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Par Richard Poilroux – mai 2025
En Haïti, les enfants pris au piège d’un engrenage infernal
Depuis le début de l’année 2025, la situation sécuritaire en Haïti s’est dramatiquement dégradée. Plus de 80 % de la capitale, Port-au-Prince, est désormais sous le contrôle des gangs. Ces groupes armés imposent leur loi dans des quartiers entiers, multipliant assassinats, enlèvements, viols et pillages. Au cœur de cette spirale infernale : les enfants.
Des enfants enrôlés de force, poussés par la faim
L’UNICEF alerte : entre 2023 et 2024, le nombre d’enfants enrôlés dans les bandes armées a augmenté de 70 %. Aujourd’hui, près d’un membre de gang sur deux est un mineur. Ces chiffres vertigineux traduisent l’effondrement total des protections sociales dans le pays.
La majorité de ces enfants sont livrés à eux-mêmes. Orphelins, abandonnés ou élevés seuls par leur mère, ils n’ont plus accès ni à l’éducation, ni aux soins de base. Dans un pays où la nourriture manque, les gangs offrent un semblant de subsistance. Certains jeunes rejoignent les groupes armés pour une assiette de riz par jour.
Pétion-Ville attaqué : l’élite rattrapée par le chaos
Autrefois préservés, des quartiers comme Pétion-Ville, qui abritent les ambassades et les résidences de l’élite haïtienne, sont aujourd’hui la cible de raids violents. L’ambassade de France y a fermé ses portes au public. Malgré le soutien de l’ONU et la présence d’une mission de maintien de l’ordre menée par le Kenya, les gangs continuent leur progression, mettant en échec toute tentative de sécurisation.
Les mères, seules face à l’indicible
Les femmes, seules pour élever leurs enfants, subissent de plein fouet cette crise. Souvent victimes elles-mêmes de violences – y compris policières –, elles doivent faire face à l’impossible : protéger et nourrir leur progéniture dans un pays à l’abandon. L’émigration, souvent leur unique espoir, se heurte désormais à une politique de refoulement brutale menée par la République dominicaine.
Des expulsions massives et inhumaines
Chaque semaine, des milliers de Haïtiens – femmes et enfants en majorité – sont expulsés sans ménagement du territoire dominicain. Même celles qui s’étaient intégrées, ouvrant commerces ou salons de coiffure, sont renvoyées avec violence. Des vidéos filmées par des témoins montrent des familles entassées, humiliées, « stockées » comme du bétail avant d’être refoulées vers un pays en guerre.
Réfugiés ou ouvriers, tous traités comme des indésirables
Les hommes, pourtant indispensables à l’économie dominicaine, ne sont pas épargnés. Travailleurs sous-payés dans le bâtiment, ils sont régulièrement raflés, battus, parfois tués. Une vidéo glaçante montre un ouvrier haïtien frappé à mort à coups de pierre par un policier. Ce n’est pas un cas isolé. Les chantiers ferment, les tensions montent, et la haine raciale devient institutionnelle.
Une communauté internationale impuissante
Face à cette situation dramatique, les appels à l’aide de l’UNICEF et des ONG se multiplient. Catherine Russell, directrice générale de l’UNICEF, résume le drame : « Les enfants d’Haïti sont pris au piège d’un cercle vicieux : ils sont recrutés par les groupes armés qui alimentent leur désespoir, et leur nombre ne cesse d’augmenter. »
Mais sur le terrain, rien ne change. Les missions internationales peinent à se déployer efficacement. L’élite locale s’enferme dans le silence. Le chaos devient la norme. Et les enfants deviennent les premières victimes de ce que certains n’hésitent plus à qualifier de guerre civile.
Haïti s’effondre, sous les yeux d’un monde indifférent. Les enfants, hier symboles d’avenir, sont aujourd’hui soldats malgré eux. Tant que les causes profondes – pauvreté, corruption, abandon international – ne seront pas traitées, ce carnage silencieux continuera. Il est temps d’agir, avant que cette génération perdue ne soit totalement sacrifiée.
Et vous, que pensez-vous de cette tragédie ignorée ? Laissez-nous votre avis en commentaire.