Les tensions diplomatiques repartent à la hausse entre l’Algérie et le Mali. Cette fois, un drone malien détruit près de la frontière algérienne a mis le feu aux poudres. Selon Bamako, l’appareil a été abattu fin mars sur son propre territoire par les forces algériennes, ce qui constituerait une « action hostile préméditée ». En réaction, le Mali, accompagné de ses alliés du Burkina Faso et du Niger, a décidé dimanche 6 avril de rappeler ses ambassadeurs accrédités à Alger.
Face à cette accusation frontale, l’Algérie n’a pas tardé à répondre. Elle a dénoncé des « allégations mensongères » de Bamako et appliqué une stricte réciprocité diplomatique : rappel de ses ambassadeurs au Mali et au Niger, et gel de la nomination d’un ambassadeur au Burkina Faso. Elle a également fermé son espace aérien à tout vol en provenance ou à destination du Mali. Bamako a aussitôt riposté avec la même mesure, signe d’un durcissement inédit des rapports entre les deux capitales.
Alger affirme que le drone malien a franchi illégalement sa frontière de 1,6 kilomètre, dans la région désertique de Tin-Zaouatine. Une zone où les incidents sont fréquents, sur fond de conflits touaregs et de surveillance militaire accrue. Ce n’est pas la première fois que l’Algérie signale une incursion aérienne malienne. Mais pour Bamako, l’enquête est formelle : le drone a été abattu à 9,5 kilomètres au sud de la frontière, en territoire malien.
La diplomatie sahélienne s’enlise dans un bras de fer aux relents anciens. L’Alliance des États du Sahel (AES), qui regroupe les trois pays dirigés par des régimes militaires, accuse Alger de ne pas respecter la souveraineté malienne. L’Algérie, pour sa part, dénonce un alignement « inconsidéré » du Niger et du Burkina Faso sur Bamako, et y voit une manœuvre politique pour détourner l’attention de la crise sécuritaire malienne.
Ce nouvel épisode ravive les vieilles cicatrices de relations souvent tendues. La reprise du dialogue semble pour l’heure compromise. L’espace aérien est fermé, les ambassadeurs rappelés, et les mots durs s’échangent de part et d’autre. Une crise régionale à suivre de près.
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