L’Iran et l’Azerbaïdjan : entre main tendue et coup de griffes diplomatiques

Quand la réconciliation affichée à Bakou se heurte à des propos incendiaires venus d’Erevan

Bakou, juin 2025 — Le théâtre diplomatique du Caucase vient une nouvelle fois de mettre en scène un paradoxe saisissant. Alors que le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev accueillait en grande pompe le nouvel ambassadeur iranien à Bakou, Mujtaba Demirchilu, saluant une relance des liens bilatéraux avec l’Iran, une autre voix, bien moins conciliante, s’élevait quelques centaines de kilomètres plus à l’ouest.

À Erevan, c’est l’ambassadeur d’Iran en Arménie, Mehdi Sobhani, qui déclenchait une vive réaction en accusant ouvertement l’Azerbaïdjan d’avoir permis des incursions de drones israéliens sur le territoire iranien. Une sortie qui tranche radicalement avec le climat de détente affiché à Bakou.

Deux ambassades, deux discours

Cette dichotomie entre les propos des représentants officiels iraniens laisse perplexe. D’un côté, l’ambassadeur Demirchilu saluait à Bakou une « position claire et stable » de l’Azerbaïdjan face aux tensions israélo-iraniennes, tout en soulignant le rôle clé du corridor Nord-Sud dans l’intégration régionale. De l’autre, Sobhani, en poste à Erevan, accusait ouvertement Bakou de collusion avec l’ennemi juré israélien.

Le porte-parole du ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Aykhan Hadjizadé, n’a pas tardé à réagir, dénonçant une « tentative de manipulation diplomatique » et appelant Téhéran à recadrer son ambassadeur en Arménie.

Entre apaisement et antagonisme latent

Cette double posture iranienne soulève des interrogations. L’Iran cherche-t-il à ménager l’Azerbaïdjan tout en rassurant l’Arménie, son partenaire de plus en plus proche dans la région ? Ou assiste-t-on à une rivalité interne entre différents cercles diplomatiques iraniens, certains favorables à une détente, d’autres partisans d’un positionnement plus agressif vis-à-vis de Bakou ?

Le contraste est d’autant plus saisissant que les deux pays multipliaient, ces dernières semaines, les gestes d’apaisement. Appels téléphoniques présidentiels, engagements de coopération, projets communs… tout semblait indiquer une volonté partagée de calmer le jeu. Or, ces efforts risquent d’être réduits à néant si la parole diplomatique iranienne continue à s’exprimer en contrepoint.

Le défi de la cohérence diplomatique

Pour l’Azerbaïdjan, ce double discours met en péril un équilibre régional déjà fragile. Coincé entre ses ambitions de modernisation économique, son partenariat stratégique avec Israël, et la proximité géographique de l’Iran, Bakou cherche à jouer une partition mesurée. Mais l’incohérence du message venu de Téhéran risque d’alimenter méfiance et crispations.

La question reste posée : l’Iran peut-il réellement prétendre à un rôle stabilisateur dans le Caucase tout en laissant certains de ses diplomates jeter de l’huile sur le feu ? Source 1 Source 2

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