Soudan : frappes meurtrières au Darfour, civils et cliniques en ligne de mire
Le Darfour, théâtre d’un conflit sans fin, subit une nouvelle escalade de violences. Au moins 19 personnes ont péri ce week-end sous les bombes, alors que l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) s’affrontent sans épargner les populations. À Nyala, un drone de l’armée a frappé la clinique Yashfeen, tuant 12 patients et soignants. Les paramilitaires, dirigés par le général Hemetti, contrôlent la ville depuis des mois.
Les frappes ont aussi visé El-Fasher, capitale du Darfour du Nord. Sept civils y ont été tués samedi soir, selon une source médicale locale. Les bombardements, d’une intensité rare, empêchent les blessés d’atteindre l’hôpital. Vingt-deux d’entre eux se trouvent dans un état critique, mais le bilan pourrait s’alourdir. Les routes coupées et la peur paralysent les secours.
Pourquoi cibler une clinique ? Les FSR accusent l’armée de vouloir affaiblir leur emprise sur Nyala, où un gouvernement parallèle vient d’être installé. Mohamed Hassan Al-Ta’ayshi, nommé Premier ministre dimanche, incarne cette scission politique. Pourtant, les civils paient le prix fort. Depuis deux ans, 80 % des structures de santé ont fermé, plongeant la région dans une crise humanitaire aiguë.
Les témoignages se multiplient. Une source d’Emergency Lawyers, sous couvert d’anonymat, évoque des dizaines de victimes potentielles parmi les patients et le personnel soignant. Les frappes aveugles transforment les hôpitaux en zones de guerre. Qui protègera les médecins et les malades dans ce chaos ?
La communauté internationale reste silencieuse. Pourtant, chaque attaque rappelle l’urgence d’une trêve. Les civils, pris entre deux feux, n’ont plus d’échappatoire. Les ONG dénoncent une stratégie de la terreur, où les infrastructures vitales deviennent des cibles. Source
Ukraine : l’assassinat de Paroubiy relance la menace des listes noires russes
Un coup de feu a mis fin à la vie d’Andriy Paroubiy, samedi 30 août à Lviv. Figure emblématique de la révolution de Maidan en 2014, ce député nationaliste ukrainien a été abattu en pleine rue. Son meurtre ravive les craintes liées aux « kill lists » attribuées aux services russes, alors que la guerre entre Moscou et Kyiv entre dans une phase encore plus sombre.
L’histoire ne commence pas en 2022, mais bien en 2014. Le 22 janvier de cette année-là, le régime de Viktor Ianoukovitch, soutenu par le Kremlin, ouvre le feu sur des manifestants pacifiques. La révolte s’embrase. Dans les rues de Kyiv, des unités d’autodéfense, inspirées des traditions cosaques, se forment pour résister aux forces anti-émeutes Berkout. Andriy Paroubiy, alors coordinateur des insurgés, incarne cette résistance. Autour de lui, libéraux et nationalistes unissent leurs forces pour renverser le pouvoir en place.
Onze ans plus tard, Paroubiy, âgé de 54 ans, tombe sous les balles d’un tireur non identifié. Huit impacts l’ont atteint, selon les premiers rapports. Son assassinat rappelle celui d’autres personnalités ukrainiennes, ciblées pour leur rôle dans la lutte contre l’influence russe. Ces meurtres systématiques évoquent une stratégie délibérée : éliminer ceux qui symbolisent la résistance ukrainienne.
Les « kill lists » ne sont pas une légende. Plusieurs rapports des services de renseignement ukrainiens et occidentaux ont confirmé leur existence. Des noms y figurent, classés par ordre de priorité. Paroubiy en faisait partie, comme d’autres vétérans de Maidan. Leur crime ? Avoir osé défier Moscou, avoir écrit les premières pages d’une Ukraine indépendante. Source
Gaza : pourquoi les journalistes palestiniens risquent leur vie pour informer
Depuis des mois, les reporters locaux paient un lourd tribut à Gaza. Près de 180 médias internationaux, réunis par Reporters sans frontières et Avaaz, ont lancé un appel urgent ce 1ᵉʳ septembre. Leur objectif ? Faire cesser les attaques ciblant les professionnels de l’information dans l’enclave assiégée.
Un journaliste palestinien, sous couvert d’anonymat, décrit une réalité insoutenable. « Trouver de l’eau ou de la nourriture relève de l’exploit », confie-t-il au Monde via un message vocal. Malgré tout, il persiste. « Mon rôle est de donner la parole à ceux qu’on n’entend pas. » Son engagement, il le vit comme un devoir, malgré l’épuisement et la peur constante.
Les rédactions étrangères, privées d’accès à Gaza, dépendent entièrement de ces correspondants locaux. Sans eux, aucune image, aucun témoignage ne filtrerait. Pourtant, chaque reportage pourrait être le dernier. « On se dit que le prochain mort sera peut-être l’un des nôtres », murmure un rédacteur en chef parisien.
Ce reporter, comme tant d’autres, rêve d’une issue : quitter Gaza avec sa famille. « Nous méritons une existence normale, pas une survie au jour le jour. » Mais pour l’instant, il reste. Parce qu’informer, c’est résister.
Les chiffres sont accablants : depuis octobre 2023, plus de 100 journalistes et travailleurs des médias ont péri sous les bombes, selon le Comité pour la protection des journalistes. Chaque jour, ils bravent les risques pour documenter l’horreur. Leurs récits, leurs vidéos, leurs photos deviennent les seules fenêtres ouvertes sur un territoire coupé du monde. Source
Venezuela : Maduro brandit la menace américaine, Trump joue-t-il avec le feu ?
