Pneus défectueux : Goodyear dans la tourmente judiciaire française

Le géant américain Goodyear est dans le viseur de la justice française. Trois collisions mortelles, survenues en 2014 et 2016, ont relancé l’enquête ouverte à Besançon en 2016. Quatre personnes ont trouvé la mort après l’éclatement de pneus avant gauche sur des poids lourds. Tous ces véhicules étaient équipés de pneus Goodyear Marathon LHS II ou LHS II +.

Mardi 13 mai 2025, Goodyear Operations a été convoquée par un juge d’instruction en vue d’une mise en examen. Sa filiale française a confirmé son inculpation, déclarant coopérer pleinement. Le lendemain, un représentant de Goodyear France, distributeur des pneus dans l’Hexagone, devait également être entendu.

Les chefs d’accusation sont graves : homicides involontaires, tromperie sur les qualités substantielles d’une marchandise, et pratiques commerciales trompeuses. Le parquet évoque une amende pouvant atteindre 10 % du chiffre d’affaires mondial du groupe. Des perquisitions ont eu lieu en mai 2024 en France, au Luxembourg et à Bruxelles, siège européen de Goodyear.

Les experts désignent des défauts internes de fabrication, et non des causes extérieures. Selon l’enquête, la firme aurait connu ces défauts dès 2013. Goodyear aurait alors lancé des échanges « volontaires » permettant de retirer la moitié des pneus défectueux. Mais aucun rappel impératif n’a été mis en œuvre. Pire, certains pneus sont toujours vendus d’occasion en Europe de l’Est.

L’ancien procureur de Besançon, Étienne Manteaux, parle d’une stratégie « systémique de dissimulation ». Une volonté manifeste de préserver l’image de la marque, au détriment de la sécurité. Quatre autres collisions similaires, bien que prescrites, ont été versées au dossier à titre informatif.

L’origine de l’affaire remonte à la plainte de Sophie Rollet, veuve d’un chauffeur décédé sur l’A36. Refusant l’abandon du dossier, elle a lancé sa propre enquête. Son combat a permis d’ouvrir cette instruction devenue internationale.

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