Des enfants employés dans un restaurant sous couvert familial

Lors d’une pause rafraîchissante, j’ai eu l’occasion d’échanger avec le propriétaire d’un restaurant à La Seyne.

En terrasse, l’ambiance est animée. Le petit restaurant est plein. Il est presque 13 heures, et le service s’intensifie. Parmi les serveurs pressés, deux enfants de 8 et 12 ans se faufilent entre les tables, carafes d’eau à la main. Ce n’est pas un jeu : ils participent activement au travail du restaurant.

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Ces enfants sont les fils du propriétaire. Depuis le début de l’été, ils sont là tous les jours. Certains clients n’y voient rien d’anormal. « Ils aident leur père, c’est bien. Ça leur apprend la vie », glisse un habitué. Mais en arrière-cuisine comme en salle, leur implication va bien au-delà d’un simple « coup de main ».

Une journée de travail complète pour des mineurs

Les enfants arrivent dès la matinée. Le plus âgé installe la salle, dresse les couverts, et prend les commandes. Le plus jeune débarrasse, nettoie, et assiste parfois en cuisine. Pendant les heures de pointe, ils enchaînent les tâches sans pause, sans surveillance spécialisée, ni équipement adapté.

Un salarié du restaurant, qui a préféré rester anonyme, déclare :
« Ce ne sont pas des petits gestes symboliques. Ils bossent vraiment. Toute la journée. Parfois même jusqu’à 23 heures. »

Le père ne cache rien. « Je n’ai pas les moyens d’embaucher plus. Mes enfants m’aident. C’est une tradition chez nous. Ils apprennent à se débrouiller. »

Une « aide familiale » qui interroge la loi

Dans certaines cultures, il est courant que les enfants participent à l’activité familiale, notamment dans les commerces ou la restauration. Ce fonctionnement est souvent transmis de génération en génération. Pourtant, le droit français encadre strictement le travail des mineurs.

En dehors de rares dérogations (stages, contrats encadrés), un enfant ne peut pas être employé avant 14 ans. S’il travaille dans un établissement recevant du public, cela devient une infraction, même si c’est « familial ».

« Dès lors que l’enfant effectue des tâches répétées, visibles et utiles à l’activité, on ne parle plus d’éducation ou de transmission, mais de travail déguisé », précise une avocate spécialisée en droit du travail.

Une réalité connue mais tolérée

Selon plusieurs témoignages recueillis dans le quartier, ce type de situation n’est pas exceptionnel. Certains commerçants, artisans ou restaurateurs sollicitent leurs enfants pendant les vacances scolaires pour faire face à la surcharge estivale. Une forme d’économie de proximité, souvent motivée par des contraintes financières.

Une éducatrice sociale de terrain explique :
« Ce n’est pas de l’exploitation au sens violent du terme. Mais cela expose les enfants à des horaires décalés, à des responsabilités inadaptées, et parfois à des dangers réels. »

Les autorités compétentes ont été alertées. Une enquête est en cours, mais aucune inspection n’a encore eu lieu. L’administration locale évoque un « contexte familial délicat » et une zone grise entre pratique tolérée et infraction avérée.

Un phénomène sous-estimé

Ce cas, bien que choquant pour certains, révèle un phénomène discret mais bien ancré. Dans les familles aux revenus modestes, le recours à l’aide des enfants n’est pas rare. Selon une étude de l’INJEP, plus de 10 % des enfants issus de milieux précaires déclarent « participer régulièrement à l’activité professionnelle ou commerciale » d’un parent, surtout en période de vacances scolaires.

« Je ne veux pas leur faire du mal », explique le restaurateur. « Mais on n’a pas le choix. Et au moins, ils apprennent ce que c’est que le travail. »

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