Le professeur Étienne-Émile Baulieu, figure majeure de la science française et inventeur de la pilule abortive RU 486, est mort vendredi à Paris à l’âge de 98 ans. Ce chercheur, qui a dédié sa vie à l’avancée médicale et à la liberté des femmes, laisse un héritage scientifique et sociétal d’une portée mondiale.
Né en 1926 à Strasbourg sous le nom d’Étienne Blum, il rejoint la Résistance à 15 ans. Rebaptisé Baulieu, il devient ensuite médecin, endocrinologue, et fonde en 1963 l’unité de recherche 33 de l’Inserm, qu’il dirigera durant plus de trois décennies. Il y mène des recherches décisives sur les hormones stéroïdes.
En 1982, il développe la RU 486, autorisant une interruption volontaire de grossesse médicamenteuse. Cette avancée provoque des controverses, et le professeur fait face à des campagnes virulentes des opposants au droit à l’avortement. Il dénonce jusqu’à la fin de sa vie les atteintes à la liberté des femmes, qualifiant d’« obscurantisme » l’interdiction de sa pilule dans certains États américains.
Mais Baulieu ne se limite pas à un combat. Il explore les neurostéroïdes, étudie la DHEA et son rôle dans le vieillissement, et initie des essais cliniques contre la dépression. En 2008, il fonde l’Institut Baulieu, dédié à la lutte contre les maladies neurodégénératives, notamment Alzheimer. Son ambition : améliorer durablement la santé cérébrale et la longévité humaine.
Grand-croix de la Légion d’honneur, lauréat du prix Lasker, Étienne-Émile Baulieu laisse derrière lui une œuvre colossale et trois générations de descendants. Jusqu’à ses derniers jours, dans son bureau de l’Inserm, il poursuivait inlassablement son travail, guidé par le désir d’être utile.
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