Les élections européennes approchent et La France Insoumise répond à nos 3 questions pour le département du Var. Entre tourisme, agriculture et développement territorial, le parti politique se positionne en faveur d’un équilibre entre les activités humaines et la préservation de l’environnement. Voici un aperçu de leur programme en trois questions-réponses.
Le Var est un département où le tourisme joue un rôle majeur dans l’économie locale. Quelles mesures envisagez-vous de mettre en place pour soutenir et développer ce secteur, tout en préservant l’environnement et le patrimoine culturel ?
Le projet politique de la France insoumise se résume dans le slogan que nous avons mis en avant lors de la campagne présidentielle de 2022 : harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. Notre projet pour le tourisme cherche donc à allier deux éléments : la réduction des inégalités et la transition écologique.
Environ la moitié de la population ne part pas en vacances chaque année. Les foyers les plus modestes renoncent à partir car ils n’en n’ont pas les moyens financiers, le temps libre nécessaire (5% des salariés ne posent aucun congé payé) ou les réseaux relationnels pour se faire accueillir à moindre prix. Pour les départements dont le tourisme est une activité centrale de l’économie, comme le Var, la réduction des inégalités sur le territoire national stimulerait l’activité. Cette question s’inscrit donc plus largement dans les mesures que nous portons dans deux directions. D’abord, pour le pouvoir d’achat : augmentation du SMIC, blocage des prix du carburant et de l’énergie, blocage des loyers, allocation d’autonomie. Ensuite, pour le temps libéré : 6e semaine de congés payés, réduction du temps de travail, organisation démocratique du planning de travail sur l’année…
Plus précisément concernant le Var, département maritime, les ambitions de notre programme concernant le littoral sont nombreuses. L’objectif est de transformer le tourisme maritime pour assurer la protection à la fois de l’environnement et des travailleurs. Voici quelques-unes des nombreuses propositions de notre mouvement concernant la mer : Réduire la part du seul balnéaire dans le tourisme, en encourageant entre autres le pescatourisme. Élargir l’accès à la plaisance en encourageant la location dans le secteur, plutôt que l’accumulation de navires non-utilisés la plupart du temps. Mettre en place pour les navires sillonnant la Méditerranée une réglementation sur les carburants plus respectueuse de l’environnement et de la santé. Instaurer un partenariat avec les pays européens et les pays de la rive sud de la Méditerranée afin de mettre en œuvre un plan d’action contre la pollution plastique. Développer les «classes de mer» en lien avec les professionnels du tourisme, pour que chaque enfant soit initié aux questions maritimes lors de sa scolarité. Promouvoir et démocratiser l’accès aux colonies de vacances, dont la fréquentation ne cesse de chuter du fait d’un abandon par les politiques publiques.
L’agriculture provençale est réputée pour sa qualité et sa diversité, mais fait face à des défis tels que la concurrence internationale et le changement climatique. Comment comptez-vous accompagner les agriculteurs varois dans ces enjeux et promouvoir une agriculture durable et compétitive au niveau européen ?
Le Var n’est pas épargné par la crise du secteur agricole. Le nombre d’agriculteurs ne cesse de diminuer en France, écrasés par l’agrobusiness et par la concurrence internationale déloyale. En même temps, les nombreuses personnes rêvant de s’installer en agriculture ne sont pas accompagnées dans ce sens. L’objectif central de la France insoumise est de nous orienter vers une agriculture paysanne, bio et végétale, créatrice de 300.000 nouveaux emplois agricoles au niveau national. Il s’agira alors à la fois de redynamiser le secteur agricole français, d’encourager les projets d’agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé des consommateurs, et de lutter contre la concentration industrielle du secteur. Les départements historiquement ancrés dans l’agriculture, comme le Var, seront des acteurs majeurs de ce projet et devront donc y être accompagnés par les politiques publiques. Il s’agira, entre autres, de revaloriser à hauteur de 100 % du SMIC les indemnités de formation professionnelle agricole pour les stagiaires adultes engagés dans un projet d’installation agro-écologique, ou encore de soutenir les installations paysannes en révisant les critères d’accès aux aides à l’installation de la PAC, mais aussi en triplant le budget consacré par les politiques publiques à l’accompagnement de l’installation des jeunes et nouveaux agriculteurs.
