Manifestations à Taïwan : La Jeunesse Contre les Réformes Antidémocratiques

Des milliers de manifestants à Taipei vendredi contre des réformes controversées.

Des milliers de jeunes Taïwanais descendent de nouveau dans les rues de Taipei ce vendredi. Ils protestent contre des réformes jugées antidémocratiques proposées par les partis d’opposition, le Kuomintang (KMT) et le Parti populaire de Taïwan (PPT). Ces partis cherchent à restreindre les pouvoirs du nouveau président, Lai Ching-te, tout en favorisant une coopération accrue avec la Chine.

Un Mouvement Jeune et Déterminé

Les manifestants, majoritairement des jeunes, se sont déjà rassemblés en masse mardi, bravant une pluie battante. Ils dénoncent l’accélération des projets de loi visant à renforcer les pouvoirs de l’assemblée législative au détriment de l’exécutif. Ces jeunes militants critiquent également le manque de transparence entourant ces réformes.

Selon les projets de réforme, les responsables gouvernementaux pourraient être emprisonnés jusqu’à un an pour outrage à l’assemblée si leurs propos lors d’audiences parlementaires sont jugés dissimulant des faits ou faux. Ils risquent aussi des sanctions pour refus de répondre aux questions ou dissimulation d’informations.

Les jeunes Taïwanais – Copyright : Taiwan Youth Association for Democracy

Une Menace pour la Sécurité Nationale

Les opposants aux réformes craignent une menace pour la sécurité nationale de Taïwan. Ils estiment que ces mesures pourraient obliger les fonctionnaires à divulguer des informations sensibles en matière de diplomatie et de défense. Ces inquiétudes sont partagées par un groupe d’experts internationaux, dont trois Canadiens, qui ont cosigné une lettre dénonçant ces réformes comme potentiellement anticonstitutionnelles. Deux des signataires sont d’anciens responsables de l’Institut des États-Unis à Taïwan, l’équivalent d’une ambassade.

Dans leur déclaration, ces experts soulignent que bien que les réformes soient un processus parlementaire naturel, l’ensemble proposé par les deux partis dépasse les limites des démocraties constitutionnelles. Ils estiment que ces mesures bouleversent l’État de droit et les procédures parlementaires.

Un Défi pour l’Administration Lai

Cette situation complique les débuts de l’administration de Lai Ching-te, récemment assermenté, face aux menaces de Pékin. Selon Mathieu Duchâtel, directeur des études internationales à l’Institut Montaigne, “c’est un des plus grands défis pour le nouveau président et son équipe : travailler avec un parlement taïwanais sans majorité parlementaire et une opposition prête à en découdre sur des sujets fondamentaux.”

Lors des débats à l’assemblée législative mardi, des élus du Parti démocrate progressiste (PDP), le parti du président, portaient un bandeau blanc sur la tête arborant le slogan “la démocratie est morte”. Han Kuo-yu, président de l’assemblée et figure controversée du KMT, a demandé aux élus de voter à main levée plutôt que par un vote officiel enregistré. Ce choix controversé a mobilisé des milliers de manifestants dès 9 h du matin, atteignant environ 30 000 personnes en soirée. Nombre d’entre eux portaient un tournesol, symbole des grands mouvements de manifestation contre le KMT il y a dix ans.

Escalade des Tensions et Violence

Les débats sur les réformes ont dégénéré en violences physiques à l’assemblée législative, avec des bagarres éclatant vendredi dernier et se poursuivant mardi. Ces affrontements ont attiré l’attention sur les réformes et ont envoyé plusieurs élus à l’hôpital. Ces scènes navrantes surviennent alors que près de 700 dignitaires étrangers, dont trois membres d’une délégation parlementaire canadienne, se trouvent à Taïwan pour l’assermentation du président Lai.

Unité et Résistance

Selon Judy Sgro, députée libérale fédérale de Humber River–Black Creek, en Ontario, “il peut y avoir trois partis à l’assemblée, mais il ne doit y avoir qu’une seule mission : protéger Taïwan de la Chine et des autres infiltrateurs. Leur travail ne consiste pas à se battre les uns contre les autres, mais à collaborer au nom du peuple taïwanais.”

Les discussions sur les réformes controversées par les partis d’opposition, majoritaires à l’assemblée législative, doivent reprendre ce vendredi, tandis que la jeunesse taïwanaise continue de faire entendre sa voix dans les rues.

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