Le 13 mars 2025, une nouvelle affaire de corruption a éclaté au sein du Parlement européen. Cette fois, le géant chinois des télécommunications Huawei est impliqué. Des lobbyistes travaillant pour Huawei sont soupçonnés d’avoir corrompu une quinzaine d’eurodéputés pour favoriser les intérêts commerciaux de l’entreprise. Cette affaire, surnommée « Huaweigate », survient moins de trois ans après le scandale du « Qatargate ». Les autorités belges ont mené une vingtaine de perquisitions en Belgique et au Portugal, et une personne a été arrêtée en France.
Une Opération Policière de Grande Envergure
Le jeudi 13 mars 2025, la police belge a mené une vaste opération impliquant une centaine de policiers. Une vingtaine de perquisitions ont été effectuées dans les trois régions de Belgique – Flandre, Wallonie et Bruxelles – ainsi qu’au Portugal. Les bureaux bruxellois de Huawei et plusieurs domiciles privés ont été ciblés. Plusieurs personnes, dont d’anciens et actuels lobbyistes de Huawei, ont été interpellées pour être auditionnées. Une personne a également été arrêtée en France suite à un mandat d’arrêt européen.
Au sein du Parlement européen, des scellés ont été posés sur les bureaux de deux assistants parlementaires supposément impliqués. La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a été informée de la situation. L’institution a confirmé avoir reçu une demande de coopération de la part des autorités belges. Plusieurs documents et objets, notamment des appareils électroniques, ont été saisis lors de ces perquisitions.
Un Mécanisme de Corruption Sophistiqué
Selon le parquet fédéral belge, la corruption aurait été pratiquée régulièrement et discrètement de 2021 à ce jour, sous couvert de lobbying commercial. Les activités illégales auraient pris diverses formes, notamment des rémunérations pour des prises de position politique favorables à Huawei, ainsi que des cadeaux démesurés comme des frais de bouche, de voyage, ou encore des invitations à des matches de football.
L’objectif de ces pratiques aurait été de promouvoir les intérêts commerciaux de Huawei dans le cadre de décisions politiques. Les versements ou autres avantages patrimoniaux auraient été dissimulés dans des flux financiers liés à des prises en charge de frais de conférences, payés à différents intermédiaires. Cette méthode de dissimulation aurait permis de contourner les règles de transparence du Parlement européen tout en influençant les décisions politiques concernant le marché des télécommunications en Europe.
Les Figures Clés de l’Affaire
Au cœur de l’enquête figure un ex-assistant parlementaire de 41 ans, identifié par certains médias comme Valerio Ottati. Il aurait été employé comme directeur des affaires publiques au bureau bruxellois d’Huawei. Après avoir travaillé pour des députés italiens impliqués dans les dossiers chinois du Parlement européen, il aurait développé un réseau d’influence au sein de l’institution européenne.
Bien que l’enquête mentionne qu’une quinzaine d’eurodéputés, anciens et nouveaux, seraient concernés par ces faits, aucun nom n’a été dévoilé à ce stade. Le parquet belge a précisé que les données à caractère personnel ne peuvent être divulguées à ce stade. Néanmoins, aucun eurodéputé ne comptait parmi les personnes interpellées le 13 mars.
Un Contexte Sensible pour le Parlement Européen
Cette affaire de corruption présumée intervient dans un contexte particulièrement sensible pour le Parlement européen. Il s’agit du deuxième scandale majeur à frapper l’institution en moins de trois ans. En décembre 2022, le scandale dit du « Qatargate » avait déjà sérieusement entaché la réputation de la seule institution élue de l’Union européenne.
Dans l’affaire du Qatargate, la justice belge enquête depuis 2022 sur des faits impliquant plusieurs eurodéputés ou ex-eurodéputés socialistes soupçonnés d’avoir été corrompus par le Qatar et le Maroc. Ces deux pays sont soupçonnés d’avoir fait des cadeaux ou versements en espèces afin d’améliorer leur image en matière de droits humains. À la suite de ce scandale, le Parlement européen avait renforcé ses règles d’éthique et de transparence.
Implications pour Huawei et Réactions
Cette enquête survient à un moment où Huawei fait déjà face à des défis significatifs en Europe. L’entreprise chinoise de télécommunications, qui fournit des équipements pour les réseaux mobiles et autres infrastructures, a vu sa position en Europe se détériorer ces dernières années en raison de préoccupations concernant la sécurité nationale exprimées par plusieurs pays occidentaux, notamment les États-Unis.
Sollicité par les médias, le groupe Huawei n’avait pas encore communiqué officiellement sur cette affaire au moment des premières révélations. Cette absence de réaction immédiate pourrait s’expliquer par la gravité des allégations et la nécessité pour l’entreprise de coordonner sa réponse face à des accusations qui pourraient avoir des conséquences significatives sur ses activités en Europe.
Du côté du Parlement européen, l’institution a indiqué « prendre acte » de la nouvelle enquête et a promis d’y « coopérer pleinement ». Si l’enquête concerne des membres actuels du Parlement européen, les autorités belges demanderont au Parlement de lever leur immunité parlementaire pour permettre la poursuite des investigations.
Les Prochaines Étapes de l’Enquête
L’enquête en est encore à ses débuts en termes de communication publique, mais plusieurs étapes cruciales sont à prévoir dans les semaines et mois à venir. Les documents et objets saisis lors des perquisitions devront faire l’objet d’analyses approfondies qui pourraient révéler l’étendue précise du réseau de corruption présumé.
Si l’enquête concerne effectivement des membres actuels du Parlement européen, une procédure de levée d’immunité parlementaire devra être engagée. Les personnes interpellées lors de l’opération du 13 mars seront auditionnées par la juge d’instruction pilotant les investigations, ce qui pourrait mener à des inculpations formelles si les soupçons sont confirmés. L’enquête pourrait également s’étendre à d’autres pays, comme le suggère déjà la perquisition menée au Portugal et l’arrestation réalisée en France.
Conclusion
Le scandale du lobbying de Huawei au Parlement européen représente une affaire de corruption d’une ampleur significative qui pourrait avoir des répercussions importantes tant sur le plan politique qu’économique. Après le Qatargate, cette nouvelle affaire risque d’entacher davantage la réputation du Parlement européen et de renforcer la méfiance de certains citoyens envers les institutions européennes.
Pour Huawei, déjà confronté à des défis considérables sur le marché européen en raison de préoccupations liées à la sécurité, ce scandale pourrait compliquer davantage sa position et ses activités dans l’Union européenne. Les allégations de tentatives d’influence politique par le biais de corruption pourraient également affecter les relations plus larges entre l’UE et la Chine, dans un contexte déjà marqué par des tensions commerciales et géopolitiques.
L’enquête en cours devrait apporter dans les semaines et mois à venir des éclaircissements sur l’étendue précise de ce réseau présumé de corruption, sur l’identité des eurodéputés potentiellement impliqués, et sur les décisions politiques qui auraient pu être influencées par ces pratiques. En attendant, cette affaire souligne l’importance des règles de transparence et d’éthique au sein des institutions européennes, ainsi que la nécessité de mécanismes de contrôle efficaces pour prévenir de telles situations à l’avenir.
N’hésitez pas à laisser un commentaire pour partager votre avis sur cette affaire et ses implications pour l’avenir des relations entre l’UE et la Chine.