Haïti a basculé jeudi avec l’arrivée de Laurent Saint-Cyr à la tête du Conseil présidentiel de transition.
En quelques heures, Port-au-Prince a été traversée par des tirs et des tensions inédites depuis plusieurs mois. Dans les quartiers où les gangs contrôlaient déjà 90 % du territoire urbain, la nomination de cet homme d’affaires a cristallisé les oppositions.
Depuis plusieurs semaines, des voix s’élevaient contre l’influence croissante du secteur privé haïtien sur la gouvernance. Dans ce climat fragile, la prise de fonction de Laurent Saint-Cyr marquait un tournant.
Nomination d’un homme d’affaires à la tête du Conseil présidentiel
Jeudi, Laurent Saint-Cyr, ancien cadre d’une compagnie d’assurance locale, a été désigné président tournant du Conseil présidentiel de transition. Il cumule désormais les responsabilités exécutives avec l’actuel Premier ministre, également issu du privé.
Lors de la cérémonie, en présence d’ambassadeurs étrangers, il a appelé à « passer à l’action » face à une crise nationale qu’il juge historique.
Réaction immédiate des gangs armés
Quelques heures avant sa prestation de serment, Jimmy « Barbecue » Chérizier, chef du gang Viv Ansanm, a menacé de renverser le gouvernement. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, il a exhorté la population à laisser ses hommes circuler librement pour « libérer le pays ».
Il portait un gilet pare-balles et un fusil d’assaut, accusant l’exécutif de corruption.
Escarmouches dans la capitale
Dans la matinée, des coups de feu ont retenti dans plusieurs quartiers de Port-au-Prince. De nombreux habitants sont restés cloîtrés, désertant les rues habituellement encombrées.
Des affrontements ont éclaté entre partisans et opposants du nouveau président du Conseil. Selon le média local Tripotay Lakay, une personne a été tuée et une autre blessée par balles dans des circonstances encore floues.
Critiques sur la domination économique et politique
Depuis longtemps, certaines élites haïtiennes sont accusées de financer et d’armer des groupes criminels. La double présence du secteur privé à la tête de l’exécutif alimente aujourd’hui ces critiques.
Pour certains habitants, cette nomination pourrait renforcer l’emprise de réseaux économiques influents sur le pouvoir, au détriment d’un retour à la stabilité.
