Participation en hausse, instabilité persistante et alliances incertaines : les enjeux d’un scrutin décisif.
Une élection sous tension et pleine de symboles
Ce dimanche 18 mai 2025, les Portugais se rendent aux urnes pour élire les 230 députés de l’Assemblée de la République. Ce scrutin, le troisième en trois ans, se déroule dans un climat d’instabilité politique chronique. Il marque aussi une date hautement symbolique : le 50e anniversaire des premières élections libres du pays en 1975. Si le Premier ministre sortant Luis Montenegro espère consolider son pouvoir, les divisions internes et la montée de forces radicales compliquent sérieusement la donne.
Un gouvernement sortant affaibli par les soupçons
Le chef du gouvernement et leader de l’Alliance démocratique (AD), Luis Montenegro, a convoqué ces législatives après sa démission en mars dernier. En cause : des accusations de conflit d’intérêts. Une société de conseil enregistrée à son domicile, au nom de ses enfants, a mis en cause sa probité. Malgré une défense martelée – « Personne n’a jamais été aussi transparent que moi » –, la polémique a affaibli sa position.
Pedro Nuno Santos, leader du Parti socialiste (PS), n’a pas manqué de dénoncer la confusion entre politique et affaires. Toutefois, selon la politologue Filipa Raimundo, ces accusations n’ont pas mobilisé l’opinion autant que l’opposition l’espérait.
Un paysage politique fragmenté et instable
Le Portugal n’a jamais été aussi fragmenté politiquement. Longtemps dominée par le bipartisme PS/centre-droit, la scène électorale est désormais éclatée. Cette nouvelle donne empêche la constitution de majorités stables depuis plusieurs mandats.
La coalition actuelle AD/Parti populaire gouverne sans majorité absolue. Une situation intenable à long terme, illustrant les limites du compromis sans alliance solide.
Participation électorale en légère hausse
À midi, le taux de participation atteignait 25,56 %, contre 22 % en 2024 à la même heure. Un chiffre modeste, mais en hausse. Le président Marcelo Rebelo de Sousa a appelé à une mobilisation civique : « Ne mettons pas la tête dans le sable ». Il a insisté sur l’importance de ce scrutin dans un climat de défiance démocratique.
Pour mémoire, la participation des dernières législatives n’avait été que de 59,84 %, loin des 91 % historiques de 1975.
Qui sont les favoris de cette élection ?
Les derniers sondages placent la coalition de droite AD en tête avec 34 % des intentions de vote. Le PS recueille environ 26 %, suivi par le parti d’extrême droite Chega à 19 %. L’Initiative libérale complète le peloton avec 7 %.
Chega consolide ainsi sa position de troisième force politique. Quant à l’Initiative libérale, son rôle de faiseur de roi s’annonce crucial dans un Parlement potentiellement sans majorité claire.
Un gouvernement sans majorité absolue ?
Selon les projections, AD pourrait obtenir jusqu’à 95 sièges. Loin des 116 nécessaires pour gouverner seul. Luis Montenegro a réaffirmé son refus de pactiser avec Chega. Il mise donc sur une alliance avec les libéraux. Mais même ce tandem pourrait ne pas suffire.
Le scénario d’un Parlement bloqué reste donc probable. Une impasse politique que beaucoup de Portugais redoutent.
Les vraies préoccupations des Portugais
Logement inaccessible, inflation galopante, immigration sous tension : les électeurs attendent des réponses concrètes. Or, la campagne a été jugée terne, voire déconnectée.
« On a très peu parlé de l’Europe », déplore Isabel Monteiro, enseignante à Lisbonne. « Cette campagne a été ridicule », ajoute-t-elle. Ce sentiment de vacuité pourrait nourrir l’abstention et le scepticisme politique.
Des alliances difficiles à négocier
Luis Almeida, retraité, résume le dilemme : « Il faut faire des compromis. Mais les partis sont trop divisés ». Dans un tel contexte, les discussions post-électorales s’annoncent longues et complexes.
La nécessité de bâtir une coalition fonctionnelle semble évidente. Mais la volonté politique et les affinités idéologiques risquent de faire défaut.
Vers une répétition du blocage ?
À l’issue de ce scrutin, le Portugal pourrait bien se retrouver dans la même impasse qu’auparavant : un gouvernement sans majorité, des alliances fragiles, et un Parlement divisé.
Plus que jamais, les électeurs portugais semblent chercher de la stabilité dans une classe politique qui peine à la leur offrir. Une équation difficile à résoudre, à moins d’un sursaut collectif.
Et vous, pensez-vous que le Portugal trouvera une voie de sortie face à cette fragmentation politique ? Donnez votre avis dans les commentaires.