Un nouveau coup de filet médiatique signé CMA Média
Vendredi 9 mai, le groupe CMA Média a frappé un grand coup en annonçant la signature d’une promesse d’achat de Chérie 25, chaîne numéro 25 sur la TNT. Une annonce qui intervient à peine un an après l’acquisition par le groupe des poids lourds que sont BFM-TV, RMC et leurs déclinaisons. Cette fois, c’est au tour de la chaîne de divertissement, jusqu’ici propriété du NRJ Group, de passer sous pavillon Saadé.
Un rachat conditionné, mais déjà lourd de conséquences
La finalisation de la transaction reste soumise à l’accord de l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel, ainsi qu’à une consultation des représentants du personnel. Pourtant, tout indique que l’intégration de Chérie 25 dans l’offre CMA Média est déjà bien planifiée. Le communiqué évoque une volonté claire de consolider le pôle « divertissement » du groupe, aux côtés de la plateforme RMC BFM Play, appelée à devenir RMC+ dès 2026.
La chute de NRJ12, déclencheur de la vente ?
Ce virage stratégique de NRJ Group intervient dans un contexte tendu. En juillet 2024, l’Arcom décidait d’exclure NRJ12 de la TNT, dénonçant une programmation saturée de rediffusions. Cette exclusion, effective depuis février 2025, a fortement fragilisé l’équilibre économique du pôle télévision du groupe. Jean-Paul Baudecroux, patron de NRJ Group, avait alors laissé entendre que la cession de Chérie 25 pourrait s’imposer comme une nécessité. C’est désormais chose faite.
Une opération stratégique pour CMA Média
Pour CMA Média, ce rachat n’est pas anodin. Il illustre une stratégie claire : créer un écosystème médiatique puissant, intégré et multi-supports. Après la presse écrite avec La Provence, l’économie avec La Tribune, la vidéo en ligne avec Brut, puis les mastodontes BFM-TV et RMC, c’est désormais le divertissement télévisuel qui entre dans leur giron.
Chérie 25, chaîne orientée vers une programmation féminine et familiale, complète ainsi l’offre de CMA Média. Elle pourrait offrir de nouveaux espaces de diffusion pour des contenus originaux, tout en renforçant l’audience globale du groupe.
Rodolphe Saadé, bâtisseur d’un empire médiatique ?
Derrière CMA Média se trouve Rodolphe Saadé, patron du géant maritime CMA CGM. Depuis 2022, il multiplie les investissements dans les médias. Un choix stratégique mais aussi politique : asseoir une influence culturelle et informationnelle, tout en s’ancrant localement à Marseille, ville siège du groupe.
Le rachat de Chérie 25 s’inscrit dans cette même logique d’expansion verticale. Le groupe se dote ainsi d’une capacité de production, de diffusion et de monétisation sur l’ensemble de la chaîne de valeur médiatique.
Une direction musclée et un cap affirmé
La direction de CMA Média a connu plusieurs remaniements en 2024. Jean-Christophe Tortora, ancien patron de La Tribune, assure désormais la direction générale exécutive. Il incarne une vision managériale tournée vers l’expansion et l’innovation. À ses côtés, Véronique Albertini-Saadé joue un rôle de supervision stratégique en tant que présidente non exécutive.
Le message est clair : CMA Média veut peser dans le paysage audiovisuel français, sans négliger son attachement à Marseille, son ancrage territorial et sa volonté affichée d’indépendance éditoriale.
Une indépendance éditoriale sous tension
Si CMA Média affiche son attachement à la liberté des rédactions, cette promesse reste sous surveillance. En novembre 2023, des tensions sociales ont secoué La Provence avec une grève et la suppression de 30 postes. Jean-Christophe Tortora reconnaît des erreurs mais insiste sur la volonté de dialogue. Une nouvelle charte d’indépendance avec les syndicats est en cours de finalisation.
L’enjeu est double : rassurer les rédactions tout en poursuivant une stratégie de rationalisation et de croissance.
Le pari d’une convergence médias
Avec Chérie 25, CMA Média pourrait activer une synergie entre ses différents canaux : diffusion de magazines économiques sur la TNT, production de contenus cross-plateformes, mutualisation des équipes, publicités croisées… La plateforme RMC+, attendue pour 2026, pourrait devenir un carrefour de ces convergences.
Marseille, laboratoire d’un nouveau modèle médiatique ?
Tous les signaux pointent vers une centralisation progressive à Marseille. Le futur siège de La Provence, baptisé « Grand Central », accueillera dès septembre 2024 une partie des opérations. CMA CGM investit également dans la formation et l’innovation, via le centre Tangram, inauguré avec le Président de la République. Le choix de Marseille comme hub stratégique témoigne d’une volonté de recentrer les médias en région, loin de Paris.
Vers un paysage médiatique recomposé
Le rachat de Chérie 25 par CMA Média marque une nouvelle étape dans la recomposition du paysage audiovisuel français. En misant sur une offre diversifiée et intégrée, le groupe de Rodolphe Saadé poursuit sa montée en puissance. Mais cette ambition soulève des questions : quelle place réelle pour l’indépendance éditoriale ? Quels risques de concentration ? Quelle valeur ajoutée pour les citoyens et téléspectateurs ?
Et vous, que pensez-vous de ce rachat ? Donnez votre avis dans les commentaires ci-dessous.
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