Ferdinand Lop : L’Humoriste Éternel et son Programme Loufoque

Les Propositions Fantaisistes d’un Candidat Inoubliable

Ferdinand Lop, humoriste et éternel candidat à la présidentielle, était particulièrement apprécié des étudiants parisiens. Connu pour ses propositions extravagantes, il préconisait l’extinction du paupérisme après 22h, la grossesse à 7 mois, la suppression du wagon de queue du métro et l’installation de Paris à la campagne. Né le 10 octobre 1891 à Marseille, Lop est décédé le 27 octobre 1974 à Saint-Sébastien-de-Morsent. Cet homme aux multiples talents était journaliste, dessinateur, écrivain, poète et philosophe de café, mais il est surtout célèbre pour ses candidatures répétées à l’Académie française et aux élections présidentielles.

La Vie de Ferdinand Lop : De Marseille au Quartier Latin

Ferdinand Samuel Lop, né à Marseille, était le fils de Jules Joseph Lop et de Benjamine Reine Montel. Il avait deux frères, Alfred Myrtil Lop et Georges Nephtali Lop. Lop aurait été, selon une légende flatteuse, agrégé d’histoire et camarade de promotion de Georges Bidault, ministre des Affaires étrangères sous De Gaulle.

Il débuta comme assistant parlementaire et chroniqueur au journal Le Cri du Jour en 1926, mais ses excentricités lui valurent d’être chassé du palais Bourbon. Reconnaissable à sa chevelure rousse, ses lunettes, sa petite moustache, son grand chapeau noir et son nœud papillon, il devint une figure légendaire du Quartier Latin. Son quartier général était la Taverne du Panthéon, où il haranguait les étudiants des années d’avant et d’après-guerre.

La “Lopéothérapie” : Un Programme Électoral Unique

Pendant la Quatrième République (1946-1958), Lop, éternel candidat malchanceux, proposa un programme électoral unique qu’il baptisa “lopéothérapie”. Voici quelques-unes de ses propositions :

  • L’extinction du paupérisme à partir de 22h.
  • La construction d’un pont de 300 mètres de large pour abriter les clochards.
  • Le prolongement de la rade de Brest jusqu’à Montmartre et l’extension du boulevard Saint-Michel jusqu’à la mer.
  • L’installation d’un toboggan place de la Sorbonne pour le délassement des étudiants.
  • La nationalisation des maisons closes pour offrir les avantages de la fonction publique aux prostituées.
  • Le raccourcissement de la grossesse des femmes de neuf à sept mois.
  • L’aménagement de trottoirs roulants pour faciliter le travail des péripatéticiennes.
  • L’octroi d’une pension à la femme du soldat inconnu.
  • L’installation de Paris à la campagne pour que les habitants profitent de l’air pur.
  • La suppression du wagon de queue du métro.

Lop préférait garder les détails vagues de son programme par crainte qu’on ne le lui vole, affirmant qu’il révélerait tout une fois au gouvernement.

L’Influence de Lop et les Réactions à ses Candidatures

Le Quartier Latin se divisait en trois camps : les “Lopistes” ou “Lopettes” (ses partisans), les “Anti-Lop” ou “Antilopes” (ses opposants) et les “Interlopes” (les indécis). Les réunions de Lop se tenaient dans une salle baptisée la “salle Lop”.

François Mitterrand, étudiant à l’École libre des sciences politiques en 1935, fréquentait souvent Lop et le présentait comme “son ministre des Affaires étrangères”. En août 1941, interrogé par Paris-Soir, Lop nia être Juif, affirmant être aryen à 90%.

Après les élections législatives du 21 octobre 1945, Lop parcourut le “Boul Mich” en saluant la foule dans une vieille décapotable. En 1949, une fausse remise de la Légion d’honneur eut lieu devant un millier d’étudiants en liesse. Lop fut également dix-huit fois candidat à l’Académie française, obtenant seulement deux voix en tout.

Les Maximes et Aphorismes de Ferdinand Lop

Lop était également connu pour ses pensées et maximes humoristiques, parmi lesquelles :

  • “À se retirer trop tôt, on n’engendre pas.”
  • “Mes amis, pour faire baisser le prix des produits laitiers, il faut remplacer les vaches par des tôles. Parce que les tôles on-du-lées.”
  • “Ce n’est pas une retraite, c’est une progression vers l’arrière pour raisons stratégiques.”
  • “La politique, c’est une femme que l’on courtise et que l’on aime.”
  • “Les partis politiques sont des champignonnières sur le dos du corps électoral.”

Une Vie de Publications et de Rires

Ferdinand Lop était un auteur prolifique, publiant des ouvrages universitaires sur les colonies françaises dans les années 1920 et 1930, ainsi que des recueils de maximes, de poèmes et des essais historiques et politiques dans les années 1940 et 1950. Parmi ses œuvres, on trouve La Tunisie et ses richesses (1921), L’Indochine : aperçu économique (1923), Les possessions françaises du Pacifique (1933), Pensées et aphorismes (1951) et Vers le régime présidentiel (1965).

Ferdinand Lop est décédé le 29 octobre 1974, dans la misère et l’oubli, laissant derrière lui une carrière marquée par l’humour et l’originalité.

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