L’aspartame, cet édulcorant artificiel présent dans des milliers de produits alimentaires, est-il un véritable danger pour la santé ? C’est en tout cas ce que dénoncent l’ONG Foodwatch, la Ligue contre le cancer et l’application Yuka, qui ont lancé ce mardi 4 février une pétition dans onze pays européens pour demander son interdiction. Classé comme « cancérogène possible pour l’homme » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2023, l’aspartame suscite des inquiétudes croissantes quant à ses effets sur la santé.

Un additif omniprésent dans notre quotidien
L’aspartame, reconnaissable sous le code E 951 sur les étiquettes, est utilisé depuis 1988 en France. On le retrouve dans plus de 6 000 produits, des sodas « zéro » comme le Coca-Cola Zero ou le Pepsi Max, aux yaourts allégés, en passant par les chewing-gums Mentos et même certains médicaments. Malgré son utilisation massive, les doutes sur sa sécurité persistent.
En juillet 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’OMS, a classé l’aspartame comme « peut-être cancérogène pour l’homme ». Cette décision a relancé le débat sur les risques liés à cet édulcorant, déjà pointé du doigt pour son rôle dans l’augmentation des risques de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et d’accouchements prématurés.
Une pétition pour faire bouger les institutions européennes
Face à ces risques, Foodwatch, la Ligue contre le cancer et Yuka ont décidé d’agir. Leur pétition, lancée dans onze pays (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Italie, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suisse), vise à « faire pression sur les institutions européennes afin d’interdire cet additif et demander aux États membres de l’Union européenne d’agir ».
« Il n’y a plus de temps à perdre. L’inaction des États et de l’Europe depuis un an et demi est insupportable. Un additif comportant autant de risques n’a pas sa place dans nos aliments ou boissons », déclare Camille Dorioz, directeur des campagnes de Foodwatch France.
Des études controversées et des conflits d’intérêts
L’une des principales préoccupations des associations concerne les études sur lesquelles s’appuie l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) pour justifier l’autorisation de l’aspartame. Selon un rapport de Foodwatch, près des trois quarts des études considérées comme fiables par l’EFSA ont été financées ou influencées par l’industrie agroalimentaire.
« Cela remet en cause la crédibilité de l’évaluation des risques et donc de l’approbation de l’aspartame », souligne le communiqué des trois organisations. Elles dénoncent également des conflits d’intérêts qui pourraient expliquer le maintien de cet additif sur le marché malgré les alertes scientifiques.
Un enjeu de santé publique majeur
Avec 40 % des Européens consommant régulièrement des produits contenant de l’aspartame, selon un sondage YouGov, l’enjeu est de taille. « Nous demandons à nos décideurs politiques de prendre leurs responsabilités et de l’interdire », insiste Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer.
Les associations espèrent recueillir au moins un million de signatures pour obliger les institutions européennes à se saisir du dossier. « On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas », ajoute-t-il, rappelant que l’OMS et de nombreuses études scientifiques ont déjà mis en lumière les risques liés à l’aspartame.
Des alternatives à explorer
Si l’aspartame venait à être interdit, les industriels devraient se tourner vers d’autres édulcorants ou revoir leurs recettes. Mais pour les associations, la priorité est avant tout de protéger la santé des consommateurs. « Le principe de précaution doit s’appliquer. Puisqu’il n’est pas prouvé aujourd’hui que l’aspartame est sûr pour la santé, il ne devrait plus être autorisé sur le marché européen », martèlent-elles.
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