Une victoire après des années de lutte
Après deux ans de combat acharné, les anciens mécaniciens de la Marine nationale ont obtenu une reconnaissance officielle de leur exposition à des agents cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Une avancée majeure pour ces vétérans, longtemps oubliés, et dont les risques sanitaires n’avaient jamais été pleinement reconnus, malgré des décennies passées à travailler dans des conditions dangereuses.
L’amiante, un risque parmi tant d’autres
Jusqu’ici, les discussions sur la santé des marins d’État s’étaient souvent concentrées sur les dangers liés à l’amiante, reléguant au second plan d’autres risques sanitaires tout aussi sérieux. À bord des « bateaux gris« , l’absence quasi totale d’équipements de protection individuelle à une époque révolue exposait les travailleurs à un cocktail de substances toxiques. Les CMR, regroupant des agents chimiques particulièrement nocifs, ont ainsi accompagné le quotidien des mécaniciens sans véritable prise en charge ni alerte sanitaire.
François Bothorel, vétéran ayant servi 26 ans dans la Marine nationale, a décidé de ne plus rester dans le silence. À la tête d’un collectif d’une vingtaine d’anciens mécaniciens, il a entrepris un bras de fer avec les autorités militaires pour obtenir la reconnaissance de cette exposition.
Une étape cruciale dans la reconnaissance
En novembre dernier, après onze années marquées par l’immobilisme administratif depuis la publication du décret 2013-513, François Bothorel a enfin reçu une attestation officielle de son exposition aux agents CMR. Ce document, émis par le bureau maritime des matricules, marque une avancée majeure. « Ce combat, mené contre l’oubli, illustre à quel point il est essentiel de défendre les droits des anciens militaires face aux risques professionnels », souligne-t-il.
Bien que le délai légal de deux mois pour délivrer ces attestations ne soit pas encore respecté, cette décision représente un soulagement pour les marins concernés. Ces documents permettent aux anciens mécaniciens d’accéder à un suivi médical post-professionnel et, dans certains cas, à une pension militaire d’invalidité.
Un enjeu de santé publique
Selon François Bothorel, ce sont potentiellement des milliers de vétérans mécaniciens qui pourraient bénéficier de ces attestations et du suivi médical qui en découle. Cette victoire n’efface pas les décennies de mépris institutionnel, mais elle amorce une reconnaissance indispensable pour ces anciens militaires souvent laissés pour compte.
La question reste ouverte : combien de vétérans, encore dans l’ombre, souffrent aujourd’hui des conséquences de cette exposition passée ?