Publié en 1938, « Inconnu à cette adresse » de Kathrine Kressmann Taylor est une œuvre majeure, à la fois poignante et glaçante, qui explore les ravages du nazisme à travers une correspondance fictive. Ce court récit, premier ouvrage de l’autrice américaine, est un témoignage littéraire percutant sur la montée de l’idéologie nazie et ses conséquences humaines.
L’histoire se déroule entre 1932 et 1934, au cœur de bouleversements historiques. Martin Schulse, Allemand installé à Munich, et Max Eisenstein, Juif américain basé à San Francisco, entretiennent une amitié solide et dirigent ensemble une galerie d’art. Leur correspondance, d’abord empreinte de complicité, révèle peu à peu la fracture idéologique causée par l’ascension d’Hitler.
Martin, séduit par les discours nazis, renie progressivement son ami et s’immerge dans la propagande. La rupture devient irréversible lorsqu’il refuse d’aider Griselle, la sœur de Max, poursuivie par les SA. Cette trahison tragique conduit à la mort de Griselle, un acte que Max décide de venger.
Max utilise alors le système postal, manipulant la censure nazie pour accuser Martin d’être un conspirateur juif. Par un stratagème ingénieux, il envoie des lettres codées, exposant Martin à la répression qu’il avait lui-même embrassée. La dernière lettre de Max, renvoyée avec la mention « Inconnu à cette adresse », scelle le destin de Martin.
Avec une structure épistolaire d’une efficacité redoutable, Kressmann Taylor interroge la moralité, la loyauté et la déshumanisation engendrées par les régimes totalitaires. Ce récit, intemporel, résonne encore aujourd’hui comme un avertissement sur les dérives idéologiques.
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