Ma Prime Rénov’ en crise : pourquoi le dispositif déraille-t-il vraiment ?

Paiements en retard, dossiers bloqués, professionnels asphyxiés : ce lundi, la tension monte devant le siège de l’ANAH. Les entreprises du bâtiment, engagées dans la rénovation énergétique via Ma Prime Rénov’, dénoncent un système à bout de souffle. En cause ? Des retards de paiement atteignant 300 jours, des refus de dossiers sans justification, et une avalanche de contrôles.

Lancée en 2021, Ma Prime Rénov’ devait être la clé de voûte de la lutte contre les passoires thermiques. Mais à l’usage, le dispositif patine. Si 400 000 logements ont pu être rénovés en 2024 selon l’ANAH, les coulisses racontent une autre histoire : celle d’entreprises en difficulté, parfois forcées de licencier après avoir avancé les frais.

Le ministère du Logement rejette l’accusation. Pour lui, les délais de paiement ne changent pas. Ce sont les instructions de dossiers qui prennent du temps. La faute, dit-il, aux fraudes massives : en 2024, 45 000 dossiers frauduleux auraient été repérés, soit 10 % du total. De quoi ralentir toute la chaîne de traitement.

L’attente s’est encore aggravée avec l’absence de loi de finances début 2025. Le gouvernement promet un retour à la normale d’ici fin juin. Trop tard pour ceux qui croulent sous les avances non remboursées. Le budget 2025, présenté comme stable à 3,4 milliards d’euros, masque mal la baisse réelle par rapport aux 4,5 milliards votés début 2024. Une coupe d’un milliard opérée en urgence par le gouvernement Attal pour tenter de limiter les déficits.

Enfin, la méfiance gagne aussi les particuliers, lassés par les appels douteux et la complexité des démarches. Si Ma Prime Rénov’ continue d’attirer, elle peine à rassurer. Les professionnels demandent un choc de simplification et une remise à plat urgente du système.

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