Le 6 août, un groupe a pénétré dans la librairie féministe et LGBTQIA+ Violette and Co, dans le 11e arrondissement de Paris. La visite s’est faite dans un climat d’intimidation, au milieu de tensions croissantes. Quelques heures plus tard, dans la nuit du 7 au 8 août, la vitrine a été dégradée avec des tags injurieux réalisés à la peinture à l’acide.
Depuis juin 2025, l’équipe avait choisi de mettre en avant plusieurs ouvrages liés à la Palestine, dont le livre de coloriage From the River to the Sea, cosigné par Nathi Ngubane et Azad Essa. Cette sélection s’inscrivait dans une démarche plus ancienne : promouvoir des livres sur l’extrême droite, le racisme, le colonialisme, mais aussi des romans d’auteur·rice·s féministes et queer arabes ou d’origine nord-africaine et sud-asiatique. L’objectif affiché était de contrer les discours homonationalistes et fémonationalistes.
Campagne d’intimidation en ligne
Dès la diffusion d’images de la vitrine sur X (ex-Twitter), la librairie a été prise pour cible. Des messages hostiles se sont multipliés, relayant des accusations de propagande en faveur du terrorisme. Parmi les rumeurs, l’une prétendait que Violette and Co percevait une subvention municipale pour vendre ces ouvrages.
En réalité, l’aide de 17 500 € versée en 2025 par la mairie de Paris est destinée à l’association Violette and Co pour ses actions culturelles contre les discriminations sexistes, LGBTQIA+phobes et racistes. Aucun lien n’existe avec la commercialisation du livre.
Des dégradations à caractère idéologique
Les insultes taguées sur la vitrine — « ISLAMO COMPLICE », « HAMAS VIOLEUR » — révèlent une charge politique claire. La librairie a immédiatement porté plainte auprès du procureur de la République. L’équipe espère identifier les auteurs afin d’éviter que ces agissements ne se reproduisent ailleurs.
Position de la librairie
Concernant le livre From the River to the Sea, la direction affirme qu’aucun bénéfice n’est conservé par la librairie. Les recettes sont intégralement reversées à des cagnottes de soutien à Gaza et à des ONG comme Penny Appeal South Africa.
« Nous sommes consternées qu’un livre de coloriage choque plus qu’un génocide », ont déclaré les membres de l’équipe, déplorant la virulence des réactions.
Un climat de tension persistante
Cet épisode illustre les tensions actuelles autour des expressions artistiques et militantes liées à la Palestine. Il met également en lumière le rôle amplificateur des réseaux sociaux dans les campagnes de harcèlement.
