Une paranoïa armée contre les services météo américains
Aux États-Unis, une milice radicale, Veterans on Patrol, cible les radars météo du gouvernement, les accusant de manipulations climatiques malveillantes. Cette croyance conspirationniste, désormais couplée à des actes de terrain, inquiète les agences fédérales.
Depuis quelques mois, les agents du Service météorologique national américain travaillent sous tension. Le 6 mai dernier, ils ont reçu une consigne inhabituelle : adopter un système de binômes pour assurer leur sécurité. La cause ? Des menaces croissantes liées à une milice d’extrême droite, Veterans on Patrol (VOP), qui les considère comme complices d’un vaste complot climatique.
Le groupe accuse les installations radar NEXRAD — utilisées pour prévoir les tornades et tempêtes — d’être en réalité des « armes météorologiques » déployées contre les citoyens américains. Des propos infondés qui alimentent une défiance armée à l’égard des institutions.
Veterans on Patrol : une dérive militante préoccupante
Créé en 2013 en Arizona, VOP affichait au départ une mission humanitaire : soutenir les vétérans en détresse et les sans-abri. Mais son fondateur, Michael Lewis Arthur Meyer, n’est pas un vétéran. Son passé militant, émaillé de provocations médiatiques et d’arrestations, a progressivement orienté le groupe vers une ligne radicale.
En 2014, il participait à la confrontation armée du ranch Bundy contre le gouvernement fédéral. L’année suivante, il hissait un drapeau américain inversé au sommet d’un mât de 24 mètres. Depuis, sa structure a glissé vers une forme de milice, aux allures paramilitaires assumées.
Virage complotiste et influence de QAnon
Dès 2018, le groupe adopte les codes du mouvement QAnon. Sur ses canaux numériques, le hashtag #WWG1WGA devient omniprésent. Ce changement idéologique l’éloigne définitivement de sa mission initiale.
Désormais, VOP prétend lutter contre un prétendu trafic d’enfants piloté par des élites américaines. George Soros et la famille Clinton sont régulièrement pointés du doigt dans leurs publications, sans preuve.
La théorie de l’ »arme météorologique »
La dernière lubie de VOP : les radars NEXRAD. Ces installations scientifiques, déployées dans les années 1990, permettent aux météorologues de détecter les précipitations et d’alerter la population en cas de danger.
Selon VOP, ces équipements émettraient des ondes nocives utilisées comme des armes contre le peuple. Une logique floue, mais véhiculée avec suffisamment d’insistance pour provoquer des actes.
Sur les réseaux sociaux, le groupe a partagé des « exercices de pénétration » de sites NEXRAD. L’objectif ? Identifier des failles pour les neutraliser. Ces appels à l’action se multiplient, inquiétant la NOAA, l’agence océanique et atmosphérique des États-Unis.
La réponse des autorités face à une menace grandissante
Face à cette radicalisation, les employés du service météo ont reçu l’ordre de rester en alerte et de limiter les déplacements seuls.
La NOAA confirme plusieurs intrusions, physiques ou numériques, sur des sites stratégiques. Ces actes restent pour l’instant isolés, mais la tension monte, et les milices comme VOP recrutent toujours plus.
À la frontière, des opérations de « vigilantisme »
VOP ne se limite pas aux radars. Le groupe mène régulièrement des « patrouilles » à la frontière sud, prétendument pour lutter contre le trafic humain.
À coups de vidéos diffusées sur Telegram ou YouTube, ils montrent leurs « interceptions » de migrants. Dans plusieurs cas, des agents fédéraux ont même réagi à leurs appels, révélant une forme de tolérance informelle préoccupante.
Entraînements armés et organisation structurée
L’organisation s’appuie sur une hiérarchie stricte. Les nouveaux venus doivent suivre un entraînement tactique et passer un test de tir pour être autorisés à porter une arme.
Selon l’Institute for Constitutional Advocacy and Protection, ces pratiques enfreignent les lois de l’Arizona, qui interdisent la formation de milices privées. Mais les autorités peinent à faire appliquer ces règles.
L’expansion silencieuse vers d’autres États
Initialement cantonnée à l’Arizona, VOP étend aujourd’hui ses activités. À Spokane, dans l’État de Washington, des membres du groupe ont mené des « recherches » de victimes de trafic, sans coordination avec les autorités locales.
Meyer affirme disposer de plus de 300 membres actifs et gérer plusieurs refuges pour sans-abri. Il revendique aussi l’aide de milliers d’enfants migrants, un chiffre invérifiable.
Une réalité scientifique ignorée
Le système NEXRAD n’a rien de militaire. Il permet la détection précise des orages, des tornades ou des vents violents. Ces radars Doppler utilisent des ondes radio pour suivre les mouvements de la pluie et des nuages.
Ils servent aussi à la sécurité aérienne et à l’armée de l’air. Loin d’être des outils d’oppression, ils sauvent des vies chaque jour.
L’affaire Veterans on Patrol illustre une dérive dangereuse des mouvements conspirationnistes armés aux États-Unis. En mêlant actions sur le terrain, discours radicalisé et désinformation, ce groupe menace des infrastructures publiques essentielles.
La science climatique devient ici l’objet d’un rejet violent, nourri par la défiance à l’égard de l’État. Face à cette réalité, la vigilance des institutions reste cruciale. Source
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