Yasser Abu Shabab, né à Rafah le 19 décembre 1993, incarne une figure complexe du conflit qui ronge la bande de Gaza. Issu de la tribu bédouine Tarabin, présente du Néguev au Sinaï, il traîne un passé judiciaire chargé : trafic de drogues, multiples séjours en prison. Sa libération, en octobre 2023, coïncide étrangement avec les bombardements israéliens sur les prisons du Hamas.
Depuis, il dirige une milice baptisée « Forces populaires » ou « Service antiterroriste ». Active à l’est de Rafah, non loin du point stratégique de Kerem Shalom, cette formation compteraient jusqu’à 200 membres. Leur activité intrigue et alarme : détournement de camions d’aide humanitaire, revente illégale de médicaments et de vivres, trafic structuré sous l’œil complaisant de l’armée israélienne, selon des sources onusiennes.
L’État hébreu assume désormais un appui tactique à ce groupe. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou l’a confirmé : des armes saisies au Hamas ont été transférées à Abu Shabab et à ses hommes. Objectif affiché : limiter les pertes israéliennes et affaiblir l’emprise du Hamas à Gaza. Une stratégie assumée de collaboration indirecte avec certains clans locaux.
Pourtant, Abu Shabab rejette toute connivence directe. Il se présente comme un protecteur des convois humanitaires et affirme soutenir des centaines de familles. Une version vivement contestée par le Hamas, qui le qualifie de traître et a tenté de l’éliminer. L’une de ces attaques a coûté la vie à son frère.
Désavoué publiquement par sa propre famille, qui refuse désormais de l’accueillir, Abu Shabab symbolise les fractures profondes de la société gazaouie. Entre clans divisés, groupes armés rivaux et stratégies étrangères, l’ombre de ce chef de milice révèle une guerre bien plus interne qu’il n’y paraît.
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