Un drame à Nantes : un lycée frappé en plein cœur par la violence scolaire
Une élève tuée, trois blessés, un manifeste radical en toile de fond : que s’est-il passé ?
NANTES – 24 avril 2025. Le quartier Doulon est sous le choc. Ce jeudi, à l’heure du déjeuner, un élève de 15 ans du lycée privé Notre-Dame-de-Toutes-Aides a poignardé quatre de ses camarades. L’une d’elles, une lycéenne, n’a pas survécu. Trois autres sont grièvement blessés. L’une d’elles est en état critique. Ce geste brutal a bouleversé une communauté scolaire de près de 2 000 élèves et relancé les interrogations sur la prévention de la violence en milieu scolaire.
Un assaut planifié : le suspect, armé et déterminé
Les faits se sont déroulés à 12 h 30. Justin P., élève de seconde, est entré dans deux salles de classe. Il portait sur lui deux couteaux, dont un de chasse. Il s’est attaqué à une élève, puis a descendu un étage pour poignarder trois autres adolescents. L’un des enseignants et un responsable informatique sont intervenus rapidement pour le maîtriser. Il a ensuite été arrêté par la police.
L’attaque, aussi soudaine que violente, ne semble pas résulter d’une dispute immédiate, mais d’un acte prémédité. Peu avant de passer à l’acte, l’adolescent avait envoyé un manifeste de 13 pages à plusieurs camarades. Ce texte aux accents technophobes et anti-système fustigeait la mondialisation, l’écocide globalisé, la société de consommation et le progrès.
Un profil fragile et radicalisé ?
Selon les premières informations policières, Justin P. n’était pas connu des services judiciaires. Il souffrait apparemment de troubles dépressifs. Ses camarades le décrivent comme « bizarre », solitaire et distant. Le manifeste qu’il a rédigé évoque une pensée structurée, bien que troublée, marquée par une forte défiance envers les institutions modernes, les médias, l’école et l’intelligence artificielle.
L’enquête devra établir si ces idées ont été nourries par des influences extérieures, en ligne notamment. Le parquet national antiterroriste a indiqué qu’il « évaluait » sa compétence sur cette affaire. En attendant, l’auteur présumé de l’attaque reste en garde à vue.
Réactions politiques et émotion nationale
Le président de la République Emmanuel Macron a rapidement salué le courage des enseignants. « Leur intervention a sans doute évité d’autres drames », a-t-il écrit sur X. La ministre de l’Éducation Élisabeth Borne, accompagnée du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, s’est rendue sur les lieux en fin d’après-midi. Tous deux ont exprimé leur soutien à la communauté éducative.
Le Premier ministre François Bayrou a réagi en appelant à « un sursaut collectif » face à une violence juvénile qui, selon lui, « dépasse la seule action du gouvernement ». Il demande un plan d’action renforcé sous quatre semaines.
Une école endeuillée, des parents sous le choc
Le lycée a immédiatement été confiné. Les élèves ont été regroupés dans la salle polyvalente, puis évacués progressivement. Des parents, massés à l’extérieur derrière les barrières de sécurité, attendaient, bouleversés, de pouvoir retrouver leurs enfants. À 16 h 30, les retrouvailles ont eu lieu, parfois dans des larmes, parfois dans le silence.
La direction de l’établissement a diffusé un message pour informer les familles : « Un événement majeur a déclenché le plan particulier de mise en sûreté. La sortie des élèves est encadrée selon un protocole strict. »
Un texte déroutant : entre délire et idéologie
Le manifeste intitulé « L’action immunitaire » mêle écologie radicale, critique sociale et paranoïa technologique. Il parle d’aliénation sociale, de perte des rites ancestraux, de société déshumanisée. L’auteur évoque les « peuples autochtones », les « saboteurs », les « dissidents culturels » comme autant de figures résistantes à un système qu’il juge totalitaire.
Le document, bien qu’introduit par un avertissement niant toute incitation à la violence, apparaît aujourd’hui comme un signal d’alerte ignoré. La ligne est fine entre détresse psychique et danger idéologique.
Une question centrale : l’école est-elle encore un sanctuaire ?
Ce drame relance un débat brûlant. Comment un adolescent, scolarisé dans un établissement réputé, a-t-il pu passer à l’acte sans déclencher d’alerte ? Faut-il renforcer les contrôles à l’entrée des lycées ? Comment détecter les signaux faibles ? À 15 ans, Justin P. aurait dû être protégé… et ne pas devenir une menace.
Ce jeudi noir à Nantes expose une faille. L’école doit rester un lieu d’apprentissage, pas un théâtre de tragédie. La réponse ne peut pas être uniquement sécuritaire. Elle doit être éducative, préventive, humaine. Il faudra écouter davantage, détecter plus tôt, agir sans attendre.
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