, même avec un petit verre.

— Vous avez réessayé ? sourit Delphine.

Barbara acquiesça.
— Oui. Une journée de libre et les filles à l’école, on ne pouvait pas rater ça.

Barbara recentra la discussion.
— Alors, explique !

— C’est simple, dit Delphine en s’asseyant confortablement. Nous sommes en semaine. L’emprunteur du tambour ne pouvait pas se retrouver avec ses amis dans un lieu officiel. Et qui, parmi nos clients de fin de matinée, est habitué à chercher des endroits animés hors des sentiers battus ? Des marginaux et des étudiants sécheurs de cours, ceux qui font la fête en semaine.

— Donc tu as interrogé les clients susceptibles de connaître ces lieux ignorés du commun des fêtards ?

— Exactement. Et c’est un étudiant du conservatoire de musique qui m’a renseignée avec précision. Il avait même remarqué le tambour. À quatorze heures, j’ai chargé un contact d’Oriol d’informer l’emprunteur que je l’attendais avec le tambour en fin de journée. Sans cela, il serait reparti en mission pour cinq mois.

Barbara haussa un sourcil.
— Et pourquoi dix-neuf heures douze ? Comment une telle précision ?

Delphine sourit, son regard pétillant d’astuce.
— Là encore, c’est simple. L’emprunteur était parti en bringue, donc incapable de conduire. Il n’aurait sûrement pas voulu qu’on le voie en compagnie de ses amis de beuverie. Les transports en commun étaient donc l’évidence logique, et le dernier bus partait à dix-neuf heures dix. Ajoute deux minutes pour venir à l’appartement… le compte est bon.

Barbara secoua la tête, impressionnée malgré elle, et laissa échapper un rire mi-amusé, mi-admiratif.
— Toi, Delphine Rey, tu es vraiment quelque chose…

Delphine se leva, ramassa le verre rosé et se tourna vers la fenêtre, laissant le soleil couchant éclairer ses traits. La journée avait été longue, mais le sentiment d’accomplissement lui donnait une énergie nouvelle. Tout semblait enfin en place, pour ce soir et pour les défis à venir.

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Chapitre 4 – L’ombre ne meurt jamais
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