SFR : Altice rejette l’offre conjointe, le marché des télécoms reste bloqué


L’offre inédite de rachat de SFR par Bouygues Telecom, Free et Orange a été écartée par Altice. Valorisé à 17 milliards d’euros, le projet visait à réduire le marché français à trois opérateurs majeurs. Ce refus ravive les incertitudes autour de la dette d’Altice et du futur de SFR, au cœur d’un secteur en quête de consolidation.

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Depuis plus d’une décennie, le marché français des télécommunications est marqué par une concurrence féroce. L’arrivée de Free Mobile en 2012 a bouleversé l’équilibre économique du secteur, entraînant une guerre des prix qui a fragilisé les marges et accéléré les fusions. Déjà en 2014, un projet de rapprochement entre SFR et Bouygues avait échoué face aux exigences de Bruxelles. Depuis, les opérateurs cherchent à stabiliser leurs positions sur un marché saturé où la rentabilité reste sous pression.

Mardi 14 octobre, Bouygues Telecom, Free et Orange ont soumis une proposition commune de rachat de SFR à Altice, pour un montant estimé à 17 milliards d’euros. Cette alliance inédite prévoyait une répartition des actifs : 43 % pour Bouygues, 30 % pour Free, 27 % pour Orange. L’objectif : rationaliser les investissements et mettre fin à une fragmentation jugée coûteuse.
Mais Altice France, dirigé par Patrick Drahi, a rejeté l’offre, estimant qu’elle ne répondait pas à ses « attentes stratégiques et financières ». Le groupe a informé ses salariés de son refus, tout en laissant la porte ouverte à d’autres discussions.

Le plan proposé visait à créer un marché à trois opérateurs, plus stable et compétitif. Il prévoyait la redistribution des réseaux, des infrastructures et des bases clients de SFR, tout en garantissant une couverture nationale. Les initiateurs espéraient ainsi mutualiser les coûts de déploiement de la 5G et réduire les investissements redondants.
Pour Altice, toutefois, céder SFR signifierait abandonner une part essentielle de son portefeuille d’actifs, dans un contexte où le groupe s’efforce de réduire sa dette, passée de 24 milliards à 15,5 milliards d’euros depuis 2024.


Enjeux et impacts

Sécurité, emploi, économie locale

Un éventuel démantèlement de SFR poserait la question de la pérennité de plusieurs milliers d’emplois. Les syndicats redoutent une restructuration sociale en cas de fusion.

Concurrence et droit européen

L’opération aurait nécessité l’aval de la Commission européenne, attentive à la préservation d’une concurrence loyale. Un retour à trois opérateurs pourrait être perçu comme un risque de hausse des prix pour les consommateurs.

Bénéfices pour l’intérêt général

À long terme, la consolidation du secteur pourrait pourtant garantir une meilleure qualité de service et accélérer le déploiement de la 5G dans les zones rurales.


Les trois opérateurs proposaient à Altice un accord assorti de garanties financières et de maintien partiel des emplois. En échange, le groupe devait renoncer au contrôle direct de SFR, tout en allégeant son endettement. Cette concession, jugée « trop lourde » par Patrick Drahi, a motivé le refus de l’offre.

L’échec de cette offre ne met pas fin aux discussions. D’autres scénarios restent possibles : cession partielle, introduction en Bourse, ou rapprochement bilatéral. Le gouvernement, qui suit de près le dossier, appelle à « une consolidation ordonnée du secteur, sans pertes sociales ».
Les prochains mois seront décisifs, entre réévaluation stratégique et pression des marchés financiers.

Le refus d’Altice illustre la fragilité structurelle du marché français des télécoms. Si la consolidation semble inévitable, elle se fera au rythme des contraintes financières et politiques. L’avenir de SFR, lui, demeure suspendu entre dette et recomposition industrielle.

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