Zelensky, Gaza, Khartoum : cinq crises révélant les limites des alliances géopolitiques actuelles.Espionnage en Atlantique, massacres en Syrie : l’Occident réagira-t-il à temps ?

Gaza : 15 humanitaires tués à Rafah, Israël peut-il encore parler d’erreur ?

Une vidéo récemment diffusée par le Croissant-Rouge palestinien remet en cause la version israélienne concernant la mort de 15 secouristes, tués le 23 mars à Rafah, dans le sud de Gaza. Filmée de l’intérieur d’un des véhicules ciblés, la séquence montre une colonne de véhicules clairement identifiés, gyrophares allumés, avançant sans ambiguïté avant d’être la cible de tirs. Ces images, retrouvées sur le téléphone d’une victime, contredisent frontalement la version de l’armée israélienne, qui affirmait avoir visé des « terroristes » à bord de « véhicules suspects ».

Face à la diffusion de cette preuve visuelle, l’armée a brièvement évoqué une possible « erreur », sans pour autant reconnaître sa responsabilité directe. Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a parlé d’un « crime de guerre ». Pourtant, rien n’indique aujourd’hui que des sanctions ou des poursuites soient envisagées.

La guerre entre Israël et le Hamas, relancée depuis le 7 octobre 2023, continue de se dérouler en marge du droit international. Les violences touchent indistinctement civils, infrastructures humanitaires et otages. Le blocus de l’aide humanitaire imposé par Israël depuis le 5 mars aggrave les souffrances de plus de deux millions de Palestiniens.

Alors qu’Emmanuel Macron est en Égypte pour participer à un sommet tripartite avec la Jordanie et l’Égypte, cette initiative diplomatique semble avoir peu de poids dans l’immédiat. Le président français tente de rallier un soutien au plan arabe pour Gaza, visant à contrer les ambitions territoriales prêtées au projet américain, soutenu par Trump, de transformation de Gaza. La France prévoit également une réunion sur la Palestine en juin, co-organisée avec l’Arabie saoudite, mais son impact reste incertain.

Pendant ce temps, les journalistes sont tenus à l’écart de Gaza, les crimes s’accumulent, et la communauté internationale reste passive. Cette guerre se poursuit sans témoins, sans règles, et sans issue visible. Source


Guerre secrète dans l’Atlantique : les espions russes rôdent-ils près du Royaume-Uni ?

Des capteurs de surveillance russe retrouvés sur les côtes britanniques ont provoqué un émoi discret mais profond au sein du ministère de la Défense à Londres. L’armée britannique a mis au jour une série de dispositifs électroniques échoués sur plusieurs plages, rapidement identifiés comme du matériel espion sophistiqué. Ces capteurs visaient à localiser les sous-marins nucléaires de la classe Vanguard, pilier de la dissuasion stratégique du Royaume-Uni.

Je découvre dans The Sunday Times que ces capteurs ne sont que la partie émergée d’une opération plus vaste. En mer, la Royal Navy aurait également intercepté des drones sous-marins russes à proximité de câbles de communication transatlantiques. Une source militaire évoque un « jeu du chat et de la souris » entre services britanniques et russes, semblable à celui qui agitait les profondeurs pendant la Guerre froide.

Ces dispositifs ne sont pas isolés. En janvier déjà, la présence du navire espion russe Yantar, prétendument océanographique, avait inquiété Londres. Capable de lancer des drones sous-marins, il aurait procédé à une cartographie détaillée des pipelines et réseaux de communication subaquatiques stratégiques.

Pour le Royaume-Uni, cette surveillance russe met directement en péril les infrastructures critiques de l’OTAN. Le ministère de la Défense a réagi en renforçant la sécurité de ces installations, affirmant que ses sous-marins nucléaires patrouillent toujours en secret.

Dès juillet, toute personne en lien avec l’État russe devra désormais se signaler auprès des autorités britanniques dans un registre d’influences étrangères. Moscou crie à la persécution. Ironiquement, la Russie impose une loi similaire depuis 2017. Source


Khartoum libérée : pourquoi la chute des FSR redonne espoir aux civils ?

À Khartoum, le climat a brutalement changé. Fin mars, après près de deux ans d’occupation par les Forces de soutien rapide (FSR), l’armée soudanaise a repris la main sur la capitale. Dans les rues encore marquées par les combats, une habitante témoigne de son soulagement : « Le jour où ils sont partis, je suis sortie pour fêter ça. »

Depuis janvier, l’armée progresse mètre par mètre. En février, elle reprenait le quartier nord de Barhi. Puis, en l’espace de quelques jours, ce sont le palais présidentiel, l’aéroport de Khartoum, le complexe militaro-industriel de Yarmouk, et les quartiers sud et est qui sont tombés. Les FSR ont fui en franchissant le pont de Jebel Aulia.

