Trump, l’Iran et l’illusion de la paix : un cessez-le-feu en trompe-l’œil?

L’histoire ne manque pas d’exemples où les prétentions pacifiques masquaient des desseins belliqueux. En ordonnant, dans la nuit du 21 au 22 juin 2025, le bombardement de plusieurs installations nucléaires iraniennes — « infligeant des dégâts monumentaux » selon ses mots — Donald Trump a renoué avec une tradition américaine de frappes préventives, tout en tentant de préserver son image de « faiseur de paix ». Quelques heures plus tard, l’Iran répondait en ciblant une base militaire américaine au Qatar, sans faire de victimes. Un épisode inquiétant qui, malgré l’annonce d’un cessez-le-feu de 12 heures, n’éteint pas la menace d’un embrasement régional durable.

Cette volte-face s’explique par l’entourage immédiat de Donald Trump, peuplé de faucons partisans d’une démonstration de force contre Téhéran. Depuis son retour sur le devant de la scène politique, l’ancien président américain oscille entre isolationnisme stratégique et posture martiale. Pendant sa campagne, il se targuait de vouloir « mettre fin aux guerres inutiles », jouant sur la lassitude de l’opinion publique américaine. Mais la réalité diplomatique, elle, impose ses règles : celles d’alliances indéfectibles avec Israël, d’un affrontement larvé avec l’Iran, et d’un rapport de force permanent dans la région.

La brutalité de ce revirement interroge la cohérence de la diplomatie américaine. « Cette riposte iranienne est très faible », a jugé Trump, minimisant l’attaque de la base américaine. Pourtant, l’onde de choc diplomatique est bien réelle. Emmanuel Macron a condamné les frappes iraniennes, les qualifiant « d’inacceptables », mais s’est gardé d’approuver les bombardements américains, soulignant implicitement l’impasse stratégique dans laquelle s’enlise le Moyen-Orient. Le cessez-le-feu annoncé — douze heures, et pas une de plus — ressemble davantage à une pause tactique qu’à une véritable volonté de désescalade.

Une paix déclarative qui dissimule la guerre réelle

Qui peut croire qu’une guerre puisse se conclure par une annonce unilatérale d’un cessez-le-feu chronométré ? Que ferait Washington si, dans treize heures, Téhéran ripostait à nouveau ? Que diraient les alliés, arabes ou européens, face à cette instabilité savamment entretenue ? Que vaut une paix dictée depuis un pupitre télévisé, sans concertation, sans processus diplomatique formel ? L’effet d’accumulation des improvisations présidentielles renforce l’impression d’un monde dirigé à la minute, à coups de tweets et de bravades.

Quelques jours plus tôt, Trump promettait d’« éviter un nouvel enlisement militaire au Moyen-Orient ». Aujourd’hui, ses décisions ravivent une poudrière régionale. À force de décréter des fins de conflit sans en traiter les causes, les États-Unis obscurcissent l’horizon au lieu de l’éclairer.

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