Toulon, le 15 juillet 2025 – Céline, 42 ans, est auxiliaire de vie dans le Var. Chaque jour, elle aide des personnes âgées dans les gestes du quotidien. Elle est salariée d’une association à Toulon, avec un contrat à temps partiel et un salaire de 1 020 euros. Pourtant, depuis début juin, chaque soir, elle dort dans sa voiture.
« Je loue mon appartement pour l’été. Sinon, je ne peux pas m’en sortir », confie-t-elle.
Céline est propriétaire d’un petit deux-pièces à La Garde. Elle a pu l’acheter il y a dix ans grâce à un héritage. Mais son salaire ne couvre plus ses charges : essence, alimentation, assurance, factures. Alors, depuis trois étés, elle loue son logement sur Airbnb pendant deux mois, de fin juin à août, pour arrondir ses fins de mois.
« Je gagne à peine plus de 2 000 euros en deux mois. C’est vital. Mais en échange, je dors dans ma voiture. Je me lave dans les toilettes publiques et je fais comme si tout allait bien. »
Comme elle, de nombreux habitants du littoral varois sont contraints de quitter leur logement en saison pour le rentabiliser. Certains dorment chez des proches, d’autres dans leur véhicule, ou encore dans des campings sauvages.
« On vit dans une région touristique, mais nous, les locaux, on trinque », dit-elle. « Je ne pars pas en vacances, je vis dans ma Kangoo sur un parking. »
Le phénomène prend de l’ampleur. Selon une étude de l’INSEE parue en juin, près de 20 % des propriétaires à faibles revenus dans les communes littorales du Var mettent leur logement en location estivale pour couvrir leurs frais. L’association locale de lutte contre la précarité parle de « travailleurs délogés ».
Le profil est souvent le même : des femmes seules, salariées à temps partiel, occupant des métiers essentiels. Aide à domicile, caissière, femme de ménage. Céline, qui travaille légalement, paie ses impôts et se rend disponible sept jours sur sept pour ses bénéficiaires, n’arrive plus à se loger.
« Je rends service aux autres, mais personne ne m’aide moi », déplore-t-elle.
Interrogée par Presse83.fr, la mairie de Toulon reconnaît une tension locative forte en saison et affirme travailler sur une régulation des meublés touristiques. Aucune mesure concrète n’a cependant été annoncée pour protéger les résidents les plus vulnérables qui sont propriétaires.
En attendant, Céline poursuit son travail auprès des personnes âgées, avec le sourire. Et chaque soir, elle regagne sa voiture, discrètement.

800 € pour un studio insalubre… Bravo la spéculation ! Les jeunes et travailleurs précaires sont jetés à la rue. La mairie doit réguler avant qu’il ne reste que des résidences secondaires.