Sébastien Chabal révèle une amnésie totale de ses matchs : que nous dit son témoignage sur les risques du rugby professionnel ?

Le silence d’un guerrier devenu témoin
C’est une confession rare. Et glaçante. Sébastien Chabal, colosse emblématique du rugby français, vient de livrer un témoignage qui frappe autant que ses plaquages. Invité sur le podcast Legend animé par Guillaume Pley, l’ancien international du XV de France a révélé ne conserver aucun souvenir des matchs qu’il a disputés. Aucun. Pas une passe, pas un essai, pas même l’hymne national entonné 62 fois avec le maillot bleu.

« Je n’ai aucun souvenir d’une seule seconde d’un match que j’ai joué », lâche-t-il d’une voix posée. Cette déclaration, anodine en apparence, jette une lumière crue sur les conséquences invisibles des commotions cérébrales chez les sportifs de haut niveau.


Un effacement brutal de la mémoire
La situation de Sébastien Chabal dépasse le cadre du sport. Il explique vivre une forme de dissociation, comme s’il n’avait jamais été acteur de sa propre vie. « J’ai l’impression que ce n’est pas moi qui ai joué au rugby », confie-t-il. Sa mémoire semble fragmentée, lacunaire, même sur des événements intimes comme la naissance de sa fille.

Ce vide neurologique, il le relie aux « pètes au casque » reçus durant sa carrière. Un terme trivial, presque folklorique dans le jargon rugbystique, mais qui désigne des traumatismes crâniens aux effets dévastateurs. Dans son style direct, il parle du « pâté qui a touché la boîte », expression imagée pour désigner une lésion cérébrale.


Refus d’un diagnostic médical
Plus troublant encore, Chabal refuse de consulter un neurologue. « La mémoire ne reviendra pas », dit-il, fataliste. Cet aveu soulève une question éthique : comment alerter sur les dangers neurologiques sans stigmatiser les anciens joueurs ? En choisissant de ne pas se joindre aux procédures collectives intentées par d’anciens internationaux contre les fédérations, Chabal préfère le silence à la confrontation judiciaire.


Un cas emblématique d’un fléau silencieux
Le cas Chabal ne constitue malheureusement pas une exception. D’autres figures du rugby, comme Steve Thompson, champion du monde anglais en 2003, témoignent également d’amnésies massives. Une étude de l’université de Glasgow, publiée dans le Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, révèle des chiffres préoccupants :

  • Les anciens joueurs de rugby international présentent 2,5 fois plus de risques de développer une maladie neurodégénérative.
  • Le risque de Parkinson est multiplié par trois.
  • Et celui de maladies du motoneurone, comme la SLA, est quinze fois plus élevé.

De la gloire à l’oubli : le paradoxe Chabal
La mémoire effacée de Chabal contraste violemment avec son image publique. Sa silhouette massive, sa barbe légendaire, ses charges féroces restent gravées dans l’imaginaire collectif. Son essai contre la Nouvelle-Zélande, ses apparitions dans des pubs, son surnom de « Caveman » : tout cela appartient à la mémoire des fans. Mais pas à la sienne.

Dans une époque où le rugby se modernise, le témoignage de Chabal interroge : que reste-t-il d’une carrière si les souvenirs s’effacent ? Son récit, dénué de plainte, sonne comme un avertissement tranquille mais implacable.


Rugby professionnel : vers une mutation nécessaire ?
Le rugby moderne a multiplié les mesures de sécurité : protocoles commotion, suivi médical renforcé, évolution des règles. Mais cela suffit-il ? Les corps sont toujours plus massifs, les impacts plus violents, et la répétition des chocs semble inévitable.

Faut-il aller plus loin ? Changer les règles du jeu ? Renforcer la prévention dès les catégories jeunes ? Les propos de Chabal soulèvent ces questions avec la puissance d’un silence : celui du vide, celui de l’oubli, celui d’un héros qui ne se souvient plus de ses exploits.


Le témoignage de Sébastien Chabal marque un tournant. Il ne dénonce pas, il partage. Il ne réclame pas, il constate. Mais son récit a valeur d’alerte. Il nous rappelle que derrière le spectacle, derrière les trophées, il y a des hommes fragiles. Et que parfois, la plus grande violence du sport, c’est l’oubli.

🗨 Et vous, que pensez-vous des révélations de Sébastien Chabal ? Le rugby doit-il évoluer pour protéger ses joueurs ? Laissez votre avis en commentaire.

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