Mexique : Le Président révèle le numéro de téléphone d’une journaliste suite à une enquête dérangeante

INTIMIDATION • Les répercussions d’une enquête du “New York Times” reliant l’entourage présidentiel aux narcotrafiquants.

Le président mexicain, Andrés Manuel Lopez Obrador, a suscité la controverse jeudi en prenant publiquement pour cible la liberté de la presse. Suite à une enquête du New York Times mettant en lumière des liens potentiels entre son cercle rapproché et les narcotrafiquants, le chef de l’État a provoqué un tollé en dévoilant le numéro de téléphone d’une journaliste du prestigieux quotidien.

Lors de sa conférence de presse habituelle, diffusée à l’échelle nationale, le président a lu à haute voix les questions soumises par le journal, incluant le numéro de téléphone personnel de la journaliste en question.

Le New York Times réagit vivement à cette intrusion dans la vie privée, dénonçant une “tactique préoccupante et inacceptable” de la part d’un dirigeant mondial. Dans un communiqué, l’Institut national de la transparence, d’accès à l’information et de protection des données personnelles (INAI) a annoncé l’ouverture d’une enquête pour déterminer si cette divulgation constituait une violation de la loi mexicaine sur la protection des données.

Le journal américain souligne le risque encouru par son équipe dans un pays où les menaces contre les journalistes sont en augmentation. Jan-Albert Hootsen, représentant au Mexique du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), a exprimé son inquiétude quant à la sécurité des journalistes opérant dans un climat déjà dangereux.

L’enquête du New York Times, parue en anglais et en espagnol, met en lumière des possibles liens entre des opérateurs des cartels et des fonctionnaires proches du président. Elle révèle notamment une rencontre entre un proche d’Andrés Manuel Lopez Obrador et Ismael Zambada, un des leaders du Cartel de Sinaloa, avant les élections de 2018. Bien que les États-Unis n’aient pas ouvert d’enquête formelle à ce sujet, le président mexicain a qualifié ces allégations de “calomnies” et a demandé des explications à l’administration américaine.

Ces révélations surviennent dans un contexte de campagne présidentielle tendue, où des accusations similaires ont été proférées. Fin janvier, une enquête de Tim Golden, lauréat du prix Pulitzer, publiée par le média en ligne ProPublica, affirmait que le Cartel de Sinaloa avait versé deux millions de dollars à la campagne électorale de 2006 d’Andrés Manuel Lopez Obrador. Ce dernier avait immédiatement réfuté ces allégations, dénonçant des “pratiques immorales” et des “calomnies” orchestrées par ses adversaires politiques.

Dans ce contexte électoral, où la candidate du parti Morena au pouvoir, Claudia Sheinbaum, est donnée largement favorite, de telles révélations pourraient avoir un impact significatif sur la confiance du public envers le gouvernement actuel.

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