Une holding unique baptisée France Médias verra-t-elle le jour ?
Le 18 juin 2025, la réforme de l’audiovisuel public a franchi un cap crucial. Après des mois d’incertitudes, le texte piloté par la ministre de la Culture Rachida Dati a été adopté en commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Son examen en séance plénière est désormais fixé aux 30 juin et 1er juillet. Ce projet suscite à la fois espoirs, critiques et inquiétudes sur l’avenir du service public audiovisuel français.
Une concentration inédite sous le nom de France Médias
Au cœur du texte : la création d’une holding publique, nommée France Médias, qui regrouperait France Télévisions, Radio France et l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Objectif affiché : renforcer l’efficacité structurelle en mutualisant les ressources, tout en garantissant une gouvernance commune et en accélérant la transition numérique. La holding disposerait d’un président unique et d’un conseil d’administration centralisé.
Des ambitions stratégiques affirmées
Le gouvernement présente cette réforme comme une réponse nécessaire à la fragmentation des médias publics et à la pression croissante des géants du numérique. L’unification devrait, selon le ministère, offrir au service public une meilleure résistance face à la concurrence des groupes privés et des plateformes internationales comme Netflix, Amazon ou Spotify. La réforme veut également améliorer la lisibilité de l’offre audiovisuelle publique auprès des citoyens.
Une absence qui questionne : France Médias Monde exclue
Mais un point interpelle : France Médias Monde qui regroupe RFI, France 24 et Monte Carlo Doualiya, est exclue du périmètre de cette réforme. Une décision qui interroge sur la cohérence de la stratégie internationale de la France en matière d’audiovisuel public. Certains élus redoutent une marginalisation de cette dimension dans un contexte géopolitique tendu où la voix de la France reste un enjeu diplomatique.
Des oppositions fortes et une réforme jugée précipitée
Du côté des syndicats et de l’opposition, la réforme passe mal. On dénonce un projet de « fusion précipitée » qui pourrait menacer l’indépendance éditoriale des rédactions. Plusieurs voix alertent sur les risques de centralisation des décisions, voire de futures coupes budgétaires. L’idée d’une logique économique prenant le pas sur la mission de service public inquiète.
Des articles-clés supprimés, un futur texte en gestation
Autre point de crispation : la suppression du titre II de la proposition de loi. Les articles 10 à 15, qui abordaient notamment la radio numérique terrestre (DAB+) et certaines régulations concernant l’audiovisuel privé, ont été écartés en commission. Le gouvernement renvoie ces thématiques à un futur texte issu des États généraux de l’information, en cours de finalisation.
Dati défend sa réforme et dénonce les caricatures
Face à la fronde, Rachida Dati se montre offensive. Elle refuse de parler de démantèlement ou de privatisation, affirmant que les critiques relèvent d’une lecture caricaturale de la réforme. Pour elle, il s’agit d’un réajustement structurel essentiel pour faire entrer l’audiovisuel public dans le XXIe siècle.
Une réforme aux contours encore mouvants
Rien n’est encore figé. Les débats parlementaires pourraient réintroduire certains articles supprimés ou en amender d’autres. La ministre a déjà laissé entendre que des ajustements pourraient être envisagés après l’examen en séance plénière. Le calendrier vise une mise en œuvre de France Médias au 1er janvier 2026, mais les obstacles politiques et syndicaux restent nombreux.
Conclusion
Cette réforme marque une étape importante dans la redéfinition du paysage audiovisuel public. Si l’objectif de modernisation est salué par certains, le manque de consensus et les zones d’ombre autour de la gouvernance et de l’indépendance éditoriale posent de vraies questions. Le débat parlementaire à venir sera décisif pour arbitrer entre efficacité structurelle et garanties démocratique
Et vous, que pensez-vous de cette réforme ? Laissez votre avis en commentaire