Dans les trains, sur les plages ou à l’ombre d’un arbre, on les reconnaît facilement : ces adolescents plongés dans un roman, les yeux rivés sur une page plutôt que sur un écran. Depuis quelques étés, la lecture connaît un regain inattendu chez les 12-25 ans.
« On pensait que les jeunes ne lisaient plus. Mais depuis la pandémie, on observe un retour au calme, au récit, à l’imaginaire », se réjouit une bibliothécaire.
Le phénomène BookTok
Les réseaux sociaux ne sont pas absents de ce mouvement, au contraire. Sur TikTok, le mot-clé #BookTok cartonne. Des milliers de jeunes partagent leurs lectures, leurs critiques, leurs coups de cœur.
« J’ai découvert “Le Chant d’Achille” grâce à une vidéo. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Depuis, je ne décroche plus », raconte Emma*, 17 ans.
Les auteurs aussi s’adaptent : romans courts, séries littéraires, thématiques engagées… Tout est fait pour séduire une génération en quête de sens et de narration.
Des bibliothèques à guichets fermés
Dans certaines communes, les bibliothèques enregistrent des records de prêts estivaux. Romans dystopiques, thrillers, fantasy, récits LGBT+, mangas… les rayons jeunesse ne désemplissent pas.
« On est surpris : ils lisent tout. Des classiques revisités comme “1984”, mais aussi des nouveautés françaises très actuelles », confirme un bibliothécaire.
Les clubs de lecture se multiplient, souvent autogérés par les jeunes eux-mêmes, parfois en ligne, parfois en plein air.
Une lecture plus engagée
Autre particularité : les jeunes lisent pour comprendre le monde. Climat, féminisme, racisme, violences sociales… Les romans à thèse, les essais accessibles ou les BD engagées trouvent leur public.
« Lire m’aide à poser des mots sur ce que je ressens. J’ai découvert plein de choses sur le sexisme ou l’écologie grâce à des romans », confie Sofiane*, 19 ans.
Ce lien entre lecture et engagement est nourri par l’éducation, mais aussi par les réseaux de lecture alternatifs, comme les boîtes à livres ou les cafés associatifs.
Et les écrans dans tout ça ?
Paradoxalement, c’est souvent grâce aux écrans que les jeunes se remettent à lire. E-books gratuits, applications de lecture numérique, forums de fans… Les supports changent, mais le goût reste.
« Mon fils dévore ses livres sur sa liseuse. Il lit plus qu’avant, et ça l’aide à décrocher de YouTube. »
Certains enseignants s’en félicitent et militent pour des listes de lecture moins scolaires, plus actuelles et plus variées.
Une tendance durable ?
Difficile à dire. Mais l’engouement ne faiblit pas. L’industrie de l’édition jeunesse enregistre cette année une hausse des ventes de plus de 12 %, avec des pics en juillet. LIEN
« L’avenir de la lecture passe par eux. Et s’ils en font un plaisir et non une contrainte, on aura gagné », conclut une éditrice indépendante.
*Les prénoms ont été modifiés.
