L’affaire fait grand bruit dans le milieu médical. L’Assurance maladie a annoncé ce 7 avril 2025 le déconventionnement de sept centres du réseau Ophtalmologie Express, un coup de semonce qui illustre une stratégie ferme de lutte contre les abus. Ces établissements répartis dans cinq régions françaises sont accusés d’avoir mis en place un système de fraude organisé, entraînant un préjudice estimé à 6,6 millions d’euros pour les finances publiques.
Une fraude méthodique dans un réseau en pleine expansion
L’origine de l’affaire remonte à une série de contrôles enclenchés par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). En cause : des anomalies récurrentes dans les factures de soins. Très vite, l’hypothèse d’erreurs est balayée. Les autorités découvrent une mécanique bien huilée de fausses facturations, d’actes non réalisés et de soins déclarés sans présence de professionnel de santé qualifié.
Le réseau visé, Ophtalmologie Express, avait pourtant bâti sa notoriété sur une promesse alléchante : « un rendez-vous en dix jours ». Fondé en 2017 par Steeve Krief, le groupe exploitait neuf centres à travers la France, dans un contexte de forte demande en ophtalmologie. Mais derrière l’efficacité affichée se cachait une réalité bien moins reluisante.
Des centres sous surveillance depuis des mois
La descente a été progressive mais déterminée. Dès le 30 janvier 2024, plusieurs établissements du groupe font l’objet de perquisitions simultanées à Metz, Reims, Paris, Le Havre et Lorient. Ces interventions, menées par la gendarmerie de Reims avec le concours de l’Office central de lutte contre le travail illégal (OCLTI), visent à recueillir les preuves de pratiques illicites.
Les résultats ne tardent pas. Une « task force » spéciale passe au crible les neuf centres. Rapidement, sept d’entre eux sont jugés fautifs, conduisant à leur déconventionnement immédiat, sans possibilité de remboursement des soins depuis le 7 avril 2025. Deux autres centres ont été fermés : l’un volontairement, l’autre après le retrait de son agrément sanitaire.
Quels types de fraudes ont été commis ?
Les irrégularités constatées relèvent moins de la négligence que de la stratégie délibérée. Selon les documents consultés, les pratiques frauduleuses comprenaient :
- La facturation d’actes médicaux fictifs, jamais réalisés.
- Des soins prodigués sans présence d’ophtalmologue ou d’orthoptiste.
- L’imposition systématique d’actes médicaux au personnel, sans lien avec l’état réel du patient.
Ce modèle de fraude repose en grande partie sur le tiers payant généralisé, mis en place avec la réforme du 100 % santé. Ce mécanisme dispense les patients d’avancer les frais, mais les rend aussi moins attentifs aux actes facturés à leur nom.
Un réseau emblématique d’un phénomène plus vaste
Depuis 2023, 52 centres de santé ont été exclus du système de remboursement pour des faits similaires. Le montant cumulé des fraudes identifiées dépasse 90 millions d’euros. Rien que pour l’année 2024, 628 millions d’euros de fraudes tous secteurs confondus ont été détectés par l’Assurance maladie, un chiffre en nette hausse.
Ce durcissement des contrôles traduit une volonté politique forte. Les autorités souhaitent assainir un secteur où certains établissements exploitent les failles du système à grande échelle. Et Ophtalmologie Express, avec son modèle tourné vers la performance commerciale, apparaît comme un symbole de cette dérive industrielle de la santé.
Des procédures judiciaires en cours
Au-delà des sanctions administratives, des plaintes pénales ont été déposées dès l’automne 2023. Plusieurs dirigeants du groupe ont été placés en garde à vue, et du matériel a été saisi. L’enquête se poursuit, et d’autres ramifications ne sont pas exclues.
Les gendarmes, les enquêteurs de la Cnam et les agents de l’OCLTI continuent de croiser les données comptables, les agendas médicaux, et les profils des intervenants pour documenter les fraudes avec précision.
Une vigilance accrue à venir
Cette affaire relance le débat sur la responsabilité des centres de santé, souvent privés, qui peuvent échapper à une régulation rigoureuse. Si le tiers payant favorise l’accès aux soins, il ouvre aussi la porte à certaines dérives. Le gouvernement prévoit d’ailleurs une série de mesures correctives, parmi lesquelles :
- Le renforcement des audits automatisés sur les actes médicaux.
- L’obligation de traçabilité des professionnels intervenants.
- Des signalements facilités pour les patients et les pharmaciens.
Conclusion
Le cas Ophtalmologie Express est un signal d’alarme : la fraude dans le secteur de la santé n’est plus marginale, elle peut devenir systémique. L’action coordonnée de l’Assurance maladie, de la gendarmerie et de l’OCLTI montre une volonté d’endiguer ce phénomène. Mais cette affaire interroge aussi : comment concilier efficacité de soin, rapidité d’accès, et sécurité des finances publiques ? Un défi crucial pour l’avenir du système de santé. Source 1 Source 2 Source 3
Et vous, que pensez-vous de cette affaire ? Avez-vous déjà rencontré des anomalies dans vos soins ?
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