Nicolas Maduro a harangué des centaines de soldats vénézuéliens, les appelant à se préparer face à une prétendue invasion américaine. Cette déclaration survient alors que les tensions entre Caracas et Washington atteignent un niveau inédit. Donald Trump, de son côté, a déployé des navires de guerre et un sous-marin nucléaire dans les Caraïbes. Faut-il y voir une réelle menace ou une simple démonstration de force ?
Selon une analyse publiée par le consortium de journalistes Connectas, la relation entre Maduro et Trump suit une escalade calculée. Un ancien diplomate américain, interrogé par le média, qualifie cette dynamique de « démonstration de force performative ». Trump, tout en provoquant le Venezuela, maintient des accords pétroliers avec la compagnie Chevron, signés il y a seulement un mois. Une stratégie ambiguë qui interroge : cherche-t-il à affaiblir Maduro ou à servir des intérêts économiques ?
Pour l’historienne brésilienne Sylvia Colombo, cette crise pourrait finalement profiter à Maduro. En brandissant la menace extérieure, le président vénézuélien renforce son discours sur la défense de la souveraineté nationale. Une tactique déjà utilisée par d’autres gouvernements en perte de vitesse pour mobiliser l’opinion publique. La population vénézuélienne, confrontée à une crise économique persistante, pourrait ainsi se rallier derrière son dirigeant.
Les chercheurs sud-américains soulignent un paradoxe : Trump multiplie les gestes hostiles, mais évite une confrontation directe. Pourquoi envoyer des navires si ce n’est pour marquer des points politiques ? Maduro, lui, transforme cette pression en opportunité. Il utilise la rhétorique anti-impérialiste pour détourner l’attention des difficultés internes. Une manœuvre classique, mais qui fonctionne encore. Source
Yémen : les Houthis arrêtent 11 employés de l’ONU après une frappe israélienne meurtrière
Une nouvelle escalade secoue le Yémen. Les rebelles houthis ont arrêté au moins 11 employés des Nations unies à Sanaa, leur bastion, en représailles à la frappe israélienne ayant tué leur Premier ministre, Ahmed al-Rahawi, jeudi dernier. Plusieurs membres de son gouvernement ont également péri dans l’attaque, déclenchant une vague de répression immédiate.
Dès dimanche, les forces houthis ont lancé des raids ciblés contre les bureaux du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef. Des employés ont été interrogés dans les parkings, du matériel saisi, et plusieurs agents restent introuvables. L’ONU craint qu’ils n’aient été détenus arbitrairement. Hans Grundberg, envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, a réagi sans détour : « Je condamne fermement ces détentions. Nous exigeons leur libération immédiate. »
Cette opération s’inscrit dans une campagne de répression croissante. Depuis des mois, des dizaines de membres d’ONG, de personnel onusien et d’anciens employés de l’ambassade américaine subissent arrestations et interrogatoires. Les Houthis justifient ces mesures par des accusations d’espionnage et de collusion avec des puissances étrangères. Pourtant, les agences humanitaires dénoncent une entrave à leur mission dans un pays déjà ravagé par la guerre et la famine.
Le PAM et l’Unicef tentent désormais d’évaluer l’ampleur des détentions. Leurs équipes vérifient un à un le sort de leurs collaborateurs à Sanaa et dans les zones sous contrôle houthi. Mais dans un contexte de tensions extrêmes, chaque heure compte. Les organisations internationales appellent à la retenue, tandis que les familles des disparus attendent des réponses. Source
Thaïlande : 38 Cambodgiens interceptés à la frontière, la misère pousse à l’exil
Dans la nuit du 30 août 2025, les militaires thaïlandais ont arrêté 38 ressortissants cambodgiens en situation irrégulière. Le groupe, composé de 20 hommes, 17 femmes et une enfant, tentait de traverser discrètement la frontière près de Ban Non Khi Lek. Repérés dans une plantation de canne à sucre, ils ont été interceptés à seulement deux kilomètres de la ligne frontalière.
Les autorités locales ont rapidement pris en charge les migrants. Selon leurs premiers témoignages, la précarité économique au Cambodge les aurait poussés à risquer le passage clandestin. La Thaïlande, souvent perçue comme un eldorado pour les travailleurs pauvres de la région, attire chaque année des milliers de personnes en quête d’emplois mal rémunérés mais vitaux.
Les 38 individus ont été transférés vers le poste de la 1204e compagnie de rangers. Les services d’immigration de Sa Kaeo doivent désormais statuer sur leur sort. Leur renvoi vers le Cambodge semble probable, sauf si des demandes d’asile ou des situations humanitaires particulières émergent.
Cette interception s’inscrit dans un contexte de tensions récurrentes autour de la migration illégale en Asie du Sud-Est. Les frontières poreuses et les réseaux de passeurs facilitent les traversées, malgré les risques d’exploitation et d’arrestation. Les autorités thaïlandaises renforcent régulièrement leurs contrôles, mais la misère persiste. Elle force des familles entières à braver les dangers pour survivre.
Les migrants arrêtes ont expliqué fuir un quotidien sans perspective. Le Cambodge, malgré une croissance économique fragile, peine à offrir des emplois stables à une partie de sa population. La Thaïlande, avec ses secteurs agricoles et industriels gourmands en main-d’œuvre, reste une destination prisée. Pourtant, sans papiers, ces travailleurs s’exposent à l’arbitraire, aux abus et à des conditions de vie précaires.
La présence d’une enfant parmi eux rappelle aussi l’urgence de la situation. Les familles n’ont souvent d’autre choix que de tenter leur chance, quitte à mettre en danger leurs proches. Les ONG alertent depuis des années sur les risques encourus : trafic d’êtres humains, travail forcé ou détention arbitraire. Source
