Le procès de Nathalie Bicais s’ouvre ce jeudi à Toulon. La maire (LR) de La Seyne-sur-Mer, poursuivie pour prises illégales d’intérêts, risque gros. À un an des élections municipales, son avenir politique se joue peut-être aujourd’hui.
Une double affaire, deux soupçons d’arrangement
Ce 24 avril 2025, le tribunal correctionnel de Toulon devient la scène d’un affrontement à forte portée politique. Nathalie Bicais, figure locale de la droite varoise, y comparaît pour deux dossiers distincts. Chacun soulève la même question : a-t-elle utilisé son pouvoir à des fins personnelles ou partisanes ?
Permis de construire : un cadeau déguisé ?
Premier dossier : un permis de construire délivré de manière express. Le bénéficiaire ? Un haut cadre de la mairie. L’autorisation aurait été accordée en quelques jours, un exploit administratif rarement observé. Quelques mois plus tard, ce même cadre bénéficiait d’un avancement de carrière.
Les opposants municipaux, emmenés par Damien Guttierez, ont flairé une manœuvre suspecte. Pour eux, ce cas illustre un « trafic d’influence » qui ne dit pas son nom.
La défense de la maire ? Une « erreur administrative », selon ses propres mots. Elle invoque la légalité du projet au regard du Plan local d’urbanisme. L’extension de 38 m² d’une maison n’aurait rien d’illégal. Mais l’implication de son ex-mari, Christian Dupla, adjoint à l’urbanisme, complexifie la lecture. Pour éviter toute accusation de collusion, il ne signe pas le document. Pourtant, les apparences demeurent lourdes.
Embauche controversée : quand l’amitié soulève le doute
Deuxième affaire : le recrutement du directeur de cabinet de la maire. Le problème ? L’intéressé avait, peu avant sa nomination, consenti un prêt personnel de 100 000 euros à Nathalie Bicais. Pour l’accusation, ce lien financier entache gravement l’indépendance de la décision administrative. Pour les juges, il s’agit de déterminer si l’embauche découle d’un favoritisme illégal.
Des sources proches du dossier évoquent un recrutement « parce qu’il était son ami », sans procédure transparente. L’opposition crie à l’abus de pouvoir, et la justice a décidé d’enquêter.
Une enquête longue et tendue
L’affaire trouve son origine dans les signalements répétés de Damien Guttierez. C’est lui qui, le premier, dénonce le permis comme « frauduleux ». Une plainte est déposée. En janvier 2023, les choses s’accélèrent : perquisitions au domicile de la maire et à l’hôtel de ville.
Nathalie Bicais est placée en garde à vue pendant 34 heures. Un événement rare pour une élue en poste. Loin de se laisser démonter, elle qualifie les accusations de « ragots » et de « calomnies politiques ».
Mais l’enquête continue. En mars 2025, Sébastien Gioia, élu d’opposition, est autorisé à se constituer partie civile. Une démarche inhabituelle qui renforce le caractère politique du procès.
Un enjeu politique majeur à La Seyne
Si la justice la condamne, Nathalie Bicais pourrait perdre son mandat. Une peine d’inéligibilité avec exécution provisoire serait un coup dur. Non seulement pour elle, mais aussi pour sa majorité municipale déjà fragilisée.
La tension monte dans les conseils municipaux. Lors de sa contre-attaque en assemblée, la maire s’en prend directement à ses opposants. Elle les traite de « félons », les accuse de déserter le débat démocratique. Les élus quittent la salle. Le climat se détériore.
Et ce n’est pas tout. Sandra Torres, autre élue de la majorité, a récemment été condamnée pour escroquerie. Le conseil municipal de La Seyne semble désormais pris dans une spirale judiciaire qui fragilise toute l’équipe en place.
Conclusion : une ligne rouge politique ?
Le procès de Nathalie Bicais dépasse le simple cadre juridique. Il interroge la gestion municipale, la transparence du pouvoir local, et le respect des règles démocratiques.
À un an des élections, le verdict pourrait rebattre les cartes. Si la maire est déclarée inéligible, La Seyne devra se trouver un nouveau leader. Sinon, Nathalie Bicais aura franchi une ligne rouge sans conséquence immédiate, mais à quel prix pour la confiance citoyenne ?
Et vous, pensez-vous que la maire de La Seyne doit rester en poste ? Votre avis nous intéresse. Réagissez en commentaire.
J’apprécierai le jugement sur des preuves, pas sur des faisceaux d’indices ou de suspicions.
Auquel, cas que la mairesse continue son chantier de réhabilitation de la commune.