La Piscine : un chef-d’oeuvre glacé

Qui dit été caniculaire dit… La Piscine ! Réalisé par Jacques Deray en 1969, ce chef-d’œuvre du cinéma français réunit une distribution étincelante : Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet et Jane Birkin. Si tu ne l’as pas encore vu, voici pourquoi il faut y remédier.

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Des acteurs phares du cinéma français (Romy Schneider, Jane Birkin, Alain Delon et Paul Crauchet) autour de la table
Romy Schneider, Jane Birkin, Alain Delon et Paul Crauchet

Une angoisse parfaitement maîtrisée

Dans ce thriller psychologique, l’été écrase les personnages. La chaleur fait fondre leurs masques sociaux, les déconcerte, les irrite. À fleur de peau, ils laissent émerger des émotions brutes, archaïques : jalousie, désir, agressivité.

La tension monte lentement, à coups de regards en coin et de silences pesants. Le décor paradisiaque devient étouffant, presque oppressant. Comme l’écrit Le Monde dans une rétrospective du film : « Sous le soleil éclatant, tout le monde sue, mais personne ne se rafraîchit : le malaise monte, implacable. »

Grâce à des cadrages précis, presque voyeurs, Deray transforme chaque plan de la villa en piège. Le spectateur devient complice, témoin d’une dégradation lente et inévitable.

Mais ce qui rend cette tension encore plus forte, c’est la résonance du couple Delon/Schneider à l’écran : les deux acteurs venaient de se séparer dans la vie. Leur proximité trouble, parfois cruelle, donne une authenticité bouleversante à leurs échanges. Ce n’est pas juste un couple de cinéma, c’est un lien réel, fragilisé, qu’on observe en train de se fissurer.

Alain Delon et Romy Schneider s'embrassant au bord de la piscine
Une tension bien réelle

La lenteur, une force

Le rythme du film est lent, et pourtant on ne s’ennuie jamais. Chaque scène semble chargée d’un poids invisible. Grâce à la musique feutrée et trouble de Michel Legrand, les émotions prennent forme peu à peu. Rien n’est précipité.

C’est une lenteur qu’on peine à retrouver dans le cinéma actuel, souvent pressé de tout montrer ou expliquer. Ici, l’ellipse et le non-dit font tout le sel du récit. Comme chez Hitchcock, l’attente est parfois plus intense que l’action.

« Je voulais raconter une histoire d’amour qui devient une histoire criminelle sans que personne ne s’en aperçoive vraiment. » — Jacques Deray, dans Positif, 1999.

La Piscine nous invite à ralentir, à observer, à ressentir. Le spectateur est immergé dans un drame presque en temps réel, à plusieurs décennies de distance.

Jane Birkin dans une robe de plage blanche en crochet, au bord de la piscine
Un rythme lent qui accentue la tension

Un cinéma sensuel et tendu

On dit parfois que le cinéma français manque de rythme, ou d’intensité. Pourtant, La Piscine incarne une autre tradition : celle d’un cinéma sensuel, tendu, presque charnel. Les corps y parlent autant que les dialogues, et la tension sexuelle est partout, mais jamais frontalement montrée.

Ce style évoque d’autres films où Delon excelle, comme Les Félins de René Clément (1964), dans lequel il jouait déjà un homme pris au piège d’une séduction vénéneuse. Ce cinéma joue avec le feu, entre désir et danger, avec un raffinement visuel rarement égalé.

« Ce n’est pas un film sur un meurtre, c’est un film sur une ambiance. » — Alain Delon, entretien INA, 1970.

Une autre idée du cinéma français

Quand on évoque le cinéma français, surtout chez les jeunes, une crispation se dessine : on anticipe la comédie lourde ou le drame bavard. Pourtant, La Piscine appartient à une autre époque — celle d’un cinéma d’auteur accessible, populaire sans être facile.

Influencé par la Nouvelle Vague sans en faire partie, Deray filme avec un regard presque clinique l’intimité de ses personnages. Moins expérimental qu’un Godard (Le Mépris, 1963), il partage pourtant cette volonté de capter l’essence des relations humaines.

Le cinéma français a alors une aura internationale. Des réalisateurs comme Buñuel ou Antonioni tournent en France, attirés par cette liberté esthétique. La Piscine, avec son apparente simplicité, reste une référence discrète mais influente. Le film a même inspiré Swimming Pool de François Ozon (2003), qui en propose une relecture plus trouble encore.

Romy Schneider nageant dans la piscine
L’image culte du film

Un voyage sous tension

Quand la chaleur devient insupportable, que chaque geste s’alourdit, La Piscine est un pur bonheur. Deray y fait monter la pression à chaque scène, dans un décor à couper le souffle : la Côte d’Azur des années 60, figée dans une splendeur presque fantomatique.

Film parfait pour redécouvrir un âge d’or du cinéma français, La Piscine offre une expérience sensorielle, troublante et inoubliable. Loin des clichés et des rythmes effrénés, il rappelle que le vrai suspense peut naître d’un simple regard.


A propos de La Piscine :

Disponible en prêt à la médiathèque Chalucet, Pont-Du-Las et la Roseraie.


Un commentaire sur « La Piscine : un chef-d’oeuvre glacé »

  1. Comparer ce film à un thriller moderne, c’est comme opposer un rosé de Provence à une boisson énergisante. Deray prend son temps : chaque plan est un piège doré, chaque sourire cache un coup de couteau. Aujourd’hui, on aurait mis 15 flashbacks et une bande-annonce qui spoile tout.

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