Attaque à Moscou : Soupçons de Torture sur les Suspects – Témoignages et Enjeux

La circulation de vidéos et de photos montrant des suspects aux visages tuméfiés a déclenché des allégations de torture, auxquelles Moscou refuse de répondre. Quelques heures après l’attentat de Moscou ayant causé la mort d’au moins 137 personnes, quatre suspects, originaires pour certains du Tadjikistan, ont comparu devant un tribunal moscovite. Dimanche, deux d’entre eux ont plaidé coupable. Tous sont inculpés de terrorisme et placés en détention provisoire. Cependant, les images de leurs interrogatoires et les vidéos circulant sur les réseaux sociaux ont suscité des soupçons de torture. Zoom sur cette affaire.

Les Images et Vidéos Diffusées : Témoignages de Maltraitance ?

Les visages des suspects, capturés en photo lors de leur comparution, ont rapidement fait le tour du web. L’un d’eux, en chaise roulante, les yeux clos, le torse partiellement dénudé et le visage marqué de traces de sang séché. Un autre arborait un énorme bandage à l’oreille droite, tandis qu’un troisième, visage marqué de nombreuses ecchymoses, portait un sac plastique autour du cou.

Le média russe exilé Meduza a affirmé que les suspects auraient été “torturés lors de leurs interrogatoires”. Le média polonais Visegrad 24 a relayé une photo montrant un homme au sol, avec un générateur électrique relié à ses parties génitales. Par ailleurs, l’AFP a mentionné une vidéo montrant un individu au sol se faisant couper l’oreille, sans que l’authenticité de ce document ne soit confirmée.

France 24 a également partagé des extraits vidéo suggérant l’usage de la torture envers les suspects. Filmés en face caméra, ces derniers ont avoué avoir reçu un demi-million de roubles (environ 5 000 euros) et avoir été contactés via Telegram par un inconnu.

Interrogé sur ces allégations, Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, n’a fait aucun commentaire, se contentant de dire : “Je laisserai cette question sans réponse”.

Analyse des Experts : Un Scepticisme Révélateur

Marie Struthers, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, est catégorique : “Il y a peu de place au doute”. Elle souligne le passé répressif de la Russie en matière de torture et de mauvais traitements, ce qui rend crédibles les allégations actuelles.

Selon Anna Colin Lebedev, chercheuse en sciences politiques, il n’y a “aucun doute” quant à la torture subie par les suspects. Elle rappelle que cette pratique est documentée depuis longtemps par les ONG et les médias.

L’Impact des Images : Instrumentalisation et Intimidation

Anna Colin Lebedev souligne une pratique de plus en plus courante : l’enregistrement vidéo des séances de torture à des fins de rapport. Elle observe une nouveauté : la diffusion de ces vidéos dans l’espace public, une forme de démonstration de force et d’intimidation.

La chercheuse note que ces vidéos ont été diffusées via des chaînes Telegram, laissant supposer une approbation tacite des autorités.

Les Risques pour la Russie : Condamnation Internationale

Marie Struthers rappelle que la torture est totalement interdite selon le droit international. Si des preuves de torture sont avérées, cela constitue un crime. Elle appelle à traduire les responsables en justice, soulignant que la torture ne conduit qu’à la peur et à la suppression de la vérité.

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