Usage thérapeutique ou dérive toxique ? La frontière devient floue dans les cercles influents de la célébrité américaine.
La mort brutale de l’acteur Matthew Perry en octobre 2023 a été un électrochoc. L’interprète de Chandler Bing dans la série culte Friends s’était enfermé dans une spirale infernale : entre six et huit injections quotidiennes de kétamine. Son décès a mis en lumière une réalité troublante : cette drogue de synthèse, longtemps cantonnée aux milieux médicaux et festifs, s’impose désormais dans les sphères hollywoodiennes sous un vernis thérapeutique.
Mais derrière les discours sur la santé mentale et les microdoses contrôlées, se cache un marché en plein essor, aux effets délétères largement sous-estimés.
Un business florissant dissimulé derrière des prescriptions médicales
L’arrestation de Jasveen Sangha, surnommée « la reine de la kétamine », révèle les coulisses d’un trafic organisé à Hollywood. Accusée d’avoir approvisionné plusieurs stars, elle risque aujourd’hui la prison à vie. Ce fait divers met en lumière un phénomène plus large : la banalisation d’une drogue aux effets dissociatifs puissants, dont l’usage thérapeutique se mêle dangereusement à la consommation récréative.
Aux États-Unis, la kétamine est autorisée sous forme d’esketamine (Spravato), uniquement en milieu médical et encadrée strictement. Pourtant, la version générique s’écoule librement en dehors des circuits réglementés, notamment dans des cliniques privées qui la proposent pour traiter l’anxiété, le stress post-traumatique ou encore les dépressions résistantes. Un marché estimé à 3,5 milliards de dollars en 2023.
Des célébrités influentes en ambassadeurs involontaires de la substance
Dans les talk-shows américains, les confessions s’enchaînent : Amber Rose, Pete Davidson ou encore Elon Musk évoquent sans détour leur recours à la kétamine. Présentée comme un outil de résilience mentale, cette drogue devient progressivement une norme dans l’univers du bien-être version Silicon Valley.
Mais ce prosélytisme public occulte souvent la face sombre : accoutumance rapide, effets secondaires neurologiques et dérives comportementales.
Des effets secondaires lourds et mal connus à long terme
Les études récentes pointent des risques notables : troubles de la mémoire, pensées délirantes, désengagement social et déréalisation. La psychopharmacologue britannique Celia Morgan a observé, dès 2010, que les utilisateurs réguliers développent une tolérance rapide et un besoin croissant de consommation.
En clair, même à faibles doses, les conséquences cognitives et psychiques peuvent être durables. Chez certains profils, la kétamine semble amplifier les comportements impulsifs ou mégalomaniaques.
Elon Musk, symbole d’une dérive sous surveillance
Le patron de Tesla et SpaceX assume consommer de la kétamine « une fois toutes les deux semaines » pour soulager des épisodes dépressifs. Pourtant, ses frasques publiques, ses prises de parole erratiques et ses actions politiques controversées interrogent. Certains analystes redoutent un impact direct de la substance sur sa stabilité psychologique.
Dans un contexte de polarisation politique extrême, la santé mentale d’un acteur économique aussi influent devient une question d’intérêt général. Le Wall Street Journal et The New Yorker évoquent des inquiétudes parmi ses collaborateurs. Le psychiatre David Mathai, spécialiste des thérapies assistées par kétamine, rappelle que l’abus fréquent peut gravement affecter la lucidité décisionnelle.
Entre médecine alternative et addiction insidieuse
L’argument thérapeutique sert souvent de paravent. Si les effets antidépresseurs de la kétamine sont prouvés à court terme, les risques d’abus ne cessent de croître. De plus en plus de cliniques proposent des injections intraveineuses à forte dose, parfois sans suivi psychothérapeutique. Certaines vedettes y voient un raccourci vers un bien-être immédiat… au prix d’une dépendance difficile à enrayer.
Une banalisation dangereuse dans la culture populaire
La drag-queen britannique The Vivienne, lauréate de RuPaul’s Drag Race UK, est décédée à 32 ans, victime d’une overdose. Elle avait pourtant alerté publiquement sur son addiction. Son décès s’ajoute à une longue liste de tragédies, dont celle du chanteur Liam Payne, ancien membre de One Direction, également lié à un cocktail de drogues contenant de la kétamine.
Une prise de conscience encore timide
L’usage de la kétamine explose, porté par le pouvoir d’influence des célébrités et le marketing des nouvelles thérapies. Pourtant, ses effets secondaires, ses dérives et son potentiel addictif devraient appeler à une vigilance accrue.
Loin d’être un remède miracle, la kétamine pourrait bien devenir un problème de santé publique majeur si rien n’est fait pour encadrer son usage. Une réflexion globale s’impose, bien au-delà des projecteurs d’Hollywood. Source 1 Source 2
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