L’annonce récente de l’Union européenne et des États-Unis concernant l’ouverture d’un corridor maritime entre Chypre et Gaza, dans le but d’acheminer de l’aide humanitaire, soulève des interrogations essentielles. Cette décision intervient après cinq mois de conflit et suscite des réactions contrastées, notamment de la part d’Israël. Mais qu’est-ce qu’un corridor humanitaire et quelles sont les implications de cette initiative ?
Qu’est-ce qu’un Corridor Humanitaire ?
Selon le Comité international de la Croix-Rouge, un corridor humanitaire se forme lorsqu’en temps de conflit, deux parties belligérantes consentent à laisser passer les civils et l’aide humanitaire dans une zone définie. L’origine de ce concept remonte à 1949 avec la Convention de Genève, bien que le terme “corridor humanitaire” ne soit pas spécifiquement mentionné. Cependant, cette convention stipule clairement l’illégalité de cibler les civils ou de les priver d’aide humanitaire. Ce n’est que dans les années 1980 que l’ONU a commencé à employer le terme de “couloir sécuritaire”.
Depuis Quand Existent-ils ?
Les premiers couloirs humanitaires ont été établis en 1989 au Soudan, puis se sont multipliés dans des zones de conflit telles que l’Angola, l’Irak ou encore la Bosnie au cours des années suivantes. En 1992, par exemple, un corridor humanitaire a été mis en place à Sarajevo après la visite de François Mitterrand, avec près de 40 000 soldats de l’ONU déployés pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire.
Sont-ils Toujours Sûrs ?
Non. Les corridors humanitaires peuvent parfois se révéler être des pièges, comme cela a été observé en Ukraine il y a deux ans à peine. Au début du conflit, la Russie avait annoncé l’ouverture de plusieurs voies de sortie de Kiev, Kharkiv et Marioupol. Cependant, la plupart de ces corridors menaient en Russie ou en Biélorussie, exposant ainsi les civils à des dangers supplémentaires. L’Ukraine avait alors refusé ces propositions, accusant la Russie de bombarder délibérément d’autres corridors humanitaires et de tirer sur des civils.
Un autre exemple est celui d’Alep, en Syrie, en 2016. Assiégée par l’armée syrienne, la population se voyait incitée par le régime de Bachar al-Assad à fuir en empruntant les corridors humanitaires. Toutefois, de nombreux civils ont perçu ces voies comme des “corridors de la mort”, plusieurs secouristes accusant l’armée d’avoir ouvert le feu sur des civils traversant ces passages.
Les corridors humanitaires ne représentent donc pas nécessairement une solution efficace à la souffrance des populations prises au cœur des conflits.