SFR bientôt racheté ? Le marché télécom français à un tournant clé

Altice France cherche à céder SFR pour alléger sa dette. Bouygues et Free en embuscade. Vers un retour à trois opérateurs ?


Une cession stratégique qui secoue les télécoms français

Le paysage des télécoms français pourrait connaître un bouleversement majeur en 2025. Altice France, la maison mère de SFR, envisage la vente de l’opérateur dans le cadre d’une vaste opération de désendettement. Une décision motivée par une pression financière croissante et par la volonté de son propriétaire, Patrick Drahi, de tourner la page des télécommunications en France.

Pourquoi vendre SFR maintenant ?

Altice France croule sous une dette de 24 milliards d’euros. Si l’on intègre la dette globale du groupe Altice, le chiffre atteint 60 milliards. Face à ce gouffre, SFR apparaît comme l’actif principal à monétiser. En février 2025, Drahi avait déjà entamé une restructuration partielle : 8,6 milliards de dettes effacées contre 45 % du capital d’Altice France cédé à ses créanciers. Mais cette opération n’a pas suffi.

Depuis deux ans, les résultats commerciaux de SFR sont en berne. Malgré une dette ramenée à 15,5 milliards d’euros et des intérêts réduits, la situation reste fragile. Vendre SFR permettrait de renflouer les caisses rapidement, avec un objectif clair : redorer le profil financier du groupe.

Une vente estimée à 30 milliards d’euros

Selon Bloomberg, Altice envisage de céder une majorité de SFR, dans une opération valorisée à près de 30 milliards d’euros. Une somme qui dépasse largement le niveau actuel de la dette résiduelle d’Altice France. Drahi, qui contrôle encore 55 % de l’entreprise, pourrait en retirer jusqu’à 5 milliards d’euros. Ce montant représente à la fois un levier stratégique et une porte de sortie honorable pour l’homme d’affaires.

Bouygues et Free prêts à s’affronter

Les prétendants ne manquent pas. Martin Bouygues, patron de Bouygues Telecom, y voit l’opportunité de rattraper Orange. En absorbant SFR et ses 23 millions de clients, Bouygues doublerait Free et deviendrait un acteur incontournable. De quoi constituer un duopole solide face à Orange, premier opérateur en France.

Xavier Niel, fondateur d’Iliad (Free), n’est pas en reste. Présent en Italie, en Pologne et ailleurs, il poursuit une stratégie européenne de consolidation. Acquérir SFR lui permettrait de renforcer sa base en France et d’accélérer son expansion continentale. Pour lui, c’est une chance d’étendre son empire.

La régulation, arbitre décisif de la vente

Toute opération de cette ampleur devra passer l’épreuve du régulateur. Un rachat par Bouygues nécessiterait l’aval de l’Autorité de la concurrence française. Si c’est Free qui l’emporte, la Commission européenne serait saisie, du fait de la dimension internationale du groupe Iliad.

Un tel rachat pourrait poser des problèmes en matière de concurrence. Passer de quatre à trois opérateurs majeurs pourrait nuire aux consommateurs, en réduisant l’offre et la pression concurrentielle. Le scénario d’une acquisition suivie d’une cession partielle des actifs semble plus réaliste. Il permettrait de maintenir l’équilibre du marché, tout en donnant au repreneur une marge de manœuvre.

En coulisses, les tractations s’intensifient

D’après La Lettre de l’Expansion, les négociations ont déjà commencé, même si aucune offre formelle n’a encore été officialisée. Patrick Drahi, discret mais méthodique, jouerait la montre pour faire monter les enchères. Objectif : conclure avant l’élection présidentielle de 2027, dans un climat politique plus propice.

La prochaine étape clé est fixée à septembre 2025, avec la fin prévue de la restructuration de la dette d’Altice France. Ce jalon pourrait déclencher la phase décisive de la vente.

Un marché en mutation accélérée

Le retour à trois opérateurs majeurs ferait écho à la situation d’avant 2012, date d’entrée fracassante de Free sur le marché mobile. Ce retour en arrière poserait de nombreuses questions sur la qualité de service, les tarifs et l’innovation. Moins de concurrence signifie souvent moins de pression sur les prix et une réduction des marges de manœuvre pour les clients.

Pour les opérateurs, la consolidation promet en revanche des économies importantes : mutualisation des réseaux, rationalisation des coûts, synergies commerciales. Mais ces avantages pourraient être tempérés par les concessions que les régulateurs exigeront pour valider l’opération.

SFR, un symbole en fin de course ?

Pour Patrick Drahi, SFR ne représente plus un projet d’avenir. La marque, pourtant historique, ne parvient plus à rivaliser avec ses concurrents. Sa cession symboliserait la fin d’un cycle, celui d’une aventure télécom qui s’est transformée en fardeau financier. L’avenir dira si cette opération marquera aussi un tournant pour les abonnés.


La mise en vente de SFR par Altice France n’est pas une simple opération financière. Elle pourrait redessiner tout l’écosystème des télécoms en France. En jeu : l’équilibre concurrentiel du secteur, la dynamique d’innovation et la place de la France dans le paysage européen des télécommunications.

À l’heure des tractations discrètes et des calculs politiques, les prochains mois s’annoncent cruciaux. Le marché, les régulateurs et les consommateurs attendent désormais de voir qui emportera la mise.

Et vous, que pensez-vous de cette potentielle reconfiguration du marché des télécoms ? Réagissez en commentaire.

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