Procès Sarkozy-Kadhafi : Le financement libyen repose-t-il sur des preuves ?


Jugement attendu le 25 septembre : une affaire judiciaire sous haute tension

Le 8 avril a marqué la fin d’un procès historique pour Nicolas Sarkozy, soupçonné d’avoir bénéficié de fonds libyens en 2007. Après trois mois d’audience et de vifs débats, l’ancien président a prononcé ses derniers mots devant le tribunal correctionnel de Paris. Il dénonce une accusation “violente et politique”, dans un contexte qu’il juge “détestable”. À ses côtés, douze autres prévenus, dont d’anciens ministres, clament leur innocence. Le verdict est attendu pour le 25 septembre.


Un dossier explosif qui dure depuis 2012

L’affaire démarre avec une publication de Mediapart en 2012, révélant une note des services secrets libyens. Celle-ci évoque un soutien de 50 millions d’euros au candidat Sarkozy en 2007, versés par le régime de Mouammar Kadhafi. Depuis, l’enquête n’a cessé de rebondir, alimentant rumeurs, fuites, expertises et déclarations contradictoires. En 2013, une information judiciaire est ouverte pour “corruption” et “trafic d’influence”.


Le parquet parle de “pacte de corruption inouï”

Le Parquet national financier (PNF) ne mâche pas ses mots. Il réclame sept ans de prison, 300 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre Nicolas Sarkozy. Il dépeint un ancien chef d’État engagé dans une “quête effrénée de financement”, capable de pactiser avec “l’un des dictateurs les plus infréquentables du monde”. Pour les procureurs, il s’agit d’un “pacte de corruption inconcevable, inouï, indécent”.

Mais les avocats de la défense s’insurgent : selon eux, le dossier est basé sur des “hypothèses” sans fondements factuels. Il n’existerait ni preuve tangible, ni trace financière, ni lien concret entre la campagne et un éventuel versement libyen.


Des avocats unanimes : “Pas de preuves, pas de pacte”

Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth – tous proches de Nicolas Sarkozy et ex-ministres – sont également jugés. Leurs avocats dénoncent “l’acharnement” du ministère public. Pour Me Philippe Bouchez El Ghozi, représentant Guéant, les réquisitions du parquet relèvent d’un “procès politique”.

Me Christophe Ingrain, défenseur de Sarkozy, va plus loin :

“Quel montant aurait-il demandé ? Comment l’argent aurait-il transité ? Aucune réponse. Ce financement n’existe pas.”

Selon la défense, tout repose sur une construction théorique, sans preuves matérielles. Les juges auraient été influencés par la pression médiatique et le poids du symbole que représente Sarkozy.


“Je veux défendre mon honneur” : les derniers mots de Sarkozy

Ce mardi 8 avril, Nicolas Sarkozy a pris la parole une dernière fois. Face à la cour, il se refuse à commenter les réquisitions :

“Je ne veux rien dire qui puisse alimenter cette polémique. Je veux défendre mon honneur, pas alimenter les outrances.”

L’ancien président, soutenu par sa famille dans la salle, évoque une affaire instrumentalisée. Il parle de “vengeance”, affirme n’avoir jamais reçu “un centime libyen” et conteste la crédibilité des documents utilisés contre lui.


Une affaire à fort retentissement politique

Le contexte politique joue un rôle indéniable dans ce procès. Le nom de Marine Le Pen, la campagne européenne en cours, les tensions internes au sein de la droite française : tout contribue à charger l’atmosphère.

Pour les soutiens de Sarkozy, cette affaire vise à le discréditer durablement et à l’empêcher de revenir au premier plan. Pour ses détracteurs, elle est la démonstration d’un système corrompu.


Décision le 25 septembre : une justice sous tension

Désormais, la balle est dans le camp du tribunal correctionnel de Paris. Le jugement sera rendu le 25 septembre à 10 heures. Ce sera une date clé dans l’histoire judiciaire de la Ve République.

Que le verdict confirme les réquisitions du parquet ou suive les avocats de la défense, l’impact sera majeur. Pour la justice. Pour la politique. Et pour Nicolas Sarkozy lui-même.


Une conclusion sous forme de question : où est la vérité ?

Ce procès pose une question fondamentale : dans une démocratie, comment faire la part des choses entre faits judiciaires et arrière-plans politiques ? Les réponses sont attendues. Pas seulement par les accusés, mais par l’ensemble des citoyens français.

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