Un tribunal algérien a condamné jeudi Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, à cinq ans de prison ferme. Cette décision aggrave la crise diplomatique entre la France et l’Algérie. Le tribunal correctionnel de Dar El Beida, près d’Alger, a prononcé cette peine en présence de l’accusé. En outre, une amende équivalente à 5 400 $ CA a été imposée.
Boualem Sansal, 80 ans, est apparu à la barre avec les cheveux rasés, vêtu d’une veste verte, sans menottes. Malgré son cancer, il semblait en forme. Il était accusé d’atteinte à l’intégrité du territoire pour avoir soutenu la position marocaine sur le Sahara occidental dans un média français d’extrême droite.
Son arrestation en novembre avait exacerbé les tensions bilatérales. Ces tensions avaient été provoquées par un revirement français en faveur du Maroc concernant le Sahara occidental. Avant son incarcération, Sansal, ancien haut fonctionnaire algérien, faisait des allers-retours fréquents en Algérie, où ses livres sont vendus librement.
Lauréat de plusieurs prix littéraires, Sansal a remporté le grand prix du roman de l’Académie française en 2015 pour son roman « 2084 : la fin du monde ». Peu connu en France avant cette affaire, il bénéficie désormais d’un vaste élan de soutien. Son avocat français, François Zimeray, a appelé le président algérien Abdelmadjid Tebboune à le gracier, citant son âge et son état de santé.
Le ministère des Affaires étrangères français a également exhorté les autorités algériennes à une issue rapide et digne. Le président français Emmanuel Macron avait réitéré une demande de libération, exprimant sa confiance dans la clairvoyance de son homologue algérien.
Lors de son procès, Sansal a nié toute intention de porter atteinte à son pays, invoquant sa liberté d’expression. Il a reconnu avoir sous-estimé la portée de ses déclarations. Le président Tebboune avait lancé des signaux d’apaisement en direction de Paris, estimant que le contentieux était entre de bonnes mains.
La question du Sahara occidental reste au cœur de la brouille bilatérale. L’Algérie a retiré son ambassadeur à Paris depuis fin juillet, en réponse au soutien français à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine. Tebboune souhaite une issue rapide et honorable à la crise, selon l’expert Hasni Abidi.
Alger accuse la droite et l’extrême droite françaises d’algérophobie. Bruno Retailleau, en campagne pour devenir président des Républicains, est à la pointe de cette bataille. La visite du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, à Alger est en préparation pour apaiser la crise.
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