Thunderbolt* : des super-héros au bord de la rupture

Le mois de mai a débuté avec la sortie très attendue du dernier opus Marvel : Thunderbolt*. Porté par la mise en scène nerveuse de Jake Schreier, ce film marque un tournant dans l’univers des super-héros. Fini les justiciers lisses et invincibles : place à des figures plus humaines, fragiles, voire profondément tourmentées. Et si c’était l’occasion de remettre en question notre conception même du héros ?

Thunderbolt (2025), Jake Schreier
Thunderbolt* (2025), Jake Schreier

Et si les super-héros allaient chez le psy ?

Jusqu’à récemment, les super-héros semblaient surhumains dans tous les sens du terme : invincibles, stoïques, portés par une volonté de fer. La peur et le chagrin étaient des obstacles qu’ils surmontaient en silence. Mais Thunderbolt* propose un regard neuf. Il met en lumière les blessures invisibles que causent les responsabilités, les sacrifices, la solitude… et parfois même la psychose.

Ce changement de ton résonne particulièrement auprès du jeune public. En 2023, le hashtag #mentalhealth a été utilisé plus de 65 millions de fois sur Instagram et près de 60 milliards de fois sur TikTok, selon une étude de l’Organisation mondiale de la santé relayée par le média Forbes Health. L’univers Marvel ne s’y trompe pas : il introduit un personnage à la frontière entre le héros et le vilain, Sentry, un homme doté d’un pouvoir illimité mais miné par des troubles psychiques profonds.

Sentry, en luttant contre sa part d’ombre, incarne cette nouvelle génération de personnages qui ne se contentent plus de sauver le monde : ils doivent d’abord se sauver eux-mêmes.

Sentry, le t-shirt criblé de balles mais sans aucune blessure
Sentry, incarné par Lewis Pullman

Ni bons, ni méchants : quand le mal a ses raisons

Sentry n’est pas un cas isolé. L’ambiguïté morale gagne du terrain dans la narration contemporaine. Si certains personnages sont perçus comme « méchants », leur histoire, vue sous un autre angle, pourrait susciter l’empathie.

Prenons Cruella, autrefois caricature de vanité dans Les 101 Dalmatiens. Le film éponyme de 2021, avec Emma Stone, nous propose une version nuancée : une femme blessée, issue d’une enfance douloureuse. La même relecture s’applique à des figures comme Maléfique, ou encore Thanos, dont la logique, bien qu’extrême, soulève des débats éthiques chez les fans.

Et si, finalement, la frontière entre le bien et le mal était plus floue qu’on ne l’imagine ?

Sentry au dessus des buldings
Une part d’ombre et de solitude, même chez les super-héros

L’origine du mal : comprendre sans excuser

Certaines critiques accusent ces récits de justifier le mal par le mal subi. Pourtant, ils permettent aussi de comprendre un mécanisme bien réel : la reproduction des traumatismes.

Selon une étude menée par le ministère de la Justice en 2021, environ 68 % des personnes incarcérées en France ont subi des violences physiques ou psychologiques durant leur enfance. Cette donnée, loin d’excuser les actes commis, nous invite à repenser la notion de responsabilité. Elle met en lumière un cycle destructeur : celui où la douleur non traitée devient à son tour source de violence.

Dans Thunderbolt*, Sentry illustre ce dilemme. Il doit choisir entre céder à ses blessures ou les transformer en force pacificatrice. Une métaphore puissante : en brisant la chaîne des traumatismes, chacun peut devenir acteur du bien.

De l’icône pop à l’humain

Pendant longtemps, les héros de cinéma – et en particulier ceux de Marvel – ont été dépeints comme des figures inaccessibles. Mais Thunderbolt* change la donne : désormais, les super-héros doutent, trébuchent, et parfois même, échouent.
Cette évolution narrative ne cherche pas seulement à brouiller les codes du manichéisme. Elle s’attaque à une pression plus insidieuse : celle de la perfection imposée par nos écrans. En humanisant leurs personnages, les studios offrent une autre vérité aux spectateurs : l’erreur n’est pas une faiblesse, mais une expérience universelle.
Comme le disait Stan Lee, co-créateur de Marvel : « Ce n’est pas le pouvoir qui fait un héros. C’est ce qu’il en fait. »
Ce mois-ci, dans Les Cahiers du Mardi, je vous propose de redécouvrir ces figures mythiques sous un jour plus nuancé. Adieu les super-héros parfaits, et bienvenue aux Thunderbolt. Attention spoiler : vous pourriez bien découvrir une part d’ombre chez vos héros préférés.

L'équipe des Thunderbolts
Florence Pugh dans le rôle principal de Yelena

A propos de Thunderbolt* :

Actuellement dans les salles de cinéma.


Un commentaire sur « Thunderbolt* : des super-héros au bord de la rupture »

  1. Le mois de Mai s’annonce bien intéressant, loin « des barques sur le Rhin » et plus proche du Styx et de son Psyché suicidaire… Vite! Il me faut voir le dernier Marvel et vite l’article suivant pour découvrir la profondeur des âmes au cinéma !
    Bravo!

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