Cet été, une comédie romantique française a su conquérir le cœur du public : Avignon, le premier long-métrage de Johann Dionnet, déjà en passe de devenir culte. À l’occasion du succès du film, nous avons rencontré l’acteur et réalisateur pour revenir sur cette aventure, ses inspirations et ses projets à venir.
Passer du court au long… et préparer la suite
Vous êtes passé du court-métrage Je joue Rodrigue au long-métrage Avignon. Est-ce que ce changement a été un véritable cap à franchir ?
« Les choses se sont faites assez naturellement. Pour être honnête, lorsque j’écrivais le court-métrage, j’avais déjà en tête l’idée d’un long. Mais pour plein de raisons, il valait mieux commencer par un court : d’abord pour rassurer mes producteurs, leur prouver que je pouvais tenir une équipe, mais aussi pour tester l’intérêt du public.
Au début, on pouvait croire qu’un film sur le Festival d’Avignon ne parlerait qu’aux acteurs. Or mon but était de raconter une histoire d’amour, une comédie de troupe avec des thèmes universels.
Après la sortie du court, TF1 Studio m’a demandé si j’avais d’autres projets. Je leur ai proposé d’adapter Je joue Rodrigue en long, en développant certaines idées, et ils m’ont suivi. »
Maintenant que le film a trouvé son public, ressentez-vous une pression pour le deuxième ?
« [Rires] J’ai des idées, mais c’est trop tôt pour en parler. Ce qui est sûr, c’est que mes producteurs me tannent. Je leur ai envoyé un dossier, ils m’ont fait des retours, mais pour l’instant je pars en vacances pour réfléchir et gratter des idées.
J’aimerais rester dans la même veine qu’Avignon, mais j’ai aussi une idée complètement différente… On verra ! »

Une collaboration avec les américains
Votre film a été distribué par Warner France, ce qui est rare pour un premier long-métrage français. Comment cela s’est-il passé ?
« En réalité, je n’ai pas été produit par les Américains : Nolita m’a produit, et c’est Warner France qui a assuré la distribution et le marketing.
Mais c’est vrai que quand le film commence avec le logo Warner, ça fait classe ! [Rires] Vous avez trouvé ça classe aussi ? [Rires] »
Le théâtre, le vrai
Quel est votre souvenir le plus marquant du Festival d’Avignon, comme spectateur ou comme professionnel ?
« Comme spectateur, j’ai vécu des émotions incroyables. Une fois, après un spectacle sur le deuil, je suis sorti et je me suis caché dans un coin pour pleurer pendant vingt minutes tellement c’était fort.
Comme comédien, je me souviens de ma première fois : on jouait à 22h15, on tractait toute la journée, c’était éprouvant mais magique. Je garde aussi un souvenir incroyable de Intra Muros au Théâtre des Béliers, ou les Mémoire de Paul Palandin qu’on a joués deux ans de suite.
Avignon, c’est un endroit où il se passe toujours quelque chose, artistiquement et humainement. On joue, on voit des spectacles, on fait la fête, on parle théâtre, on tombe amoureux… Il fait chaud, on est fatigués, mais on en sort vivant. Ça nous rend vivants. »
Un rôle secondaire… et une vraie troupe
Vous avez choisi un rôle secondaire et laissé le rôle principal à Baptiste Lecaplain. Pourquoi ce choix ?
« Il n’était pas question de faire le film sans les acteurs du court-métrage. Pour garder Elisa Erka, l’actrice principale, il fallait que je cède mon rôle. Comme je voulais absolument qu’elle reste, on a beaucoup réfléchi et puis, en discutant avec Baptiste, je me suis dit : c’est lui Stéphane.
Je l’avais déjà joué, donc j’étais en paix avec ce personnage. Et Baptiste est un super acteur, très pudique, sensible, consciencieux. On ne l’avait jamais vu dans ce registre et je savais qu’il allait être formidable. »

L’humour : une question sérieuse
Le Festival Off est souvent associé à la comédie. Pensez-vous que les humoristes souffrent de préjugés au cinéma et au théâtre ?
« Bien sûr. On a l’impression que la comédie est un sous-genre, parce qu’elle fait rire. Pourtant, faire rire est extrêmement difficile, et c’est un genre très noble.
Les comédies sont rarement récompensées, mais je pense que les choses évoluent. Les artistes aiment de plus en plus naviguer entre comédie et tragédie. Et moi, j’aime les films qui font rire et réfléchir. C’est ce vers quoi j’ai envie d’aller. »
Le cas Alison Wheeler
Alison Wheeler disait dans une interview qu’on propose souvent aux actrices rousses des rôles de “sorcières ou de putes”. Aviez-vous envie de casser ce cliché ?
« [Rires] C’est un cliché facile, mais je ne me suis pas dit : elle est rousse, elle fera la meilleure amie. Ce qui me plaît chez Alison, c’est son côté un peu anglais, son décalage. Je trouvais intéressant de lui donner un rôle très premier degré, sérieux, pour casser les codes et montrer qu’elle peut tout faire. J’espère que ce film lui ouvrira d’autres portes. »

Et si Molière avait vu Avignon…
Vous pensez qu’il aurait ri ou porté plainte ?
« J’espère qu’il aurait aimé… C’est prétentieux de dire ça [Rires] ! Je pense qu’il m’aurait dit d’être plus acerbe avec les gens de la haute. Lui prenait beaucoup de risques, il n’hésitait pas à être provocateur. Il m’aurait conseillé d’aller encore plus loin. »
Avec Avignon, Johann Dionnet signe un premier long-métrage à la fois drôle et sensible, ancré dans l’énergie unique du festival éponyme. Un film qui donne envie d’aimer le théâtre… et la vie. A voir absolument cet été !
A propos du film Avignon :
Disponible dans toutes les salles de cinéma, ou presque !
A propos du cinéma :
Si tu es passionné de cinéma, n’hésite pas à rejoindre le serveur discord français des passionnés du 7ème Art !

J’ai pleuré devant la scène du spectacle raté… Tellement vrai !
Elle est tellement douée que je suis sûr qu’Alison Wheeler a improvisé la totalité de ses répliques.