Taïwan se retrouve une fois de plus dans une position délicate. Coincée entre les tensions douanières déclenchées par Donald Trump et la menace constante d’invasion chinoise, l’île tente de préserver sa relation stratégique avec Washington tout en protégeant ses intérêts industriels.
J’ai visionné la déclaration du président William Lai, diffusée dimanche dans une vidéo officielle. Il y affirme vouloir « aider l’administration Trump à réduire son déficit commercial » tout en écartant l’idée de riposte tarifaire. Une retenue diplomatique dictée par des impératifs géopolitiques et économiques. L’enjeu : continuer à bénéficier du soutien militaire américain face aux ambitions de Pékin.
En 2023, nos exportations vers les États-Unis ont représenté 111,4 milliards de dollars, soit 23,4 % de nos échanges. Deux tiers de ces exportations concernaient des produits de haute technologie. Heureusement, les semi-conducteurs — dont nous produisons 90 % des puces les plus avancées — échappent pour l’instant aux nouvelles taxes. C’est un secteur crucial, au cœur du développement de l’intelligence artificielle mondiale.
Pour éviter une escalade commerciale, notre gouvernement mise sur le renforcement des investissements aux États-Unis. Le géant TSMC a déjà promis 100 milliards de dollars d’investissements. D’autres entreprises taïwanaises sont incitées à suivre, dans les domaines technologiques, industriels et énergétiques.
Objectif : réduire le déficit commercial américain, évalué à 74 milliards de dollars, et décrocher un accord de libre-échange équivalent à l’ACEUM.
En parallèle, Taïwan continue de recevoir des soutiens militaires massifs. Après la vente de systèmes de liaison et de canons, d’un montant de 295 millions de dollars, et l’aide directe de 571 millions par le biais du Presidential Drawdown Authority, d’autres achats stratégiques sont envisagés, pour un montant estimé entre 7 et 10 milliards de dollars.
Mais cette dépendance a un prix. L’équilibre est fragile. Ménager Trump sans affaiblir nos intérêts, tout en se tenant prêt face à Pékin, voilà le défi.
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