Samedi 11 octobre 2025, à Antananarivo, un groupe de soldats issus du CAPSAT, une importante base militaire proche de la capitale, a pris une position inattendue en appelant ses pairs à refuser les ordres de tirer sur les manifestants. Ces militaires ont diffusé une vidéo demandant aux forces de sécurité de s’unir aux protestataires, soulignant qu’ils refusent d’être rémunérés pour tirer sur leurs « frères et sœurs ». Cette alliance inédite s’est concrétisée par la présence de soldats rejoignant les cortèges, salués par la foule dans une capitale en plein mouvement de contestation depuis plusieurs semaines.
Depuis fin septembre, les manifestations ont débuté contre les coupures d’eau et d’électricité avant de se transformer en une contestation directe du président Andry Rajoelina. Ce dernier, au pouvoir depuis 2009, a toujours fait face à des tensions récurrentes entre l’armée et la population. Le CAPSAT, qui avait joué un rôle essentiel lors du coup d’État de 2009, a rappelé aux militaires qu’ils font partie de la société, appelant à la désobéissance face aux ordres de répression et à empêcher le décollage des aéronefs à l’aéroport, par crainte d’une militarisation accrue du conflit.
Cette situation rappelle les crises passées où des mutineries militaires avaient précipité des changements de régime. Malgré les appels au calme du nouveau ministre des armées et les dénonciations de violences inutiles par les Nations unies, au moins 22 morts sont déjà recensés dans ce contexte de forte répression. L’appel des soldats à rejoindre les manifestants ouvre une nouvelle phase dans cette crise, accentuant la pression sur le pouvoir en place.
La mobilisation populaire et militaire donne un nouveau souffle à ce mouvement contestataire, qui pourrait marquer un tournant majeur dans l’avenir politique de Madagascar.
