Un loup-garou au rez-de-chaussée. Chapitre 2: Le Retour à la Basse Ville

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Chapitre 1 : L’Attente
Chapitre 2 : Le Retour à la Basse Ville
Chapitre 3 – Ce que dissimule le sol
Chapitre 4 – L’ombre ne meurt jamais

La journée s’éteignait lentement sur Toulon. Une lumière d’ambre et de sang filtrait à travers les immeubles du port, dessinant des ombres allongées sur les trottoirs fatigués. Delphine baissa le rideau métallique du tabac avec un claquement sec, geste qu’elle répétait chaque soir, mais qui résonnait aujourd’hui avec une étrange densité. Le quartier semblait en veille, en suspension. Elle inspira profondément l’air iodé, chargé d’un parfum métallique, comme si la mer elle-même avait quelque chose à cacher.

Elle emprunta la rue menant à l’Équerre, cette artère bancale de la basse ville que la mairie tentait de réanimer à grands coups de lumière et de culture populaire. Une façade fraîchement repeinte ici, un café transformé en scène de théâtre là. Mais les fissures restaient visibles, pour qui savait regarder. Delphine les voyait. Elle les comptait presque.

Elle croisa Monsieur Henri, silhouette fragile mais constante, client fidèle du tabac, promeneur routinier. Ils échangèrent quelques mots — météo, politique, banalités — mais Delphine remarqua une légère hésitation dans le regard de l’homme. Quelque chose l’habitait. Elle décida de ne pas insister. Henri ne parlait que lorsqu’il avait bu, et ce n’était pas encore l’heure.

La place de l’Équerre vibrait à mesure qu’elle approchait. Des rires éclataient par vagues. Une enceinte crachait du flamenco ou un remix d’électro ; difficile à dire. Elle accéléra le pas, non pas pour fuir le bruit, mais pour retrouver son havre. Rue de l’Équerre, son immeuble du XVIIe siècle trônait, imposant, presque incongru dans ce décor de ville balnéaire sous perfusion touristique. Le bois de la rampe, lustré avec soin, grinçait légèrement sous sa main. La boule de verre au pied de l’escalier reflétait la lumière comme un œil, presque vivant. Delphine détestait cette impression. Elle la ressentait chaque soir.

Son appartement au premier étage, baigné d’une lumière rasante, lui offrait l’illusion du confort. Hauts plafonds, parquet ancien, murs pleins d’échos. L’endroit avait du cachet, disait-on. Elle disait plutôt qu’il avait une mémoire.

Dans la cuisine, elle se prépara un dîner léger, mécanique, sans faim réelle. Puis elle s’installa dans le salon avec un livre. Une enquête. Un polar scandinave, justement. Elle avait toujours aimé ce genre — la frontière floue entre le quotidien et le crime, entre le banal et le sordide.

Mais ce soir-là, une sensation sourde persistait, accrochée à son esprit comme une écharde. Ce rez-de-chaussée.

Elle ne l’avait jamais vu. Jamais croisé le locataire. Et pourtant, les bruits étaient là. Nocturnes. Précis. Comme s’ils suivaient une logique. Parfois des pas. Parfois des objets qu’on déplace. D’autres fois… rien. Ce rien assourdissant. Elle avait tenté plusieurs fois de surprendre cette présence. En vain. La porte restait close. L’interphone muet.

Elle se demanda si cet inconnu — ou inconnue — l’observait. Si ses allées et venues étaient notées. Toulon n’était pas une ville où l’on disparaissait, mais elle connaissait des noms, des affaires étouffées. Elle travaillait dans un tabac. Elle entendait des choses.

De sa fenêtre entrouverte, elle observait la rue. L’immeuble avait connu des jours de splendeur, sans doute. Maintenant, il était condamné. Les voisins du haut, deux jeunes trentenaires discrets, le lui avaient confié : projet de démolition, permis déjà signé. Mais alors, pourquoi ce locataire fantôme ? Pourquoi maintenir l’illusion de l’occupation ?

Elle fit une note mentale : en parler à Louis. Son patron. Il savait tout, en général. Il avait ce genre de réseau qu’on ne revendique pas, mais qui fonctionne. Il lui avait trouvé cet appartement. Presque trop facilement.

Demain, une nouvelle employée devait arriver. Une jeune, encore inconnue. Delphine n’aimait pas les imprévus, mais elle savait s’adapter. Elle la jaugerait vite. Le tabac était un observatoire. Les clients ne mentaient pas. Pas vraiment.

Elle éteignit la lampe. Le noir l’enveloppa. Dehors, la ville respirait encore. En bas, une porte grinça. Puis un silence. Propre. Tranchant. Elle se leva, pieds nus, et s’approcha de la fenêtre. Personne. Rien.

Mais elle savait qu’elle n’était pas seule.

Et que demain, quelque chose allait changer.

Chapitre 1 : L’Attente
Chapitre 2 : Le Retour à la Basse Ville
Chapitre 3 – Ce que dissimule le sol
Chapitre 4 – L’ombre ne meurt jamais

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