Alexandre Benalla et les contrats russes : une affaire d’influence et de finances

Un rapport de police daté de février 2024 a confirmé qu’Alexandre Benalla, ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, entretenait des liens commerciaux étroits avec des oligarques russes. Ces contrats de sécurité, d’une valeur totale de 7,5 millions d’euros, auraient été négociés dès 2017, période où Benalla occupait encore un poste à l’Élysée. L’enquête révèle que près d’un million d’euros aurait été directement versé à Benalla, soulevant des questions sur d’éventuels abus d’influence, conflits d’intérêts et infractions financières. Les investigations se poursuivent pour déterminer l’ampleur exacte de ces activités commerciales et leurs implications légales.

Le parcours d’Alexandre Benalla : de l’Élysée aux controverses

Alexandre Benalla a rejoint l’équipe de protection d’Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle de 2016-2017. Il a ensuite accédé à un poste de confiance à l’Élysée comme adjoint au chef de cabinet chargé des questions de sécurité. Cette position sensible lui conférait une proximité notable avec le président français et lui donnait accès à des informations privilégiées, notamment via une habilitation au secret-défense.

L’affaire du 1er mai et ses conséquences

La première controverse majeure impliquant Benalla éclate en juillet 2018. Il est filmé en tenue de policier antiémeute s’en prenant physiquement à un manifestant lors des événements du 1er mai à Paris. Cette révélation du journal Le Monde déclenche un scandale national qui contraint finalement Benalla à démissionner de ses fonctions à l’Élysée. En septembre 2023, il est reconnu coupable de violences volontaires et condamné à trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis. Il est également condamné pour faux témoignage sous serment, port d’arme illégal et usage illicite de passeports diplomatiques.

Les contrats russes au cœur de l’enquête

Le contrat avec Iskander Makhmudov

Le premier contrat identifié par les enquêteurs concerne l’oligarque russe Iskander Makhmudov. Ce contrat a été signé en juin 2018, alors que Benalla travaillait encore à l’Élysée. Officiellement, l’accord a été conclu entre Vincent Crase, ami de Benalla et ancien employé de La République En Marche (LREM), via sa société Mars, et Makhmudov. Bien que Benalla ait nié toute implication dans la négociation de ce contrat lors de son audition devant une commission d’enquête sénatoriale, plusieurs éléments suggèrent qu’il s’est personnellement impliqué dans les tractations, et ce, pendant qu’il occupait encore ses fonctions officielles auprès du président français.

Le contrat avec Farkhad Akhmedov

Un second contrat a été signé en décembre 2018 avec Farkhad Akhmedov, homme d’affaires russe et ancien sénateur ayant fait fortune notamment dans le secteur énergétique. Ce contrat a été conclu par l’intermédiaire d’une société créée par un proche de Benalla, qui lui aurait ensuite reversé une partie des sommes. Lors de son procès pour les violences du 1er mai, Benalla avait déclaré s’être installé au Maroc après son départ de l’Élysée et avoir fondé une structure de conseil. Il avait alors mentionné un contrat avec Akhmedov d’un montant de 353 000 euros, insistant sur le fait que ces sommes avaient été « déclarées au fisc ».

Les oligarques russes impliqués

Iskander Makhmudov

Iskander Makhmudov est décrit dans les sources comme un « sulfureux oligarque » russe d’origine ouzbèke. Dans les milieux du renseignement, il serait considéré comme un « soldat économique » du président Vladimir Poutine. Sa réputation est entachée par des liens présumés avec la mafia moscovite.

Farkhad Akhmedov

Farkhad Akhmedov est présenté comme un homme d’affaires russo-azerbaïdjanais et ancien sénateur russe, qui a bâti sa fortune principalement dans le secteur énergétique. Il a été temporairement visé par des sanctions de l’Union européenne dans le cadre de l’agression russe en Ukraine, sanctions qui ont finalement été annulées suite à un recours.

Les montants et flux financiers identifiés

L’ampleur des contrats

Selon un rapport de police daté de février 2024 et consulté par Mediapart, les contrats signés avec des sociétés affiliées à la Russie s’élèveraient à un total de 7,5 millions d’euros. Sur cette somme, 941 000 euros auraient été versés directement à Alexandre Benalla. Une autre source, citant Mediapart, indique que les deux contrats (avec Makhmudov et Akhmedov) s’élèveraient ensemble à 2,2 millions d’euros.

Le rôle de Benalla dans les sociétés

Le rapport de police confirme que Benalla dirigeait « de facto » plusieurs sociétés commerciales impliquées dans ces transactions. Il aurait joué un rôle d' »animateur de fait » dans ces entreprises, outrepassant les règles de transparence et d’intégrité exigées par sa position à l’Élysée. La police judiciaire note que ces contrats auraient été conclus « sous le sceau de l’opacité », soulevant des questions sur la légalité des activités commerciales de Benalla pendant son service au sein de la présidence française.

Les procédures judiciaires en cours

Les chefs d’accusation potentiels

Selon le rapport de police de février 2024, Alexandre Benalla pourrait être mis en examen pour des chefs d’accusation incluant l’abus de bien social, la fraude fiscale, le blanchiment d’argent et l’exercice illégal d’un métier de sécurité. En décembre 2021, Benalla et son épouse ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête menée par la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) sous l’autorité du Parquet national financier (PNF). Les soupçons portaient sur des faits de « blanchiment de fraude fiscale aggravée, de faux et usage de faux, d’abus de biens sociaux, de trafic d’influence et de corruption ». Ils ont été libérés sans poursuites immédiates, mais les investigations se poursuivent.

Les préoccupations sécuritaires

Cette affaire soulève des inquiétudes concernant l’influence étrangère potentielle au sein des cercles du pouvoir français. Le rapport de police mentionne explicitement : « Nous pouvons légitimement présumer que […] M. Alexandre Benalla a pu jouer sinon abuser de son influence réelle ou supposée pour percevoir, directement ou non, des avantages et subsides de ces oligarques ». Ces découvertes suggèrent des conflits d’intérêts potentiels et une possible compromission de la sécurité nationale française au profit d’intérêts étrangers.

L’affaire des contrats russes d’Alexandre Benalla illustre les zones d’ombre qui peuvent exister à l’intersection du pouvoir politique et des intérêts économiques internationaux. Les faits établis montrent qu’un proche collaborateur du président français a entretenu des relations commerciales avec des oligarques russes liés au Kremlin, y compris pendant qu’il occupait un poste sensible à l’Élysée. Si Benalla continue de contester vigoureusement son implication dans certaines de ces activités, les preuves accumulées par les enquêteurs semblent confirmer la réalité de ces transactions et son rôle central dans leur orchestration. L’enquête judiciaire en cours devra déterminer si ces activités constituent des infractions pénales et dans quelle mesure elles ont pu compromettre l’intégrité des institutions françaises. Cette affaire souligne également la nécessité d’une plus grande transparence dans l’entourage des hauts responsables politiques et d’un encadrement plus strict des activités exercées par les collaborateurs ayant accès à des informations sensibles. Source 1 Source 2 Source 3

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