Depuis le 15 janvier, les demandes de financement pour le permis moto sont en plein essor, rivalisant presque avec celles du permis voiture. La Caisse des dépôts estime que cette année, la facture pourrait s’élever à 277 millions d’euros, dépassant ainsi les économies prévues par l’introduction d’un reste à charge. Les apprentis motards se précipitent en masse dans les moto-écoles pour profiter de leur Compte Personnel de Formation (CPF), et les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Des données récentes compilées par la Caisse des dépôts montrent que plus de 35 000 demandes de financement pour le permis moto – principalement le permis A2, au-delà de 125 cm3 – ont été validées pour un montant de 38 millions d’euros au cours des huit premières semaines de 2024.
Comparativement, sur la même période, 38 500 dossiers de permis B (voiture) ont été validés pour un montant de 36,8 millions d’euros, en retirant les deux premières semaines de janvier où le permis moto n’était pas encore éligible au CPF. Les formations telles que les bilans de compétences, les formations pour les entrepreneurs ou le TOEIC (Test of English for International Communication) sont loin derrière en termes de demande.
Si cette tendance se maintient, la facture pour le permis moto pourrait atteindre 277 millions d’euros d’ici la fin de l’année, dépassant ainsi les 250 millions d’économies prévues par le gouvernement avec l’introduction d’un reste à charge de 100 euros sur toutes les formations éligibles au CPF. Cette extension du CPF à tous les permis terrestres à moteur découle de la loi du 21 juin 2023 portée par les députés Renaissance Sacha Houlié et Aurore Bergé, argumentant que cela favoriserait l’insertion professionnelle, notamment pour les jeunes isolés ayant des difficultés de mobilité.
Cependant, cette popularité du financement du permis moto par le CPF soulève des questions sur les éventuels abus. Les moto-écoles ont bien sûr saisi cette opportunité, mais des mesures ont été mises en place pour éviter les fraudes. Les élèves doivent désormais attester sur l’honneur que leur permis leur sera utile dans le cadre de leur vie professionnelle, une attestation que les moto-écoles doivent conserver en cas de contrôle.
La Caisse des dépôts surveille de près cette situation, avec l’obligation d’avoir accès au fichier national des permis de conduire pour vérifier les identités des bénéficiaires du CPF et s’assurer qu’ils ne sont pas interdits de conduire. Les équipes de la Caisse des dépôts effectuent des contrôles ciblés pour garantir l’intégrité du système.
L’association “Les Acteurs de la compétence”, principale organisation du secteur de la formation professionnelle, appelle également à une gestion responsable des fonds du CPF, plaidant en faveur de l’abondement des comptes et demandant le retrait du permis A2 des certifications éligibles.