Pompiers volontaires : quand le feu devient un métier d’appoint

Chaque été, les flammes gagnent du terrain. Et chaque été, ils sont là, premiers sur le front. Pourtant, les pompiers volontaires restent les grands oubliés du système. Ils représentent près de 80 % des effectifs d’intervention en milieu rural, mais leur statut reste flou, fragile, parfois bancal.

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Thomas*, 34 ans, est serveur à l’année. En été, il devient pompier volontaire. Il enchaîne les gardes de nuit, les départs d’incendie, les alertes. Et il ne dort jamais vraiment tranquille.

« Tu vis avec le stress. À tout moment, tu pars. Mais ce n’est pas ton métier. Ce n’est pas ton salaire. »

Une mission vitale… mal reconnue

Le statut de pompier volontaire repose sur l’engagement. Il n’est ni salarié ni fonctionnaire. Il perçoit une indemnité — autour de 8 € de l’heure — seulement lorsqu’il est mobilisé. Pas de salaire fixe. Pas de contrat classique.

« C’est une vocation. Mais une vocation ne paie pas le loyer », glisse Amélie*, 29 ans, caissière et pompier volontaire depuis 5 ans.

Et pourtant, ces hommes et femmes sont présents dans 70 % des feux de forêts, souvent en première ligne. Ils montent dans les camions, tiennent les lances, et parfois… prennent des risques sans couverture sociale complète.

Un recrutement en chute libre

Ces dernières années, les vocations reculent. En cause : des formations exigeantes, une charge mentale importante, et un manque cruel de reconnaissance. Beaucoup arrêtent après quelques années. Fatigue, burn-out, sentiment d’être oubliés.

« J’ai vu trop de jeunes partir. Pas à cause des flammes. À cause du mépris », dit un ancien adjudant, amer.

Les campagnes de recrutement tentent de relancer la dynamique, sans réel succès. Il faut être disponible, sportif, formé… pour un revenu aléatoire.

Une montée des risques

Le changement climatique rend les étés plus chauds, plus secs. Les feux se déclenchent plus tôt, plus violemment. Les interventions augmentent, les effectifs fondent. Et les volontaires se retrouvent sursollicités, parfois au bord de la rupture.

« L’année dernière, j’ai fait 21 départs en deux semaines. Mon patron commençait à râler », raconte Thomas*.

Vers une refonte du modèle ?

Certains syndicats appellent à une reconnaissance pleine du métier, au moins en été. Salaires temporaires, contrats spécifiques, couverture sociale. Des propositions sont sur la table, mais le budget reste un frein.

D’autres rêvent d’un modèle mixte : pompiers professionnels l’été, volontaires le reste de l’année. Une sorte de contrat saisonnier de sécurité civile. Mais pour l’instant, rien ne bouge.

*Les prénoms ont été modifiés.

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