Renault-Nissan : divorce discret ou renaissance industrielle ?


La semaine dernière, Nissan a dévoilé une perte nette de 680 millions d’euros sur le 1er trimestre 2025, plombée par une chute de 6,5 % de ses ventes en Amérique du Nord. La cause principale : une surtaxe douanière américaine passée à 25 % en avril, venue alourdir les coûts d’importation. Ce coup dur s’ajoute à un recul global du chiffre d’affaires de près de 10 % sur un an.

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Depuis plusieurs mois, le groupe japonais envisageait un désengagement progressif de l’alliance fondée en 1999 avec Renault, afin de retrouver plus de souplesse stratégique. Une volonté nourrie par des difficultés persistantes en Chine, une gamme vieillissante et la pression d’un marché mondial en recomposition.

Un desserrement historique des liens capitalistiques

Renault et Nissan ont officialisé une réduction mutuelle de leurs participations à hauteur de 10 %, contre 15 % auparavant. Cette décision symbolise une volonté partagée de reprendre leur liberté d’action, tout en maintenant une coopération ponctuelle sur des projets ciblés.

L’Inde, premier terrain d’émancipation industrielle

Renault a pris le contrôle total de leur coentreprise en Inde, rachetant les 51 % de parts de Nissan dans l’usine de Chennai. Une opération stratégique, qui permet au constructeur français de renforcer son indépendance industrielle sur un marché en pleine croissance.

Nissan renonce à Ampere, la filiale électrique de Renault

Nissan a acté son retrait du projet Ampere, évitant ainsi d’engager des fonds dans la filiale électrique de son ex-partenaire. Ce retrait marque une volonté claire : ne pas s’impliquer dans les priorités stratégiques définies par Renault, et conserver ses marges de manœuvre en matière d’innovation.

Une coopération redéfinie, mais toujours active

Malgré ces ajustements, Renault produira pour Nissan une nouvelle petite citadine électrique, dérivée de la Twingo. Une preuve que la coopération technique n’est pas rompue, mais recentrée sur des objectifs industriels précis, sans intégration structurelle.

Un retour progressif à l’autonomie

Depuis la chute de Carlos Ghosn en 2018, les deux groupes ont peu à peu tourné le dos à l’intégration complète. Nissan a même exploré d’autres alliances, notamment un rapprochement manqué avec Honda. Renault, de son côté, cherche à redéfinir sa présence mondiale, en ciblant l’Europe, l’Amérique latine et l’Inde.

Une alliance encore vivante, mais méconnaissable

L’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi existe toujours, mais elle n’est plus ce qu’elle était. Les engagements capitalistiques s’allègent, les projets industriels se réduisent à l’essentiel, et chacun trace sa route. Ce modèle assoupli, plus pragmatique, vise à préserver la compétitivité de deux groupes malmenés par la transition énergétique et la pression chinoise.

La stratégie de résilience de Renault

En reprenant le contrôle de ses actifs stratégiques et en réduisant son exposition aux partenaires, Renault entend renforcer sa résilience. Ce recentrage doit aussi lui permettre de répondre plus vite aux défis du marché, notamment sur l’électrique, sans dépendre des lenteurs d’un modèle intégré.

Nissan face à un avenir incertain

La chute des résultats de Nissan souligne l’urgence de se réinventer. Les restructurations engagées peinent à convaincre, et l’absence de prévisions de bénéfices pour 2025 inquiète les analystes. La firme japonaise joue une partie serrée sur des marchés de plus en plus imprévisibles.

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