Manifestations persistantes contre le pouvoir
De nouvelles manifestations ont éclaté en Serbie. Elles ont confirmé la colère qui perdure depuis l’effondrement meurtrier d’un auvent de gare à Novi Sad, il y a neuf mois. Ce drame a servi de déclencheur à une mobilisation nationale qui vise désormais directement le président Aleksandar Vučić et son système jugé autoritaire.
À l’époque, beaucoup estimaient que le pouvoir central ignorait les failles structurelles et la corruption. Ce climat nourrissait une méfiance croissante envers les institutions. La rue traduisait ainsi un sentiment ancien : celui d’une population frustrée par l’absence de réformes et d’alternance politique.
Violence accrue contre opposants
Ces dernières semaines, la tension a grimpé. Des groupes proches du pouvoir ont attaqué des manifestants dans plusieurs villes, dont Valjevo. Selon des témoins, ces actions rappelaient les méthodes déjà utilisées par le passé, où des hooligans liés à la criminalité organisée avaient servi d’auxiliaires contre l’opposition.
Pour l’analyste Florian Bieber, directeur du Centre d’études sur l’Europe du Sud-Est à l’université de Graz, « la sortie de crise reste très incertaine ».
Société rassemblée autour du mouvement
Malgré la pression, les cortèges ne faiblissent pas. Ils rassemblent des profils variés, allant des habitants des zones rurales aux citadins, des peu diplômés aux universitaires, des nationalistes aux militants de gauche. Cette diversité illustre la profondeur du malaise.
Bieber note que ce caractère hétérogène rend la contestation plus solide. Elle s’inscrit dans un rejet global de pratiques jugées autoritaires et de l’absence de garanties démocratiques.
Silence international persistant
Sur la scène internationale, le soutien reste timide. Berlin, pourtant influente dans la région, a peu réagi malgré les violences. « On n’a pas vraiment cherché à limiter Vučić », regrette Florian Bieber.
Les critiques se heurtent aux intérêts économiques. L’un des plus sensibles concerne un projet d’extraction de lithium en Serbie, essentiel pour la production de batteries destinées à l’industrie automobile allemande. Ce projet expliquerait, selon Bieber, la retenue des chancelleries occidentales.
Résistance populaire et incertitude politique
La contestation en Serbie s’inscrit désormais dans la durée. Elle traduit une fracture profonde entre une population mobilisée et un pouvoir déterminé à conserver le contrôle par la force. L’issue, prévient l’expert autrichien, reste « loin d’être claire ». Source