Outre ces projets de long-terme, l’urgence de la crise actuelle du secteur impose des mesures de court-terme pour le pouvoir d’achat de nos agriculteurs. La mobilisation récente de ces derniers, au cours de laquelle les agriculteurs du Var ont été fortement impliqués, l’a démontré. Tout d’abord, il faut garantir des revenus rémunérateurs aux agriculteurs par la mise en place de prix planchers, élaborés par chaque filière en fonction des coûts de production et du bénéfice nécessaire à assurer la dignité des professionnels. Ensuite, il faut protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale en faisant appliquer nos normes de production aux produits importés, mais aussi en établissant des prix minimums d’entrée à l’importation. Enfin, il faut planifier la transition vers une restauration collective 100 % locale et biologique. Nous tenons à préciser ici que l’ensemble de ces mesures sont promues, réfléchies et organisées de longue date par notre mouvement politique, bien avant la mobilisation récente des agriculteurs. Contrairement à de nombreuses autres familles politiques qui ont subitement et radicalement changé leurs discours sur le sujet à la suite de celle-ci.
Le Var connaît des disparités territoriales en termes de développement économique et d’accès aux services. Quelles actions entreprendriez-vous pour réduire ces inégalités et favoriser un développement harmonieux des territoires ruraux et urbains du département, dans le cadre de la politique de cohésion de l’Union européenne ?
Cette question est liée aux deux précédentes. Les disparités sociales, au sein du Var, entre un littoral où la population est fortement concentrée et où le tourisme est une activité centrale, et un intérieur des terres moins densément peuplé où l’agriculture joue un rôle majeur, est évidemment un problème qui sera réglé avant tout par les revalorisations et réformes des deux secteurs mentionnées précédemment. Mais il faut aussi promouvoir un développement combiné en encourageant le tourisme rural. Celui-ci permettra à la fois de limiter les effets néfastes du tourisme de masse sur l’environnement et les populations du littoral varois en désengorgeant celui-ci, tout en participant à la redynamisation des campagnes varoises, depuis trop longtemps sujettes à la désertification médicale, à la fermeture de classes, et à des difficultés grandissantes dans l’accès aux services.
Il s’agit de faire bifurquer les flux touristiques vers les ruralités, pour qu’elles bénéficient aussi du dynamisme économique du secteur. Le Var est un département particulièrement propice, que cela soit du fait de son riche patrimoine historique et culturel, mais aussi de son climat provençal pouvant le rendre particulièrement attrayant pour le vélotourisme et la randonnée. Tout cela nécessite des investissements que la France peut trouver entre autres dans la politique de cohésion de l’Union européenne à laquelle elle participe largement : relocalisation dans les terres des activités et parcours touristiques, investissement dans des infrastructures de transport ferroviaire nouvelles, dans la mise en place de structures d’accueil nouvelles au sein des campagnes, ainsi que dans les aides aux professionnels du secteur touristique (hôtellerie, restauration et loisirs) s’y établissant.
De manière plus générale, la France insoumise porte une attention particulière aux inégalités dans l’accès aux services entre les territoires, et propose de nombreuses mesures en ce sens. Par exemple, pour lutter contre la multiplication des déserts médicaux, nous proposons la régulation de l’installation (liberté de s’installer dans n’importe quelle zone désertifiée), le recrutement de médecins fonctionnaires affectés aux zones désertifiées, l’ouverture de postes salariés en centres de santé ou encore favoriser l’accès des enfants de déserts médicaux à la fac de médecine ou aux écoles paramédicales.
Enfin, la lutte contre le creusement des disparités économiques se fait aussi au sein des zones urbaines et littorales du département. Le littoral fait partie des zones du territoire national présentant le plus de manque de mixité sociale. Près de trois logements sur dix y sont des résidences secondaires inoccupées, la plupart détenues par des personnes âgées de 60 ans ou plus. Notre programme de logements publics se concentrera donc particulièrement sur ces zones littorales, afin de diminuer ces disparités générationnelles et économiques. Nous proposons plusieurs mesures en ce sens : augmenter la taxe sur les logements vacants en zones tendues, mobiliser les différents dispositifs possibles sur le parc privé pour loger des ménages modestes (intermédiation locative, mesures incitatives pour les propriétaires, réquisitions), mettre en place un plan de rénovation thermique des bâtiments, punir les maires ne respectant pas leurs obligations dans le logement social, mettre en place des freins à la spéculation foncière particulièrement présente dans les zones littorales, etc.