À Omdurman, quartier longtemps pilonné par les paramilitaires, la population souffle. « Ils tiraient tout le temps. On vivait terrés. Nos maisons, les écoles, les dispensaires : tout était pris pour cible. Aujourd’hui, on se sent à nouveau vivants », confie cette femme.

Mais cette reconquête militaire masque une autre réalité. Depuis la libération, des vidéos montrant des exécutions sommaires de civils soupçonnés de complicité avec les FSR circulent. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, dénonce des actes « horrifiants » commis à Khartoum. Il appelle à des enquêtes indépendantes.

Les FSR, de leur côté, parlent d’un simple redéploiement. Mais la perte de Khartoum, après celle de Wad Madani il y a quelques mois, fragilise considérablement leur position. Depuis avril 2023, le conflit entre l’armée régulière du général Abdel Fattah al-Burhan et les FSR du général Hemedti a ravagé le Soudan, laissant derrière lui plus de 12 millions de déplacés et des dizaines de milliers de morts. Source


Massacres en Syrie : le gouvernement va-t-il enquêter sur les crimes d’alaouites ?

Début mars, la Syrie a été secouée par des violences d’une rare intensité. Une série d’attaques ciblées contre des civils, majoritairement issus de la communauté alaouite, a déclenché une vive réaction d’Amnesty International. L’ONG réclame une enquête immédiate sur ce qu’elle qualifie de « crimes de guerre », attribués à des milices affiliées au pouvoir central de Damas. Ces actes surviennent dans un climat explosif, où la chute du régime Assad en décembre dernier a redistribué les cartes du pouvoir.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 1 700 civils ont été tués, dans ce que beaucoup considèrent comme une vague de représailles contre l’ancienne élite politique. L’épicentre de cette tragédie est Beit Ana, un village du sud de Lattaquié, bastion historique des alaouites. Le 6 mars, une embuscade visant une patrouille gouvernementale a provoqué une riposte brutale. En quelques jours, des centaines de vidéos ont inondé Telegram, révélant des exécutions sommaires, des humiliations publiques et des témoignages glaçants.

L’un de ces témoignages décrit un homme armé demandant froidement à un couple : « Vous êtes alaouites ? », avant d’abattre le mari. Amnesty affirme avoir documenté au moins 32 assassinats similaires. Pour l’ONG, il s’agit d’attaques ciblées et planifiées, motivées par l’identité religieuse des victimes.

Face à ces accusations, le gouvernement de transition dirigé par Ahmed Al-Charaa tente de contenir la crise. Il a annoncé l’ouverture d’une enquête confiée à une commission indépendante. Mais la confiance reste fragile. Les dernières attaques du 31 mars, ayant fait douze morts supplémentaires, illustrent que la violence communautaire est loin d’être endiguée.

Le gouvernement cherche désormais à préserver l’unité nationale. Mais dans un pays meurtri par une décennie de guerre civile, la route vers la réconciliation s’annonce longue. Les Syriens, eux, attendent des réponses concrètes. Source


Zelensky face au silence américain : vers une fracture diplomatique à Kiev ?

Volodymyr Zelensky hausse le ton. Depuis Kiev, le président ukrainien a exprimé, ce dimanche 6 avril, une vive inquiétude quant au mutisme persistant de Washington. En ligne de mire : le refus de Vladimir Poutine d’un cessez-le-feu total et immédiat. Alors que les États-Unis avaient proposé, en mars, une trêve de 30 jours, rapidement acceptée par l’Ukraine, la Russie continue de freiner. Pour Zelensky, cette absence de réponse américaine fragilise le front diplomatique.

Ce cessez-le-feu visait à endiguer les frappes meurtrières qui ont, une fois de plus, visé la capitale ukrainienne. Mais l’initiative américaine semble s’être diluée dans une ambiguïté stratégique. Donald Trump, désormais en posture de rapprochement avec Poutine, n’a obtenu qu’un accord partiel : une pause en mer Noire et une suspension vague des attaques contre les infrastructures énergétiques. Des engagements peu concrets, aussitôt contestés par les deux camps.

Dans son discours quotidien, Zelensky a fustigé ce blocage diplomatique : « L’Ukraine a accepté. Poutine refuse. Nous attendons la réponse américaine. Elle ne vient pas. » Il a également interpellé l’Europe et les pays dits « amis de la paix », les exhortant à ne pas se contenter de déclarations symboliques.

Du côté français, Emmanuel Macron a réagi en condamnant les récentes frappes russes. Il a appelé à des « actions fortes », et laissé entendre que l’Europe pourrait s’impliquer davantage. Paris et Londres envisagent d’appuyer militairement Kiev une fois la trêve établie, afin d’éviter une nouvelle escalade.

Zelensky, dont les tensions avec Trump ne sont plus un secret, réclame des actes. Il insiste sur l’urgence d’un durcissement des sanctions économiques contre Moscou, qu’il juge aujourd’hui insuffisantes face à la gravité du conflit. Source

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